Chapitre 16 – SMS ?

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Lorsque Maéline se glisse sous les draps, l’écran du téléphone reste désespérément vide : aucun message de Romain. La jeune fille sent les morsures de l’amertume entailler sa peau. Elle se recroqueville, la gorge nouée. La liste des absences défile dans sa tête : son père, sa mère, sa sœur, son petit ami… Pourquoi quittent-ils tous sa vie les uns après les autres ? Ses ongles s’enfoncent imprimant leur marque sur la paume. Puis quelques coups pleuvent sur son crâne. Sa sœur essaie de survivre à cet effondrement, tout simplement. Romain est en pleine révision. Pourquoi tout dramatiser de la sorte ? Malgré la raison qui essaie d’amoindrir la douleur, les lacérations de sa peine la mutile toujours plus en profondeur. Les larmes coulent. Comme chaque jour. Maéline imagine le corps de Romain lové contre le sien. Sa respiration sur sa nuque. Ses doigts dans ses cheveux. Un sourire émerge, les pleurs redoublent d’intensité. C’est décidé : ce soir elle se laisse aller, et après la nuit, à nouveau, la joie l’embrassera. Épuisée et à la fois rassurée d’imaginer un lendemain plus ensoleillé, l’esseulée s’endort.

Une vibration.

Maéline ouvre un œil, le referme aussitôt sous l'agression de la lumière du jour. Les volets n’ont pas été fermés la veille. Sa main tâtonne à la recherche de son IPhone, l’hameçonne pour ramener la prise sous l’ombre bienfaitrice de la couette. Presque midi.

-Hey sis’, t’es levée ? On s’y met ? J’arrive pas à amorcer une série. Aide-moi à me motiver s’teeee plaîîîîttt !

Maéline sourit imaginant la moue implorante de son amie. Elle s’apprête à répondre, mais une nouvelle vibration affiche dans son sillon le nom de Romain.

-Salut ma belle, bien dormie ? Mes parents m’ont viré du lit à dix heures pour me forcer à travailler mon code. La plaie ! Tu me manques grave ! On se fait une visio pour me donner du courage ?

Son cœur est à l’image du ciel, le soleil brille avec intensité. Maéline se lève dans la foulée direction la salle de bain pour prendre sa douche. Elle profite de ce moment de détente avant de démêler avec impatience ses cheveux, elle veut déjà entendre et voir son petit ami. Puis une tenue décontracte pour sa journée à la maison avec un haut moulant pour être sexy malgré tout à la visio. Sans oublier de se maquiller, que penserait Romain sinon ? Elle hésite entre sms et appel. Pas longtemps. Après tout, s’il ne décroche pas, elle pensera au message à ce moment-là. Dès la première sonnerie le visage de Romain s’affiche, les lunettes de travers, les lèvres en premier plan faisant un baiser dans le vide.

— Ciao ma belle, ça va ?

— Oui, et toi ?

— Soûlé des révisions et hâte que mes parents se tirent à nouveau. Ils m’ont inscrit à la session de juillet, ça me gonfle ! T’as fait quoi ce matin ?

— J’ai dormi, pas de session code avant la fin de l’été, répond-elle en le narguant.

— Y’en a qui ont de la chance !

Intérieurement, la jeune fille sent une fêlure lézarder à l’image de son père claquant la porte. De la chance…

— Faut croire ! ajoute-elle d’un ton faussement enjoué.

— Tu m’aides à bosser ?

— Je vais devoir faire à manger.

— Allez, dis oui, s’te plaîîîît ! se lamente-il exagérément.

— Comment dire non devant une telle détresse ? s’amuse Maéline.

— T’es la meilleure !

— Paraît-il, lance-t-elle avec un clin d’œil.

— J’ai grave envie de voir ce que tu portes sous ton T-shirt ! Je suis sûr que ça m’aiderait à me détendre pour me recentrer sur mon taf.

Maéline se sent tirailler entre l’envie de faire plaisir à cette expression irrésistible et la raison qui lui intime de ne pas s’afficher sur les réseaux, même en privé. Elle commence à agripper son haut, soupire, puis répond, le visage soudain fermé :

— Je… Pas en visio.

— Désolé, je me suis laisser emporter par mes envies, t’as raison. Demain ou après-demain t’es libre ?

— Pas demain, mais mercredi oui.

— Super ! Je viens chez toi ?

— Je peux pas, répond Maéline en se raidissant à l’évocation mentale de la chambre close mortifère.

— Je vois avec mes parents alors et je te redis ça, finit par proposer Romain.

— J’attends ton sms ! J’y vais.

— Où ça ?

— Préparer le déjeuner, précise-t-elle en rigolant.

— J’ai une mémoire de poisson rouge.

— Je vois ça, ajoute-elle en lui envoyant une rafale de baisers de la main.

— À très vite, j’ai besoin de te voir !

Maéline raccroche avant de poser le téléphone sur sa poitrine, un large sourire aux lèvres. Elle inspire profondément, la douleur de la veille soudain devenue une ombre lointaine du passé. La joviale s’autorise quelques minutes pour profiter de cette sensation galvanisante avant de se lever pour aller voir sa mère.

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