Pendant plus d'une semaine, leurs agendas ne leur permettent pas de se retrouver, les amoureux compensent à grand renfort de sms. Dix jours plus tard, le vendredi soir, les deux adolescents se donnent rendez-vous au cinéma pour un bon film d'action, histoire de se vider la tête.

L'ambiance à la maison ne s'est en rien améliorée et malgré le vent d'allégresse porté par cette rencontre, Maéline porte toujours en elle ce vague à l'âme visqueux. Il n'y a qu'auprès de Romain que cette enveloppe poisseuse semble perdre consistance pour disparaître dans le néant. Comme elle aimerait multiplier ces moments ! Vivre de nouveau insouciante, être regarder et complimenter, se sentir aimer. Instants furtifs.

Arrivée sur place, la rouquine constate être arrivée la première.

Elle sautille d'un pied sur l'autre, nerveuse. Après cinq minutes de supplice, elle sort son smartphone au cas où Romain lui aurait laisser un message. La patience n'a jamais été son fort.

Désolé, un contretemps, j'ai un peu de retard. À toute, ma belle !

Maéline couine de déception. Ses doigts touchent l'écran du téléphone par réflexe, à chaque minute, afin de vérifier l'heure. Comme si cela pouvait accélerer le temps. Elle se met à marcher sur le parvis. Au bout de vingt minutes, son ongle se retrouve entre ses dents. Nouveau couinement.

Cinq minutes plus tard, une silhouette familière se dessine sur le parking, puis son sourire, radieux.

— Hey, désolé.

Elle se jette dans ses bras, hume son parfum avant de presser ses lèvres contre les siennes. Dans l'instant, la cape de mélancolie s'envole. Elle n'a plus à feindre d'être joyeuse. Un bien-être se diffuse peu à peu dans la moindre parcelle de son corps. Exaltation.

— On va rater les pubs, mais ça devrait le faire pour le début du film, le renseigne-t-elle.

Romain passe son bras autour des épaules de la jeune fille et tous deux pénètrent dans le cinéma pour s'installer aux premiers rangs. Le générique vient tout juste de démarrer. Il se faufile, le corps incliné jusqu'au milieu de la rangée. Une fois installés, Alex lui murmure à l'oreille :

— J'ai trop envie de goûter tes lèvres.

L'adolescente sourit, parcourue de frissons provoquées par les vibrations de sa voix.

Maéline approche sa bouche puis savoure chaque contact.

Vivante !

— Attends, faut qu'on regarde sinon on va rien comprendre.

Un contact doux et humide dans le cou. Elle s'offusque dans un murmure :

— Comment veux-tu que je fasse ?

Une série de baisers descend tout le long de sa nuque.

Frissons voluptueux.

— J'arrive pas à suivre. T'as compris pourquoi il s'est barré le gars ?

Cette fois les baisers remontent jusqu'à son menton, s'approchent de ses lèvres. Sa gorge tente de retenir au mieux l'exclamation de plaisir. Il se recule légèrement. Elle sent son souffle faire vibrer quelques mèches rousses. Il semble la contempler. L'impatience devient urgence. L'adolescente parcourt laes quelques centimètres qui la séparent de cette sensation de pur bonheur. Affalés dans les sièges, ils s'embrassent langoureusement. Lorsque la chaleur de ses lèvres devient ardente, Romain glisse une main sous le haut de son amante. Maéline se raidit légèrement en sentant les doigts remonter vers son soutien-gorge avant qu'ils ne prennent la direction de son dos. L'adolescent faufile sa main entre le dossier et le dos de Maéline pour la presser davantage contre lui.

Leurs langues se cherchent, se lèchent doucement puis avec plus d'envie. La rouquine a l'impression de n'avoir jamais rien goûter d'aussi bon. Les étreintes de son ex font bien pale figure.

Une sensation de picotement se diffuse par vagues dans son bas ventre. Maéline est à la fois apeurée et excitée par cette sensation. Elle...

— Vous avez pas fini les tourtereaux ? Regardez le film ou allez vous galocher ailleurs ! lance un homme deux rangs derrrière eux.

Romain s'apprête à l'embrasser à nouveau, mais Maéline le stoppe de la main. Il la regarde quelque peu surpris :

— Ça te dérange pas ? demande-t-elle en glissant ses doigts entre les siens.

Pour toute réponse, le jeune homme hausse les épaules.

Maéline relève la tête vers son visage. Elle pouffe.

— Ça te fait rire maintenant ?

— Non, c'est tes lunettes. VIens là, elles sont tout de travers.

Maéline dépose au passage un baiser sur les lèvres de Romain avant de finir de suivre sagement le film dont un bon tiers au moins fait déjà parti du passé.

La séance terminée, l'adolescent préfère rentré de son côté. Maéline en est chagrinée mais ne laisse rien paraître. Après tout, c'est pas parce que 'lon est en couple que l'on doit rester coller autant que possible. Elle ne va pas se pourrir ce moment magique pour un simple caprice de gamine voulant être raccompagné par son chevalier servant. Sa bonne humeur reprend vite le dessus et c'est le coeur léger qu'elle s'enretourne vers son foyer.

Sa joie reste à ses côtés jusqu'au moment du coucher où elle se repasse les moindres minutes savourées plus tôt dans la journée, un doigt caressant ses lèvres.