Chapitre 30 (2/2)

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Après avoir traversé une galerie composée de plusieurs demeures attenantes, le groupe déboucha dans un grand hall rectangulaire par l’un de ses côtés courts. Cinq colonnes sculptées, alignées sur chacune des longueurs, soutenaient un large plafond voûté aux arcs brisés. Au milieu, un bassin rectangulaire se trouvait au centre de la pièce. Dans chacun de ses quatre coins la statue d’une ondine, toutes représentées sous les traits d’une belle jeune femme nue et aux longs cheveux couronnés de fleurs d’eau, tenait une l’amphore dont s’écoulait une eau étrangement claire et qui finissait sa course dans le bassin dans lequel elles trempaient leurs pieds. L’eau de celui-ci était d’ailleurs tout aussi claire et invitait presque à ce que l’on s’y abreuve.

Cette vue, mêlée au délicat bruit de l’eau, offrait un calme particulièrement malaisant, ce qui ne contribua nullement à apaiser la tension de plus en plus prégnante au sein des hommes de Calderon. Petit à petit, elle finissait par transparaitre dans leur comportement. Ils regardaient dans toutes les directions, incertains de leur environnement, et leurs mains se crispaient davantage sur les torches et poignées de leur épée.

A leurs côtés, les cultistes apparaissaient plus détendus. Contrairement aux vassaux du seigneur anorien, qui avaient encore quelques doutes sur les raisons de leur venue, les cultistes, ici serviteurs de Zinnar, savaient précisément pourquoi ils étaient là. Nirnante, en tant que chef de cette petite assemblée, plutôt bien fournie en prenant en compte ceux avec lui et ceux à la surface, était encore plus au fait des détails de leur mission sacrée. Ils venaient pour le « prisonnier » et ce, même s’ils n’en connaissaient pas la véritable nature.

Zinnar avait en effet précieusement gardé les informations sur Liel et ne partageaient celles-ci que bien rarement. Seulement, s’étant fait éliminer par les ennemis de la Lumière, il y a de cela une douzaine d’année, et ne s’étant toujours pas régénéré, il n’avait pu indiquer à ses serviteurs l’importance de la « geôle » vers laquelle ils se dirigeaient. La seule chose dont Nirnante était sûr, c’est qu’ils devaient impérativement refermer les brèches, très importantes, de cette geôle et qu’ils devaient user de tous les moyens à leur disposition pour cela. S’assurer que la sentence que prononça leur maître, il y a de cela six siècles, continue d’être respectée, était leur priorité.

Pour augmenter leurs chances de réussite, ils s’étaient alliés avec un Immaculé, l’un des plus illustres serviteurs de la Lumière qui soit. Et si, par grand malheur, Valion ne parvenait pas à réemprisonner Liel, les humbles prêtres qu’ils étaient avaient l’ordre de sacrifier l’ensemble des vies de la Nouvelle-Essenie pour reforger le verrou. Un noble sacrifice pour assurer la sécurité du monde. Cela est, en somme, presque exactement ce que fit le Haut-Juge par le passé. Mais, pour Valion, la méthode lui importait peu, sa tâche à lui, très personnelle qui plus est, étant de s’assurer que personne ne puisse plus jamais atteindre Lielandr’ath.

A l’arrière du groupe, Nirnante, qui fermait la marche, entouré d’une partie des siens, surveillait attentivement les alentours. Tout était tel que décrit dans leurs anciens textes ; ces lieux portaient en eux une paix et un calme si plaisant qu’il se serait volontiers arrêté au bord de ce bassin pour méditer et prier. Mais pour autant, faire preuve de négligence dans de telles circonstances serait une grossière erreur qu’il ne s’abaisserait pas à commettre.

Arrivés au milieu de cette salle, à droite du bassin central, certains mages du groupe s’alarmèrent. L’un d’eux se rapprocha du bassin. La lueur de sa torche parvenait à peine à atteindre l’autre côté où ne se trouvait que l’obscurité.

— Il y a quelque chose d’étrange.

Autour, ceux qui n’avait pas encore dégainé leur arme s’empressèrent de le faire.

— Quoi exactement ? s’enquit un chevalier d’une trentaine d’années.

