Semaine 31 : (29 avril au 5 mai 2019)
À quatre-vingts ans, même si elle vivait chichement, Josette était heureuse, et lorsque ses vieilles guibolles pouvaient encore la porter, elle en profitait pour se promener. Elle appréciait la balade autour du grand étang en sortie du village, il y avait de jolis canards, de belles fleurs, et de très grand arbres, mais avec les beaux jours, l’endroit était plus fréquenté.
Tôt le matin, des pêcheurs restaient plantés derrière leur canne dans l’espoir de sortir un poisson. En passant à côté, joyeuse, Josette lançait toujours un bonjour, mais les retours étaient rares.
Vers dix heures, des joggeurs couraient à toute vitesse. Certains, avec leur boomer ou leur téléphone imposaient leur musique, d’autres obnubilés par leur chrono manquaient de la faire tomber en doublant.
À midi des familles profitaient du cadre pour pique-niquer, et à treize heures, il y en avait qui partaient en abandonnant leurs déchets au bord de l’étang. Josette était vieille, elle avait du mal à se baisser, mais elle ne pouvait pas laisser des canettes, des paquets de chips à moitié vides et des emballages de fromage à proximité de chênes centenaires. Courageuse, elle ramassait régulièrement les détritus pour les mettre dans la poubelle à disposition, cinquante mètres plus loin.
En milieu d’après midi, quand le soleil tapait fort, des nanas s’allongeaient à moitié nues sur les berges pour bronzer.
Ce jour-là, Josette arriva au bord de l’étang à vingt-et-une heures. En croisant des adolescents désœuvrés, elle lança un bonsoir. Juchés sur les bancs, occupés à fumer et à cracher sur le sol, ils ne posèrent même pas un regard sur elle.
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