Titigue, c’était un petit chaton plein d’énergie. Du haut de ses trois ans, Louise l’avait baptisé ainsi, car avec ses poils roux et ses rayures brunes, il avait des allures de tigre.

 Elle aimait jouer avec son chat et riait aux éclats lorsqu’il courait pour attraper la balle.

 Lorsque la petite fille était à l’école, en passant par la chatière, Titigue partait à l’aventure. Il aimait se promener dans les hautes herbes, grimper aux arbres et sauter après les papillons. Avec leurs ailes colorées, ils étaient de formidables compagnons de jeux. À plusieurs reprises, grâce à sa rapidité et son adresse, il avait attrapé et tué des oiseaux. Après les avoir déposés sur le paillasson, à chaque fois, il s’était fait disputer par la maman de Louise.

 Aujourd’hui, il ramenait autre chose.

 En humant le sol, Titigue flaira une odeur alléchante. Excité, il slaloma rapidement entre des buissons, puis il distingua un caneton et ramassa son corps contre le sol. Caché au milieu des trèfles, des marguerites et des graminées, il était prêt à bondir sur sa proie.

 Le caneton regarda en direction de la berge et Titigue en profita pour attaquer.

 Bond puissant, vitesse impressionnante, effet de surprise.

 Quelques coups de pattes suffirent à étourdir le jeune canard. Fier de lui le chaton savoura sa victoire, et il joua avec le corps inerte du palmipède.

 En entendant des bruissements, Titigue se redressa, et vit deux canetons approcher. Poussé par son instinct de prédateur, les griffes sorties, il se jeta sur eux.

 Rapides, ils esquivèrent ses attaques et répliquèrent en le frappant avec leurs becs.

 En l’ouvrant, ils dévoilèrent des dents acérées. Surpris, Titigue recula et sentit une vive douleur à l’échine.

 En se retournant, il vit sa victime, debout. Son bec et ses dents étaient couverts de sang.

 Lorsque les trois canetons l’encerclèrent, le chaton comprit son erreur.

 Il ne reverrait pas Louise.

 Les coups becs fusèrent, les morsures se succédèrent, et anéanti, Titigue se laissa dévorer.