— Je ne sais p…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. En un instant, l’un des squelettes difformes qui rôdait dans cet étage, s’élança prestement de l’ombre en un bond. Il plongea ses dents anormalement longues et pointues dans le cou de l’homme et, d’un coup net de la mâchoire, sépara sa tête du reste de son corps. Son cadavre retomba sur le sol, à une cinquantaine de centimètres du bord. Un liquide rouge en jaillit et s’écoula à son tour dans le bassin, assombrissant la clarté qui y siégeait. Sa tête, elle, retomba lourdement aux pieds de la créature, qui s’intéressait déjà à ses prochaines victimes.

Face à cet ennemi, le groupe se sépara en deux, en en formant deux nouveaux plus petits. Celui à gauche de la créature, le plus fournit, s’éloigna vers l’arrière de la salle tandis que celui de droite, se réunit autour de Valion et Calderon, en direction de leur sortie.

De ce duo, Valion fut le premier à faire face à la créature. Il s’avança en dégainant sa lame, où, sur le plat de celle-ci, s’illuminèrent d’une légère lumière blanche de nombreuses inscriptions différant de celles habituellement utilisées par les humains. Les symboles, ou lettres, car, à part Valion, nul n’aurait su faire la différence, apparaissaient plus élégantes, plus fines et semblaient porter plus de pouvoir que les enchantements habituellement vus chez les humains. La magie qui imprégnait cette lame semblait elle-même plus ancienne et puissante que les autres.

Face à lui, et au centre de la pièce, l’être cauchemardesque s’était dressé sur ses deux jambes arrière et dominait aisément ses victimes actuelle de ses trois mètres de haut. Cet abyssal, du plus faible rang qui soit, n’était pas le premier que l’Immaculé affrontait. Le temps passant, il avait appris à faire face à ces créatures. Et malgré leur nature d’outre-monde, elles n’étaient pas insensibles à la peur.

Elle reprit ses appuis sur ses quatre membres et, de ses orbites vides, sembla observer avec attention le groupe mené par Valion et Calderon. La posture de cette créature évoquait grandement celle d’un animal mais sans toute la chair et le sang qui le constituait et avec malgré tous des traits résolument humanoïdes. Les restes de ce qui fut jadis une tunique pendaient encore autour de son torse et de ses épaules et se trouvaient désormais maculés en partie du sang de leur camarade. Non loin d’elle, les chevaliers anoriens ne savaient si leur lame aurait le moindre effet contre ses os. Tous comptaient beaucoup sur leurs mages pour neutraliser définitivement cette bête.

Calderon ordonna aux anoriens présents autour de lui de s’écarter. Le sous-fifre de Nirnante, également proche de lui, s’exécuta aussi. Trois des subordonnés du noble se tournèrent alors en direction du reste de la salle, de sorte à essayer de prévenir au mieux une potentielle future attaque. Seulement, ce n’est pas ici qu’elle frappa.

A peine les membres du groupe de Nirnante s’étaient-ils regroupés, dans l’espoir de mieux échapper à cet abyssal, qu’ils essuyèrent l’attaque d’une seconde créature, venue de leur dos, par la galerie qu’ils avaient tous empruntés pour rejoindre cette salle. Plus ancien et imposant que le premier, il tua un des cultistes aussi facilement que le premier abyssal. La créature rejeta son cadavre qui retomba quelques mètres plus loin comme une poupée désarticulée. La surprise mêlée à une certaine panique provoqua la dispersion de ce nouveau groupe à peine formé.

Deux chevaliers et trois cultistes se trouvaient désormais plus proches de l’autre longueur de la pièce et n’eurent guère le temps de se soucier du monstre car une troisième attaque les frappa, venant, elle, des nains morts-vivants. A l’aide d’un marteau, l’un d’eux fit ployer le genou à l’un des chevaliers avant de lui abattre sur le crâne.

