Chapitre 3 - L'anniversaire

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Le lendemain matin, sa soeur est toujours aux abonnés absents. Les larmes menacent à nouveau de sortir : pourquoi n'est-elle pas rentrée pour son anniversaire ?

Décidée à ne pas se laisser plomber sa journée, la rouquine attrape un pot de glace et une cuillère et s'affale dans le canapé pour regarder la série de vieux Friends. Sa mère les a converties, Chloé et elle, un an plus tôt. De la légèreté et du plaisir c'est ce qu'il lui faut pour ses quinze ans.

À l'heure du déjeuner, la porte d'entrée tourne sur ses gonds.

— Maé ?

— Yes !

— C'est moi. T'as préparé le déjeuner ?

— Et puis quoi encore ? De toute façon, je sais même pas quelle heure il est.

Au même instant Chloé déboule dans le salon un gros sac kraft en main et un sourire radieux sur le visage :

— Il est presque treize. Je suis rentrée à l'heure on dirait, tiens je suis passée chez le japonais, dit-elle en lui faisant un clin d'oeil.

— Trop cool ! T'as pris des suhis et des Californias ?

— A ton avis ? Il faut au moins ça pour fêter tes quinze ans !

Chloé pose le sac, s'approche et enlace Maéline tendrement.

— Bon anniversaire soeurette !

La cadette éteint la télé et les deux soeurs s'installent sur la table du salon pour déjeuner tout en se racontant leurs dernières journées. Arrivées au dessert, Chloé sort un petit emballage :

— Tiens.

— Merci !

— Attends d'avoir ouvert, qui te dis que j'ai pas mis une grosse connerie dans ce paquet ? lance Chloé avec une expression moqueuse.

La cadette déballe à la hâte pour découvrir une boîte à bijou qu'elle ouvre aussi sec :

— Elles sont trop jolies ces créoles !

— Attends voir, laisse-moi te les mettre.

Maéline embrasse sa soeur puis lui tend la boîte. Le contact délicat des doigts familiers lui provoquent une vague de douceur qui hérisse ses poils des pieds à la tête. Par ce simple moment fraternel, l'adolescente sent l'appartement reprendre d'un coup quelques couleurs.

Dès que Chloé a fini d'accrocher la deuxième boucle d'oreille, Maéline se précipite devant le miroir :

— Ouaaahh ! J'adore ! Je les mets ce soir !

— De sortie ?

— Oui. Une fête chez Jennifer.

— J'ai été bien inspirée alors. Bon, on va s'occuper de maman.

Une ombre passe sur leur visage. Chloé ramasse le sac kraft et les deux soeurs se dirigent vers la chambre.

— Maman.

— Je suis réveillée, articule-t-elle au ralenti.

— Je vais tirer le rideau et aérer un peu, annonce Chloé. Maé, tu peux lui installer son déjeuner ?

La jeune fille vide le plateau sur la commode puis pose une boîte de sushis avec une fourchette.

— Merci, mon chaton. Quelle heure est-il ?

— Quatorze heures.

— Si tard ? On est quel jour ?

— Le quinze juin.

— Oohhh, mon chaton, bon anniversaire !

— Merci maman, répond poliment Maéline en dissimulant sous un masque de jovialité la peine qui lacère son coeur.

— Il va falloir acheter... un cadeau.

— Je m'en suis occupée, maman, intervient Chloé.

— Ooh, comme c'est gentil, murmure Brigitte avant de repousser le plateau, attraper par les adolescentes alors que leur mère s'allonge sur le côté. Je suis très fatiguée, je vais dormir un peu.

Elles quittent la pièce en prenant soin de laisser la fenêtre en oscillobattant et de récupérer les affaires sur la commode, puis Maléine jette un coup d'oeil à son téléphone. Pas de nouveau message. Papa...

Malgré la présence de son aînée, Maléine se sent de nouveau sous la menace du froid polaire. Les pâles couleurs qui avaient de nouveau peint le foyer ont été balayées par le coup de vent d'affliction. L'adolescente vascille.

— Ecoute, comme tu sors ce soir, je te propose une séance de manucure en ville et ensuite je m'occupe de te préparer pour la petite fête.

— Merci Chloé, souffle Maéline.

L'aînée attrape sa soeur et la sert fort alors que quelques larmes roulent sur l'épaule consolatrice.

— Allez, on y va ! lance Chloé en surjouant la gaieté, comme si cela pouvait leur permettre de la ressentir en leur for intérieur en cet instant.

Heureusement, l'atmosphère vivante du centre-ville de Rennes, leur permet d'oublier et de rester dans une bulle plus positive. Chez l'esthéticienne, Maéline choisit un vernis rosées avec des motifs floraux tandis que sa soeur opte pour un bleu électrique accordé à ses yeux.

Elles profitent d'être en ville pour prendre un bubble tea en terrasse avant de repartir pour une séance de maquillage à la maison. Maéline s'installe sur une chaise face à sa soeur qui lui pose un bandeau sur les cheveux afin de ne pas être gêner par des mèches rebelles.

— Tu me donnes quartier libre ? questionne Chloé tout en ouvrant le fard à paupière.

— Evidemment, tu maquilles mieux que moi de toute façon. Force pas trop, un truc joli mais assez discret.

— L'aînée est toujours la meilleure ! s'exclame Chloé en chatouillant sa soeur sur les flancs.

— On parle de ton... lissage foiré où... t'as failli... cramer tes cheveux ? articule Maéline entre deux éclats de rire.

— T'as marqué un point, capitule Chloé en ôtant ses mains de la taille de Maéline pour attraper la boîte de maquillage laissée ouverte.

Le contact du pinceau sur les yeux est une douce caresse qui berce la jeune fille. Lorsque sa soeur s'occupe du fond de teint puis du fard pour ses pommettes, Maéline souffle d'aise. Ce moment de soin et de complicité lui offre une détente bienfaitrice. Ses muscles se relâchent un à un. Une part d'elle aimerait que ce moment dure toujours. L'autre part attend avec excitation l'arrivée chez Jennifer avec l'espoir de séduire Mattéo.

— Si tu veux, je te prête ma robe verte qui s'attache dans le cou.

— T'es sérieuse ? D'habitude faut que je te supplie tellement t'as peur que j'abîme la moindre de tes affaires.

— Arrête ou je vais changer d'avis.

— Ok, ok, j'accepte !

Chloé sourit.

— Allez, dépêche tu vas finir par arriver en retard et moi aussi. Déborah m'attend pour une soirée films à l'eau de rose.

Les deux jeunes filles s'activent. Chloé aide sa cadette à nouer la robe dans son cou. Une fois attachée, Chloé applaudit.

— T'es trop canon !

Maéline rougit, s'approche du miroir.

Sa soeur a vraiment un don pour mettre en valeur les atouts d'une femme. Ses yeux verts semblent briller sous le maquillage bronze et ses lèvres rouge vif n'attendent plus que d'être embrasser. Les imperfections laissées par l'adolescence ont disparu sous un fond de teint discret et uniforme tandis que ses joues rosies lui font retrouver sa mine des bons jours, si rares aujourd'hui.

La robe met en valeur ses épaules et sa taille fine. Ses cuisses qu'elle trouve trop musclées sont cachées par le vêtement qui s'arrête au niveau du genou. Les créoles et une chaîne près du cou avec un petit pendentif en forme d'infini viennent réhausser le tout. Maéline s'est rarement sentie aussi jolie, parfait pour le jour de son anniversaire !

Ce soir, elle se sent belle, radieuse, légère.

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