Semaine 33 : (13 au 19 mai 2019)

2 minutes de lecture

 Toute frêle face à ce géant, elle ne se démonta pas et le défia en restant immobile.

— Dégage ou je te cogne ! gronda-t-il

 Impassible, Josette ne bougea pas. Elle n’en démordait pas, ce type lui devait des excuses.

 Agacé, l’homme ferma son poing, esquissa un sourire, et brusquement, il frappa Josette au visage.

 Sous la violence du choc, elle s’effondra. Au sol, durant de longues secondes, malgré de multiples craquements, il continua à la tabasser.

 En regardant Josette se tordre de douleur, satisfait, l’homme mangea ses dernières chips, puis il jeta le paquet. D’un trait, il but le reste de sa bouteille et la balança dans l’étang.

 Après avoir rangé son enceinte portable dans son sac à dos, il sussura à l’oreille de sa victime :

— Tu aurais mieux fait de fermer ta grande gueule…

 Elle voulait lui répondre, mais elle crachait du sang. Le soleil déclinait, et clouée au sol, impuissante, Josette regardait son bourreau s’éloigner lentement.

 Il sifflotait un air joyeux, elle souffrait.

 En rampant, brisée, le souffle court, la vieille dame songea à Noémie, sa petite-fille.

 Le mois dernier, elle lui avait dit gentiment : « Mamie, tu sais, tu devrais t’acheter un téléphone portable, tu te balades beaucoup et un jour, si tu tombes, avec tu pourras nous appeler ».

 Des larmes coulèrent le long de ses joues. Malgré sa douleur, centimètre par centimètre, en grimaçant, Josette s’approcha du tronc d’arbre, et avant de sombrer dans l’inconscience, elle regarda le soleil se cacher à l’horizon.

 Le canard que l’homme avait frappé nagea jusqu’à la berge, puis en se dandinant, il fit quelques mètres entre les herbes, avant de se blottir contre le corps inerte de Josette.

 Sur les chemins bordant l’étang, les derniers promeneurs s’en allèrent.

 Le canard claqua du bec, d’autres palmipèdes l’imitèrent.

 Répétition, sonorité harmonieuse, air fascinant.

 Le rythme s’accéléra, les libellules, les grenouilles, les poissons s’agitèrent.

 D’un coup le concerto s’arrêta, au milieu de l’étang, la surface de l’eau ondula, et un homme aux muscles volumineux émergea. Complètement nu, ce dernier avança vers la rive en direction de Josette.

 Avec ses gros bras, il la souleva délicatement et murmura quelques mots.

 Durant un instant, la vieille dame entrouvrit ses yeux.

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