Chapitre 4 : La langue vivante

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Après trente minutes, le train s’ébroua et commença à ralentir. Au fur et à mesure que le temps était passé, Zayn s’était senti de plus en plus fébrile, une excitation impossibles à calmer s’était emparée de lui. Il attendait avec hâte le moment où le train allait enfin arriver à destination. Il était habillé et coiffé correctement, mais il ne pouvait calmer son angoisse. Il passait ses mains dans les cheveux toutes les minutes pour bien s’assurer qu’ils avaient la forme qu’il aimait le plus : des cheveux légèrement rejetés en arrières.

Enfin le train s’arrêta, Zayn bondit aussitôt de son siège et tourna la tête vers Mathias. Celui-ci le regarda et éclata de rire : il s’était levé tellement rapidement qu’il donnait l’air d’un enfant surexcité à l’idée de visiter un parc d’attraction. Mathias plia soigneusement sa lecture et claqua des doigts, elle disparut. Il se leva, tira sur son tweed et annonça :

  • Allons-y !

Zayn le suivit avec entrain jusqu’à la porte de leur wagon et en sortit. Le quai devant lequel s’était arrêté le train était une copie exacte des stations de métro parisiennes avec le même carrelage bleu et blanc. La station à laquelle ils s’étaient arrêtés s’appelait « Paris Magique I ». Une foule de personnes attendaient leurs trains tout autour de Zayn. Celui-ci leva les yeux et vit pleins de destinations qui apparaissent sur un énorme écriteau de deux mètres sur trois qui flottait dans les airs, l’écriteau était encadré dans du fer forgé couleur rouge vif. Zayn pouvait y voir le nom de pleins de villes européennes connues mais aussi des noms qu’il n’avait jamais lu auparavant et qui devait sûrement appartenir à des petits villages où y vivaient exclusivement les doués.

Mathias avança vers la porte de sortie de la station et ils la franchirent tous les deux. Une fois arrivé à l’intérieur de ce qui devait être le hall d’entrée de la gare, Zayn ne put retenir une exclamation aigue. La gare était d’une propreté anormale, le sol en marbre brillait et le plafond tout entier était décoré d’arabesques gravées dans de la pierre, celles-ci scintillaient d’une lueur qui était sûrement magique. Mais ce qu’il l’étonna le plus c’était les fenêtres qui donnaient sur une avenue ensoleillée. Il faisait jour plusieurs kilomètres sous terre, et ça peu importe comment il pouvait retourner de tous les côtés la question, il n’avait toujours aucune explication à ce phénomène.

Zayn continua de suivre Mathias vers le sortie de la gare tout en tournant la tête de droite à gauche. La gare comportait plusieurs guichets sur la droite et plusieurs personnes faisaient la queue pour acheter un billet alors que sur la gauche, il devait y’avoir une centaine de canapé luxueux pour trois avec des tables basses en bois massif. Les canapés étaient disposés en face d’un énorme écriteau qui flottait dans l’air et affichait tous les départs de la journée. Les lettres et chiffres s’animaient tout seuls pour mettre à jour les horaires d’arrivées et de départs. Zayn distingua aussi, au fond, une sorte de kiosque qui vendait des journaux ainsi que pleins de produits étranges. Certains étaient à manger et d’autres ne semblaient avoir aucune utilité mais disposaient d’emballages neufs et soignés laissant deviner qu’ils coutaient très chères.

Mathias sortie de la gare et descendit le long d’un large escalier de marbre blanc pour enfin s’arrêter sur un trottoir aux pavés parfaitement bien disposés et dont la bordure en pierre bleu marine s’étalait jusqu’au bout de l’avenue. La route à double sens était entièrement pavée comme le trottoir, plusieurs calèches sans montures et de tailles différentes y évoluaient. Certaines des calèches étaient du même bleu marine que les bordures des trottoirs et comportaient le mot « taxi » en lettres blanches sur leurs portes. Zayn leva les yeux et se rendit compte avec plaisir que tous les immeubles étaient de style Haussmannien mais avec seulement trois étages dont le dernier comportait les fameux balcons en fer forgé noir typique de ce style architecturale. Zayn leva les yeux vers le ciel dénué de nuages et ne put se résoudre à accepter le fait qu’il faisait jour sous terre. Plus bizarre, il y’avait des courants d’airs rafraîchissant qui traversaient les avenues de Paris Magique.

