— Je suis grosse et incapable de bouger. J’en peux plus d’être sur ce foutu canapé. gémissait Anouk au téléphone.

 À force d’entendre sa grande sœur se plaindre à l’autre bout du fil, muette, Sophie commençait à perdre patience.

— Je ne me sens plus femme. Je suis une grosse vache.

 C’en était trop, Sophie leva les yeux au ciel !

 L’année de ses trente ans, Anouk s’était mariée avec Fred, un beau gosse sérieux et travailleur. Ils s’étaient installés dans un appartement spacieux, et elle était tombée enceinte facilement. Ils avaient déjà tout : la poussette, le berceau, le cosi, les biberons, des bodies et des vêtements en pagaille. Sa grossesse arrivait presque à terme, le bébé était en bonne santé, et il ne lui restait plus qu’une vingtaine de jours à tenir avant d’être maman ! Franchement, de quoi elle se plaignait.

 Sophie était jalouse. Elle rêvait de fonder une famille, d’enfanter dans la douleur, mais ses tests de grossesses restaient fatalement négatifs. Sur les conseils de son médecin Clément, son compagnon avait fait un bilan de fertilité masculine. Il n’y avait rien à signaler : pas de malformation, son sperme était de très bonne qualité, et ses prises de sang n’avaient rien montré d’anormal.

 Il avait tout pour procréer. Le problème c’était elle.

 Depuis trois jours, Sophie vivait avec ce nouveau fardeau.

 La jeune femme ne voulait pas se confier à sa mère, à son père, ou à sa sœur. De la pitié, elle n’en voulait pas !

 Quelque chose clochait dans son corps.

 Anxieuse, en multipliant les coups de fils, elle avait réussi à obtenir rapidement un rendez-vous avec une gynécologue spécialisée dans l’infertilité.

 Dans deux semaines, le verdict allait tomber.