Malgré l’évidente stupeur, et l’effroi du chevalier face à la perte de son camarade, ce groupe se ressaisit très vite. Ils s’éloignèrent de quelques pas de leurs adversaires pour mieux contre-attaquer. Ces derniers, par leur nature d’outre-tombe et l’aspect malgré tout fort décomposé de leur corps, n’étaient pas aussi vigoureux qu’eux, les vivants qu’ils affrontaient. Et Lielandr’ath ne se focalisait pas non plus sur leur contrôle. Bien que son désir de les voir passer l’arme à gauche soit réel, il savait pertinemment, qu’avec un tel groupe, il ne trouverait pas satisfaction. Il se contenterait donc de les gêner au maximum.

Le chevalier restant et les cultistes n’eurent finalement que peu de difficultés à se défaire des nains. Cet affrontement se termina presque aussi vite qu’il avait démarré, et en deux minutes, après plusieurs coups et quelques sortilèges bien placés, les trépassés s’écroulèrent tous au sol les uns après les autres.

A l’arrière, les mages, qu’ils fussent anoriens ou zélotes, et qu’ils rejoignirent, menaient l’affrontement face à l’abyssal sous les directives de Nirnante. L’objectif était de tenir la bête à distance le plus longtemps possible, jusqu’à ce que Valion intervienne.

Nirnante essayait tant bien que mal de « coordonner » ce groupe, certains anoriens se trouvant toujours quelque peu réticents à l’idée d’obéir directement à un serviteur d’un être jugé comme une divinité maléfique. Malgré tout, tous savaient lutter pour un but commun, leur survie.

Un premier mage tâcha de la tenir à distance à l’aide d’une gerbe de flammes qu’il tâcha de contrôler du mieux qu’il put, de sorte de ne pas mettre ses camarades inutilement en danger. Un second mage l’empêcha ensuite de s’en prendre à un autre membre du groupe en l’immobilisant à l’aide de chaînes d’ombre qui cédèrent vite sous la force de la créature et la présence trop rapprochée de vives sources de lumière. Malheureusement, elle parvint à porter un coup à l’un des cultistes à sa droite qui ne put l’éviter. Mais un troisième et dernier parvint cependant à la repousser de deux mètres avec une puissante onde de choc qui souffla, dans la mêlé, deux autres zélotes avec elle. Sur le dos, au sol, la créature poussa un hurlement strident avant de se relever, manifestant par son expression corporelle un étrange sentiment mêlé d’une forme d’impatience et d’agacement.

Dans le même temps, au centre de la pièce, l’être qu’était devenu Rolf ne se méfiait nullement de Valion et l’attaqua rapidement. Ses membres avant, élevés avec l’intention de le frapper de toute leur puissance, furent immédiatement arrêtés par les deux coups nets et successifs que l’homme réalisa avec son épée. Une pâle lueur blanche accompagnait dans les airs chaque mouvement de la lame. L’Immaculé esquiva le reste du corps de la créature qui se rattrapa comme elle le put et retomba malgré tout avec toute l’élégance digne d’un félin. Non loin, les anoriens et le cultiste prirent plusieurs pas de plus de distance, partageant leur attention entre ce qui se trouvait devant et derrière eux.

L’Abyssal repartit aussitôt à la charge s’élançant une énième fois sur sa cible principale. Cette fois-ci, Valion choisit l’offensive ; la contrant une nouvelle fois, il asséna deux larges coups qui traversèrent les os du torse et son crâne comme s’ils avaient traversé un spectre. Sur le corps de la créature, une fine ligne blanche luminescente s’étirait aux endroits meurtris.

La créature atterrit cette fois-ci avec bien moins de grâce, s’effondrant lourdement au sol et trouvant grand peine à se relever. Elle ne parvint à réaliser que trois petits pas avant de s’écrouler pour de bon sur le sol, pleinement immobile. Les lignes blanches sur son corps disparurent alors.

Cette créature neutralisée, Valion dirigea, dans la foulée, un sortilège, lui aussi constitué d’une lumière blanche et pure, qui frappa le second abyssal de plein fouet avant qu’il ne puisse s’en prendre de nouveau à quelqu’un. Le contrôle de Liel ainsi perturbé, et après avoir vu l’autre abyssal s’écrouler, la créature prit soudainement peur et fuit en poussant un nouveau hurlement sinistre.