  • Bienvenue à Paris Magique Zayn, dit Mathis en souriant à pleine dent. Nous sommes sur l’avenue la plus fréquentée de la ville, l’avenue des cannes.

Zayn resta silencieux, continua de regarder à droite et à gauche et se rendait maintenant compte qu’il y’avait une multitudes de magasins le long de l’avenue ainsi que des cafés avec des terrasses qui n’avaient rien à envier à celles de Paris.

  • C’est très beau, dit Zayn avec une petite voix. Il était visiblement impressionné et prit du temps avant de formuler sa question. Comment se fait-il qu’il fasse jour sous terre ?
  • Ah ça, répondit Mathias d’une voix nonchalante. C’est parce que l’atmosphère de l’énorme cavité dans laquelle est construire Paris Magique est enchantée. Tu remarqueras bien que je n’ai pas dit « magique », mais « enchanté », c’est le plus haut degré du don. Il a fallu des centaines d’enchanteur pour le créer. Quand il pleut ici, c’est de la vraie pluie qui descend, et les courants d’airs sont eux aussi réels. C’est de l’enchantement de haut rang, conclut-il fièrement. Bien sûr la météo suit le rythme des saisons.

Zayn acquiesça et continua à scruter les moindres recoins de l’avenue. Sans s’empêcher de lever les yeux régulièrement vers le ciel, comme pour se convaincre qu’il ne rêvait pas.

  • Nous allons prendre un taxi pour aller à notre destination, je dois rendre visite à une vieille connaissance et lui transmettre un message important. Après on pourra visiter si tu le souhaites.

Zayn lui répondit qu’il était d’accord tandis que Mathias scrutait les différentes calèches à la recherche d’une de vide. Pour l’instant, tous les taxis qui passaient devant eux avaient à bord au moins un passager. En terme de vitesse, les taxis magiques semblaient rouler à la même vitesse qu’une voiture, parfois même, un peu plus rapidement. Zayn avait remarqué qu’il y avait également des feux de signalisation mais qu’à la différence de Paris, la circulation était très fluide. Zayn détourna les yeux un instant des taxis pour voir des hommes en armure équipés de marteaux et de lances patrouillant l’avenue. Ils avaient un visage impassible et féroce mais lorsqu’un passant les questionnait ils adoptaient aussitôt un ton respectueux et cordial.

Mathias sifflotait joyeusement pendant plusieurs minutes tout en guettant un taxi vide. Après un temps, il finit par en repérer un et leva sa canne vers le ciel tout en l’agitant. La calèche changea de trajectoire puis s’arrêta devant eux, ils s’y engouffrèrent. L’intérieur était fait de confortables banquettes en cuir qui se faisaient faces, séparées au milieu par une planche de bois qui ressemblait aux supports rétractibles que l’on trouvait dans les trains et les avions sauf que celle-ci flottait dans les airs. Une lecture vierge y était déposées à l’attention des clients, et il y’avait également un bol en bois avec des arabesques gravées sur la face extérieure.

  • Bonjour messieurs, fit une voix inconnue en faisant sursauter Zayn. Où souhaiteriez-vous aller ?
  • Bonjour, quartier des marteaux mous, rue de l’acrobate, au numéro 4.
  • Très bien, fit la voix, le trajet durera approximativement 17 minutes et vous coûtera 15 centières. Veuillez noter, fit la voie masculine, que la lecture à votre disposition est gratuite.
  • Merci, répondit Mathias en déposant des pièces dans le bol où ils disparurent après dix secondes.

