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Je suis réveillé par un doux caressement sur ma joue.

— Désolé de te faire revenir de ton paradis, mais nous sommes là !

C’est, bien sûr, Doron. Il me dit que je souriais dans mon sommeil. Le temps de reprendre mes esprits et je vois nos autres amis autour de moi. Quel plaisir de les retrouver ! C’est vrai qu’ils ne sont plus n’importe qui pour moi. Nous nous retrouvons dans notre bungalow préféré. Comme d’habitude, nous ignorons les gestes barrières pour nous embrasser et nous étreindre. De toute façon, nous avons tous été contaminés et, normalement, nous sommes protégés. Au moins, nous pensons que nous ne développerons pas une forme grave. Nous savons que cela relève de la croyance, mais pour une fois, cela fait du bien !

Bien que nous ayons encore quelques heures avant le souper, nous préférons bavarder et partager plutôt que nous amuser. L’amitié est devenue plus forte que la sexualité. Il n’y a pas que moi qui aie évolué !

C’est lors de l’apéritif que nous apprenons la mauvaise et la bonne nouvelle. Thomas et Charlotte ne viendront plus participer à nos jeux. Il n’est pas question de rompre les liens, mais simplement, cela devient impossible, car Charlotte est enceinte. Cela explique son jus de fruits et son visage plus rond. J’avais remarqué un changement, sans pouvoir le discerner précisément.

Leur joie ne peut être que partagée, surtout quand ils nous expliquent les difficultés pour aboutir à ce résultat. Ils allaient se lancer dans le processus médical quand le miracle s’est produit. Quand ils nous annoncent la naissance, prévue fin mai, nous nous regardons avec Doron. Apparemment, nous sommes les seuls à avoir quelques notions en biologie et sur la durée d’une maternité !

À la fin du repas, Doron me prendra en aparté. Lors de notre dernière joute à six, il me dit qu’il avait eu plusieurs rapports non protégés avec Charlotte. Je lui dis que j’avais agi de même. La certitude de ne pas porter de maladie, le feu de l’action avaient concouru à cet état. Nous savions aussi, l’un et l’autre, que Charlotte nous avait encouragés à ne pas nous couvrir. Je conclus en disant à Doron que si le bébé naissait circoncis, cela prouverait que l’un de nous était le père. S’il avait un petit prépuce ou un clitoris, cela voudrait dire que c’est bien Thomas le père. Il s’inclina devant la rigueur de mon raisonnement.

Après le repas, au lieu de nous lancer dans nos ébats sans limites, nous continuons de parler. Bien sûr, machinalement, nous sommes dans notre appareil le plus simple. Je regarde avec amusement ce ventre qui commence à s'arrondir.

Thomas vient prendre Doron par la main. Je suis allongé entre Charlotte et Manon, elle-même côtoyée par Roxane. Entre filles, nous regardons nos deux mâles s'ébattre. J'ai mis « entre filles », car c'est exactement cela. C'est une expérience que j’adore : me couler dans une personnalité féminine, réagir comme une fille. Il faut accepter de perdre tous ses attributs masculins, se vivre comme une femme. C'est fabuleux. Surtout accompagnée comme je le suis !

J'ai été un peu jaloux qu'il choisisse Doron. D’un autre côté, cela me va bien. L’image de mon dieu blond vient de passer et un manque me tord le ventre. Maintenant, nous regardons nos beaux étalons. C'est la première fois que je vois Doron faire l'amour. Quand on jouait à trois, j'étais partie prenante. Là, je suis simple spectateur. Je comprends pourquoi ce mec me fait fondre. J'aime la courbe de ses reins et de ses fesses, j'aime son torse, sa tête. Thomas est incontestablement plus beau, mais celui que je préfère, c'est mon homme. La grâce de ses gestes, la bienveillance, la générosité, c'est lui. Plus…

Leur danse est lente, douce. Ce sont des caresses électriques dont nous ressentons les décharges. Nous commentons chacun de leurs gestes, de leurs baisers. Puis nous parlons d'autres choses, sans vraiment les quitter des yeux. Deux mains virevoltent sur mon bas ventre. Un doigt a suivi ma balafre, ravivant la cuisson de la lanière, sans commentaire. Je suis bien dans cette douceur. Cela devient chaud en face et j'entends une voix susurrer :

— Tu es avec eux ou avec nous ?

Je me rends compte que je suis dur, entrainé dans leur action. Nous rions toutes ensemble. Puis nous faisons silence. Doron vient de pénétrer Thomas et nous ressentons son soulagement, sa soumission et la lente montée du plaisir. Les mains ne bougent plus sur mon corps. Nous sommes six dans cette progression de l'extase.

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