Chapitre 4 - La rencontre
Chloé part peu de temps avant sa sœur, mais pour une fois, Maéline ne ressent pas le froid qui l'habite de coutume à chacun de ses départs. Au contraire, une douce chaleur la parcourt même si un nœud se forme dans le creux de son ventre : Mattéo sera-t-il présent ? Me trouvera-t-il joli ? Mais, au fait qu'est-ce que j'apporte ? De la bière ? Peut-être qu'ils ne prennent que des alcools forts. De la vodka ?Et s'ils n'ont pas de jus d'orange ?
La rouquine ouvre les tiroirs de la cuisine en quête d'inspiration. Ah ! Voilà : Des chips, ça passe toujours bien, les chips.
Les bras encombrés de trois gros paquets, l'adolescente quitte l'appartement à pieds. A sa grande surprise, Jennifer habite à moins de dix minutes de marche, autant profiter de l'air frais de la soirée après une journée d'été ensoleillée.
Durant le trajet, Maéline se creuse la tête à trouver des phrases d'accroche pour paraître cool aux yeux de celui qui anime son cœur. Cette préoccupation immédiate efface l'angoisse de l'avenir face à la léthargie de sa mère, la peur de ne plus exister dans la vie de son père, la terreur de voir sa sœur quitter définitivement le nid vide.
— T'as besoin d'aide ma jolie ?
Maéline tourne la tête pour tomber nez à nez avec un grand gaillard qui la colle d'un peu trop près. D'un coup, sa robe lui paraît bien trop courte et trop sexy.
— Non, merci.
— Pourtant, on dirait que ça va tomber par terre. Je peux t'aider, y'a pas de soucis.
L'adolescente se raidit, tout en maintenant une expression assurée autant que cela lui est possible.
— C'est gentil mais je n'ai pas besoin. Bonne soirée.
— Hey, tu...
— Je crois qu'elle a été claire, non ? Porter trois paquets de chips ne lui pose pas de problème. Tu viens, on va être en retard.
La jeune fille se retourne surprise. Un adolescent de grande taille, avec un nez fin sur lequel reposent des lunettes de travers soutient de son regard sombre l'expression de défi du grand gaillard.
Maéline se sent peu à son aise, les bras chargés manquant de faire glisser l'un des paquets, alors que les deux adolescents se toisent en silence. Doit elle faire quelque chose ? Ne serait-il pas temps de déguerpir en vitesse ? Un je-ne-sais-quoi dans l'expression du garçon à lunettes l'interpelle sans réussir à le définir exactement.
— Fallait le dire de suite mademoiselle que t'étais accompagnée.
Sur ce, le grand gaillard tourne les talons. Le jeune homme au nez fin se retourne, un sourire chaleureux sur le visage.
— On peut même pas sortir tranquille. Je vais à une fête un peu plus loin, tu veux que je t'accompagne avant ?
— Euh... Tu vas où ?
Maéline s'entend prononcer la question sans avoir eu le temps de réfléchir à ce qu'il convenait de faire ou de dire. Son cerveau a court-circuité.
— Rue de Dinan. Et toi ?
La mâchoire de la jeune fille manque se décrocher.
— Moi... Moi aussi.
Il doit me prendre pour une idiote à faire une tête pareille ! Faut que je me ressaisisse. Allez ma belle, demande-lui chez qui il se rend. On ne sait jamais... Il a de ces yeux verts ! J'ai envie d'y plonger et de m'y prélasser des heures !
— Me dis pas que tu vas à la soirée de Jenny ?
— Jennifer ? Si.
Le jeune homme part d'un rire grave tout en se grattant la nuque.
— Alors autant faire le trajet ensemble.
Pleinement rassurée, l'adolescente s'approche tout en le remerciant :
— Tu m'as enlevé une sacrée épine du pied tout à l'heure.
— Chevalier servant à mes heures perdues, pour vous servir, répond-il en faisant une révérence exagérée.
Le ventre de Maéline pétille. Elle rit de bon cœur et pour éviter de dévoiler ses grandes dents de devant, placent une main devant sa bouche. Se faisant, les paquets chutent sur le sol. Elle les avait complètement oubliés. Quelle idiote ! Que va-t-il penser ?
— Un peu trop lourd finalement, lance-t-il en lui faisant un clin d'œil alors qu'il se baisse pour ramasser les sachets. Tu t'appelles ?
Ouf, il ne me prend pas pour une cruche, ç’aurait été trop la honte ! J’aurai fait demi-tour en vitesse !
Tout en se redressant, il frôle le bras de la rouquine qui sent un frisson la parcourir jusqu'à sa nuque. Cette fois, son ventre explose d'une agréable tiédeur effervescente.
— Maéline.
Il pose sa main sur l'épaule de la jeune fille.
— Allez, on va être en retard. Moi, c'est Romain. C'est original et doux à l'oreille, Maéline.
L'adolescente n'a dieu que pour son sourire ravageur et ses yeux éblouissants tandis qu'elle se laisse guider jusqu'à la soirée qui s'annonce encore plus enivrante que prévue
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