Chapitre 14 - Acceptation
Maéline passe plus d'une heure dans la salle de bain entre changement intempestif de tenue, maquillage à rectifier, cheveux à lisser et ongles à manucurer. Elle rougit en attrapant la lingerie fine. D'un coup, une vague de stress l'envahit.
Ne va t'il pas trouvé ça nul d'avoir les mêmes sous-vêtements ? Je devrais sûrement en changer. Mais je vais pas arriver avec une culotte en coton, c'est trop la honte ! Et j'ai rien d'autre à me mettre. Pas le choix, je remets celle-là et lundi je vais faire les boutiques. C'est important de se plaire et de se séduire. Je vais pas commencer des p'tites habitudes alors qu'on est ensemble depuis moins d'un mois !
Elle finit par enfiler la lingerie avant de mettre un jean slim puis de l'ôter. Elle retourne dans son armoire et en ressort avec en main, une jupe courte. Elle la fixe un moment avant de la remettre en place. Trop sexy, elle ne veut pas qu'il la prenne pour une fille aguicheuse. Elle jette son dévolu sur un pantalon de toile écru ample. Trop décontracté. Ce défilé d'habits et d'hésitations se poursuit encore un long moment avant qu'elle ne finisse par opter pour une robe bleu foncé qui lui descend jusqu'aux genoux et une veste en jean. Élégante mais raisonnable, exactement ce qu'il lui faut.
Toujours nerveuse mais quelque peu rassurée par la décision de renflouement de garde-robe dès le lundi suivant, Maéline sort enfin de chez elle et décide de se rendre à pied chez Romain histoire d'évacuer les tensions de la séance de mise en beauté.
Elle a tout juste appuyé sur le bouton que la porte s'ouvre sur le visage radieux de Romain. L'adolescent l'attrape par la taille pour l'approcher de lui et l'embrasser avant de la faire entrer.
— C'est trop bon de t'avoir contre moi ! Tu m'as manqué cette semaine. T'as changé de coiffure, t'es canon les cheveux lisses et les cheveux frisés ! s'enthousiasme l'adolescent en claquant la porte.
— Merci, t'es chou. La semaine m'a paru durer une éternité !
— C'est ok pour toi si on se mate le film et après on mange les pizzas ? J'ai commandé pour vingt heures trente et au pire on peut les laisser au chaud un peu dans le four.
— Comme tu préfères.
— Dans la salle télé ou dans ma chambre ?
Maéline a capté l'étincelle fugace apparue à la mention de la chambre. Tout ce qui lui importe c'est lui faire plaisir et profiter de ce moment ensemble.
— Dans ta chambre.
— Ok ma belle, conclut-il en la prenant par la main direction les escaliers.
Romain installe le Blue-Ray puis un tas de coussins contre le mur avant de s'avachir sur son lit et de tapoter à côté de lui. La rouquine vient se lover contre lui. Au contact du bras de Romain sur son épaule, Maéline oublie tout et se laisse porter par la tiédeur qui l'enveloppe. L'absence au sein du nid familial laisse place au goût suave du corps de Romain contre le sien.
Le jeune homme lance le film, Maéline redécouvre avec délectation cet amour si intense qui lie les deux protagonistes et ne peut s'empêcher de verser une larme dès le début de l'histoire alors que le héros perd la vie. La solitude de Molly est un miroir à l'âme esseulée de Maéline. L'appartement vide lui provoque un frisson glacé. Romain resserre aussitôt son bras autour de l'adolescente qui pose la tête sur son épaule.
Au moment où Molly sculpte l'argile, la main de Romain caresse les cheveux de Maéline avec douceur. Son corps frissonne, de plaisir cette fois. Il descend doucement le long de sa nuque puis glisse sous la robe pour caresser la naissance de ses seins. Le plateau circulaire poursuit sa rotation alors que l'adolescent forme de petits cercles concentriques vers le mamelon de la jeune fille.
— J'ai trop envie de t'embrasser, lui sussure t'il en mordillant le lobe de son oreille.
Elle tourne légèrement la tête et leurs lèvres se rejoignent. Les baisers allument rapidement le brasier de leurs sensations et du manque de l'autre. Romain place une jambe entre ses cuisses sans décoller sa bouche de la sienne. Maéline n'a plus froid. L'adolescente se sent belle, désirable, choyée.
La main de l'adolescent remonte le long de la cuisse de la rouquine puis glisse sous sa culotte. Il joue avec son antre sacré qui s'humidifie peu à peu. Maéline a soif de ses lèvres et de son corps contre le sien. Il lui mordille la lèvre inférieure.
— Je...
— Oui ?
— J'ai peur que tu dises non.
— Déjà faut demander, sinon je peux rien dire du tout, s'amuse t'elle.
— T'as aimé ce que je viens de faire ?
Maéline n'en sait rien, ce dont elle est sûre c'est que l'absence de ses lèvres ramène dans son sillage le vide abyssal. Celui qui la terrifie.
— T'as pas aimé ? s'inquiète t'il.
— Si... Si.
— Ben, j'aimerais que tu fasses pareil. Tu veux bien ?
Comment dire non à ce regard d'adoration, à cette envie puissante qui anime ses iris ?
— Ok.
Romain attrape la main de la jeune fille et la guide vers son entrejambe. Il fait glisser ses doigts dans le caleçon et caresse son pénis par dessus la main de la rouquine.
— Rahh la vache ! C'est trop bon !
Désirée. Il la veut elle, il l'a choisie. Ils sont uns.
Transportée par l'extase de Romain, Maéline accélère le rythme des caresses.
— Putain, t'es vraiment douée ! T'es magnifique, Maé !
Leurs lèvres se retrouvent, les langues s'invitent dans une danse au rythme des va-et-vients de la main de Maéline.
Un râle s'échappe de la gorge de Romain. Il active ses doigts sur la robe pour la faire valser au loin. Le reste de leurs habits suit dans la foulée. Romain attrape un préservatif avant de s'unir à son amante. Maéline est hypnotisé par ses yeux verts. Leurs jouissances fusionnent.
Puis de nouveau dans ses bras, collée contre le corps dénudé. Maéline est dans une bulle hors du temps. Ils essaient de raccrocher les wagons de l'histoire mais bientôt le désir impérieux s'impose. Romain joue habilement avec ses doigts pour faire monter le feu de sa partenaire. Maéline, surprise, pousse un petit cri. Elle se cambre alors que la bouche de Romain s'attarde sur sa poitrine. Ils s'unissent à nouveau. D'abord lentement. Puis vigoureusement.
Soudain, Romain marque une pause :
— Je peux venir sur toi, autrement ?
Aucune image ne se forme dans l'esprit de Maéline. Seul compte le désir pressant dans la voix de Romain. Elle hoche la tête.
— Attends, laisse-toi faire, lui suggère t'il.
Bientôt, la jeune fille se retrouve à quatre pattes.
— J'ai envie de toi comme je n'ai jamais désiré personne ! Je peux ?
Nouveau hochement de tête.
Plus rien ne compte que la présence de son amant.
Plus rien ne compte que l'absence du vide béant.
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