Zayn avait les joues écarlates, il avait dû passer pour une petite nature après avoir sursauté comme ça en entendant la voix magique à l’intérieur de la calèche. Mathias détourna les yeux avec tact vers l’avenue en faisant mine de s’intéresser aux passant afin de laisser le temps à Zayn de reprendre ses esprits.

Après un temps Mathias lui dit :

  • Il faudra qu’on passe par une balise bancaire dès que possible pour que tu puisses y déposer de l’argent de ton compte. Il faudra que tu achètes des habits pour l’hiver, il fait très froid à Barbelle. En réponse au regard interrogateur de Zayn il ajouta : j’ai l’argent de ta bourse d’étude avec moi.

Zayn n’avait aucune idée de ce qu’était à une balise bancaire, il posa la question.

  • C’est une sorte de kiosque en plein air tenu par une banque et qui permet aux gens de retirer leur argent et d’effectuer des transactions comme par exemple envoyer certains objets de valeurs dans leurs coffres, ou repayer des dettes envers la banque elle-même ou à une connaissance. On peut même y négocier un crédit. C’est très pratique, je crois que chez vous, vous avez des distributeurs, non ?
  • Oui, fit Zayn, mais on ne peut ni y déposer des objets de valeurs ni négocier un crédit.

Zayn trouvait le concept très pratique.

  • Il y’a au moins une balise bancaire par quartier et par banque à Paris magique.
  • Quelles sont les banques qui existent dans votre… euh, dans notre monde ? se reprit Zayn.
  • La plus connue est la Banque Centrale, présente dans toutes les grandes villes magique de notre monde, il y’a aussi la Banque des Elfes et la Banque des Nains. Les elfes sont réputés pour avoir les coffres forts les mieux sécurisés du monde et celle des nains est connue pour l’achat et la vente de minerais et de pierres précieuse. Je te conseille d’ouvrir ton compte à la Banque Centrale, car les frais de tenue de compte chez les elfes sont très chers.

Zayn eut une légère angoisse à l’idée d’ouvrir un compte en banque sur Terre Magique tout seul :

  • Est-ce que c’est compliqué d’ouvrir un compte ici ?
  • Non, c’est très simple. Je serais avec toi et d’ailleurs, dit-il d’un ton rassurant… il fouilla dans sa poche et en retira une sorte de carte plastifiée avec sa propre photo dessus.
  • Qu’est-ce que c’est ? fit Zayn les yeux tout ronds.
  • Ta carte d’identité, ne la perds jamais. Si tu te fais contrôler sans l’avoir sur toi tu risques une lourde amende. On te la demandera souvent sur Terre Magique, ne serait-ce que pour louer une chambre dans une auberge.
  • Comment se fait-il que vous avez la mienne ? fit Zayn en contemplant sa propre photo animée sur la carte. Il semblait que son portrait n’aimait pas être fixé, il lançait des regards noirs, « c’est vrai, pensa Zayn, je n’aime pas être fixé ».

En plus de sa photo, son adresse du pont geignant y figurait, ainsi que sa date de naissance qui était la date à laquelle il avait été acceuillit à l’orphelinat. Plus surprenant encore, au dos de la carte il y’avait un code et une mention « Statut : à déterminer ».

  • Que veut-dire le statut « à déterminer » ? dit Zayn en prenant la carte qui était étonnamment froide et semblait être… mouillée.

Zayn encore surprit du contact avec la carte, l’inspecta de plus près et se rendit compte que ce qu’il avait pris pour une protection plastifié était en fait un liquide qui recouvrait la carte de couleurs bleue et blanc.

  • C’est un liquide éternel, une fois qu’une feuille, un parchemin ou n’importe quelle support de la sorte y est trempé, l’objet en question se retrouve protégé des déchirures, du feu et de l’usure du temps. C’est une potion très difficile à faire, le gouvernement y a recours en masse pour tous les écrits importants comme les lois, les documents financiers et les archives criminelles. Les banques aussi en font usage. Et tu verras qu’à Barbelle on l’utilise aussi dans certaines circonstances.