Quelques instants plus tard, une fois l’adrénaline retombée, le corps de la première créature se fissura comme de la porcelaine avant de se désagréger lentement, laissant derrière elle des restes de vêtements très abimés et une médaille elle-aussi très détériorée. Rengainant sa lame, Valion y reconnut l’insigne du Valshtrarn et comprit qu’il s’agissait d’un de ceux qu’il avait jadis engagé aux côtés de Kaerolyn. Cette disparition le laissait cependant complètement indifférent contrairement aux individus qui se trouvaient non loin de lui.

Deux anoriens et un cultiste perdirent la vie tandis qu’un second se trouvait gravement blessé. L’abyssal lui avait ouvert l’abdomen sur dix centimètres à grand coup de griffes. Aucun sort de guérison à la connaissance de ceux présents ici ne le sauverait. Le personnage en question retira sa capuche ; il s’agissait d’une femme proche de la quarantaine. Allongée au sol et encore lucide, elle retira une dague d’un fourreau à sa droite qu’elle approcha ensuite de sa gorge.

— Pour la Lumière.

D’un geste net, elle se la trancha. Ce qui lui restait de vie la quitta bien vite.

Autour, le reste des « prêtres » de l’Archonte Zinnar ramassèrent les corps de leur camarade qu’ils allongèrent sur le sol avant de placer leurs mains l’une sur l’autre au niveau de leur cœur. Sous celles du premier cultiste tué, Nirnante déposa le petit portrait d’une jeune enfant de quatre ans.

— Allez en paix rejoindre notre maître. Nous continuerons de veiller sur vos familles.

Un court silence s’en suivit pendant lequel les anoriens, accompagnés de leur seigneur, et s’occupant comme ils le pouvaient de leurs morts, observèrent ces deux scènes d’un air macabrement curieux. Pour des raisons qu’ils ne parvenaient pas à décrire, cela les stupéfiait.

Dans leur groupe, les visages de la plupart montraient de plus en plus la peur qui les animaient. Mais qu’étaient donc ces créatures ? Elles n’avaient rien à voir avec les monstres habituels qui parcouraient parfois leur domaine. Était-ce réellement à cela que ressemblaient les monstres de ces très vieilles légendes ? Quelles autres horreurs les attendaient donc plus bas ? Comment la sœur de leur seigneur avait-elle pu tolérer de telles noirceurs ? Et… Ils avaient été prévenus longtemps à l’avance des étrangetés auxquelles ils pourraient avoir à faire mais entre imaginer et expérimenter en vrai, il y avait tout un monde.

L’esprit de Valion, lui, était ailleurs. Tandis qu’autour, tous essayaient de remettre de l’ordre dans leur pensée et de constater les terribles dégâts, l’Immaculé se trouvait certain que Lielandr’ath était derrière cette agression. Et il n’eut pas à attendre longtemps pour voir ses soupçons être confirmés, le silence se trouvant bien vite troublé par un rire sombre et particulièrement glacial.

De l’autre côté de la salle, à l’opposé de leur point d’entrée, Lielandr’ath émergea lentement des ombres tout en applaudissant. Les quelques armes à peine rengainées furent de nouveaux sorties et pointées en direction de ce qui apparaissait comme une nouvelle menace.

— Qu’est-ce que…

— Quel genre de créature est-ce ?

L’archonte s’arrêta avant d’être entièrement visible du groupe qui ne percevait, de là où il se trouvait, que la présence d’une sombre silhouette humanoïde.

— S’agit-il de l’être dont il était question plus tôt ? demanda alors Calderon, repensant aux avertissements de son partenaire lors de leur entrée dans les profondeurs d’Agrisa.

Mais l’attention de Valion étant pleinement focalisée sur Liel, c’est Nirnante qui lui répondit.

— Oui, il s’agit bien de l’être responsable de la mort de votre sœur.

L’anorien ne lui répondit pas et se contenta de resserrer les mains autour de la poignée de son épée.

Estimant avoir fait durer le suspense suffisamment longtemps, Lielandr’ath sortit enfin des ombres et s’approcha assez pour que les lumières des torches permettent à ses nouveaux amis de distinguer un peu mieux ses traits. Seulement, avec sa nyctalopie naturelle, Valion les avait observés bien plus tôt et bien plus en détails. Liel se montrait ici sous sa véritable apparence, celle avec laquelle il était toujours apparut à Garance. Cette vision laissa le prêtre blanc horriblement confus.