Zayn était bouche bée, il ne pouvait le nier que le don était quelque chose de vraiment très beau. Plus il en apprenait, plus il avait envie d’en savoir plus.

  • Et pour ce qui est de ta carte identité, une fois que tu as accepté de devenir élève de Barbelle, j’ai alors eu l’autorisation de faire certaines choses comme par exemple la récupérer ou de réserver à ton nom une chambre au XXIème pour ce soir.
  • Vous parlez bien du XXIème arrondissement, celui qui est caché en plein Paris à l’air libre ?
  • Oui, Paris Magique III, et pour le statut à déterminer, il s’agit de ta caste. Quand tu commenceras les cours spécialisés pour paladins, ta carte affichera une nouvelle mention ! répondit Mathias avec un grand sourire.

La calèche commença à ralentir et finit par se garer devant l’immeuble indiqué par Mathias.

  • Quartiers des marteaux mous, 4 rue de l’acrobate, fit la voix. Bonne journée à vous.
  • Il est temps d’y aller, dit Mathias à Zayn.

Ils sortirent du taxi et se placèrent devant l’immeuble. La rue était vide si ce n’est quelques calèches qui étaient stationnées tout le long. Mathias s’approcha de la porte de l’immeuble et s’adressa à une plaque en fer clouée sur l’un des murs de l’entrée.

  • Mathias De Fontenais accompagné de Zayn Mistrot vient voir Madame Longues-Jambes.

Zayn et Matias patientèrent trente secondes puis une bouche se forma en se décollant légèrement de la plaque et annonça d’un ton jovial :

  • Vous pouvez monter !

Zayn et Mathias s’engouffrèrent à l’intérieur dès que la porte s’ouvrit. Le hall d’entrée était une longue pièce avec un tapis mais qui bizarrement ne comportait aucune boîte aux lettres. Ils avancèrent vers ce qui ressemblait à un ascenseur en bois sans aucun bouton. Mathias annonça l’étage numéro quatre et aussiôt la machine s’ébroua et les fit monter vers leur destination. Mathias tape trois fois à la porte 7 et attendit. Après quelques minutes, une femme d’âge moyen leur ouvrit la porte en s’exclament :

  • Mathias, enfin ! J’ai commencé par croire que tu étais fâché contre moi.
  • Mais non Baldine, j’étais très occupé, j’ai passé les trois derniers jours au pôle nord et l’été entier à travailler sur… enfin je pense que… euh… Il tourna rapidement la tête vers Zayn et finit, j’avais du travail.
  • Je n’en doute pas… Vu tout ce qui se passe ! Elle tourna la tête vers Zayn en regardant ses lunettes en bois et lui demanda d’un ton plein de tendresse, première fois chez nous mon garçon ?
  • Oui madame, c’est mon premier jour, fit Zayn en se demandant ce qu’il pouvait bien se passer de grave que Mathias ne lui avait pas dit.
  • Merveilleux, dit-elle avec un grand sourire éclatant. Venez suivez-moi, nous nous installerons dans le salon.

L’appartement de Madame Longues-Jambes était spacieux comparés aux petits studios et appartements que Zayn connaissait à Paris. L’entrée était constituée d’un couloir avec un tapis bleu nuit qui donnait sur plusieurs portes fermées sauf celles qui menaient à la cuisine et au salon, tout au fond.

  • Installez-vous, dit-elle une fois qu’ils étaient arrivés dans le salon. Une grande table basse figurait au milieu avec tout autour deux canapés bleu lilas et deux sofas noirs.