En réalité, Valion ne connaissait pas le véritable prénom de l’être face à lui, seulement son surnom, « le Sombre Père ». Et toutes les représentations de son peuple à son sujet l’avaient toujours montré sous les traits d’un immense chevalier squelettique en armure et habits sombres, sans cesse accompagné de flammes noires et violettes. Le voir ainsi, dans une apparence en tout point identique à celle de son peuple, à l’exception de la couleur des iris, était juste inconcevable. Perturbé comme jamais auparavant, il en perdit ses mots ; phénomène que Calderon n’avait encore jamais observé.

Lielandr’ath, lui, se délectait de la situation.

— Je n’ai pas été déçu. Quelle magnifique performance !

A l’expression de son visage, il comprit vite qu’il avait en réalité face à lui un jeune Immaculé. Et dire qu’il était venu ici seul, sans le moindre de ses aînés. La Teath Anliriath était-elle seulement au courant ? Liel sourit à cette pensée. Un tel orgueil ne pourra que causer sa perte.

Il s’adressa ensuite spécifiquement à Valion dans sa langue natale, se moquant bien que le reste du groupe comprenne ou non le cœur de ses mots.

— Pourquoi une telle expression ? Aurais-je trahi tes attentes ?

Retrouvant sa contenance, Valion se trouva malgré tout moins surpris du fait que l’archonte puisse s’exprimer ainsi. Mais le simple fait d’entendre sa voix suffisait à le faire bouillir à l’intérieur.

— Tes viles illusions ne m’auront pas. Je ne te crains point.

— Vraiment ?

Son expression s’assombrit. Un fin sourire en coin ornait malgré tout toujours ses lèvres.

Derrière l’Immaculé, Calderon se trouvait légèrement surpris par cette langue étrange qu’il n’avait encore jamais entendue même si, pour lui, la sonorité ressemblait grandement à celle des mots que les mages de l’Alen employaient parfois dans le cadre de leurs propres sorts et incantations. Mais tout comme lui, personne n’osa s’immiscer dans cette conversation. Même s’ils ne comprenaient pas le sens des mots et phrases employés, ils « entendaient » toute l’acidité avec laquelle avait répondu Valion et cela suffit à les garder silencieux en cet instant.

— Il faut être idiot ou inconscient pour n’avoir peur de rien. La peur… C’est justement cela qui vous garde en vie, mortels.

Liel appuya sur l’emploi de ce dernier mot. Et la réaction dans l’expression faciale de Valion fut telle qu’il se satisfît une nouvelle fois de voir que les Immaculés n’avaient pas changé depuis ses six siècles d’emprisonnement.

— Viens donc me chercher, petite chose mortelle, finit-il sinistrement, tout en insistant à nouveau sur le même mot.

Reculant lentement, il disparut dans les ténèbres, sans un rire ou parole supplémentaire.

Face à ses moqueries et provocations, la réaction de Valion, violente, ne se fit pas attendre. Hurlant aux ombres alentours, il perdit cet instant véritablement son calme.

— S’il faut que je fasse s’écrouler ces ruines et la cité au-dessus pour que plus jamais personne ne t’atteigne, je le ferais, sans hésitation ! Et tu ne pourras rien faire pour tes précieux mortels ! Absolument rien !


*****


Lielandr’ath continua d’observer, quelques minutes de plus, le groupe qu’il venait de quitter. Autour de Valion, un certain trouble parmi les chevaliers et mages de l’Anora s’était formé. Des incertitudes jaillissaient de plus en plus dans les esprits et certains, malgré leur loyauté indéfectible, commençaient à douter de leur présence ici-bas.

Les derniers mots de l’Immaculé lui revinrent cependant bien vite en tête. Faire s’écrouler la cité ? Lorsqu’il prononça ces mots, Liel avait pu sentir toute la sincérité qui les accompagnait.

Son sourire s’effaça. La Mortis devait se dépêcher. D’ailleurs, où en était-elle de son trajet ?

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