La décoration était très minimaliste, il y’avait quelques tableaux et photographies de personnes aux airs important mais aussi des photos qui dévoilaient une nature luxuriante et des animaux aux yeux remplis de malices qui s’affairaient chacun dans leurs coins. Mais surtout ce qui frappa Zayn encore une fois, était la propreté que dégageaient les lieux, il n’y avait aucune mauvaise odeur ou trace de poussières. La dame à qui ils rendaient visite, elle-même, était habillée sobrement d’une robe noire qui lui descendait jusqu’au cheville et portait une montre en argent très discrète. Son visage, malgré quelques rides naissantes, était celui d’une belle femme qui dégageait une aura majestueuse. Elle s’assit sur un des sofas après que Zayn et Mathias se soient installés puis claqua des doigts. Un plateau en argent venait d’apparaître sur la table avec une demi-douzaine de bouteilles en verres qui, chacune, comportait un breuvage différents, trois verres y étaient également disposés. Zayn ne put se retenir de penser « ça doit être soit une mage ou une paladin… »,  « c’est sûr, elle vient de faire usage du don sans utiliser de formule » :

  • Qu’est-ce que je vous sers ? Un peu trop tôt pour un whisky mais j’ai réussi à mettre la main sur du caméléon, du thé en provenance directe d’Obios et j’ai aussi de la nectarine cueilli directement dans les Terres Inf…

Zayn la regarda avidement, elle avait fait allusion au Terres Infinies, mais à sa grande déception Mathias la coupa :

  • Le jeune ici présent avec moi n’a pas encore mis les pieds à Barbelle, Baldine.
  • Bien-sûr, Bien-sûr, je comprends… On doit y’aller tout doucement… continua-t-elle en acquiesçant de la tête, ce qui eut pour don d’exaspérer Zayn.
  • Alors qu’est-ce que tu veux boire jeune homme ? dit-elle en l’incitant par des clins d’œil et des mouvements de tête discrets à choisir le caméléon.
  • Je veux bien un caméléon, fit Zayn.
  • Parfait, s’exclama t’elle ravi en lui versant dans un verre en crystal le breuvage qui avait une couleur turquoise.
  • C’est sans alcool n’est-ce pas? Je ne bois pas.
  • Oui, ne t’inquiète pas.

Zayn porta le liquide a ses lèvres et but une petite gorgée, les saveurs explosèrent dans sa bouche lui rappelant un mélange de fruit rouge avec une délicate touche d’un arôme fruité qu’il ne connaissait pas. Il reposa le verre, de la fumée s’échappait de sa bouche pendant quelques secondes.

  • C’est extraordinaire n’est-ce pas ?
  • Qu’est-ce que c’était ? demanda Zayn.
  • Aucune idée, dit-elle les yeux pleins de malice en riant.

Zayn reposa son verre, qui à la grande surprise de celui-ci, contenait maintenant un liquide d’une couleur différente. Il ressemblait maintenant à du goudron chaud, mais aucune odeur ne s’en échappait. Il n’osa pas goûter la nouvelle mixture, d’après ce qu’avait compris Zayn, le caméléon changeait régulièrement de contenu. Tout d’un coup son attention fut attirée par le fait que Mathias et Baldine parlait maintenant une autre langue aux sonorités mélodieuse et exotiques. Ils parlaient calmement, mais il ne pouvait s’empêchait de remarquer que les mots de cette langue lui paraissaient familiers, comme si c’était une langue qu’il avait parlé quand il était petit mais dont il ne se souvenait plus.

Plus la conversation évoluait, plus Zayn sentait que les mots de cette langue était vivant, il le sentait, il le savait… Non, il en était sûr, ils étaient contraint de dire la vérité, tout ce qui sortait de leur bouche était la vérité… La vérité dans son essence même. Cette langue qu’ils utilisaient résonnait en lui. Il la sentait au plus profond de son être. Il essaya de penser à autre chose, mais c’était difficile. Zayn avait l’impression que la langue avec laquelle ils communiquaient avait sa volonté propre et essayait de s’imposer à lui pour qu’il continue à l’écouter.

Avec un violent effort, Zayn réussit à détourner son attention et à ne plus essayer de comprendre ce qu’ils disaient, même s’il continuait à être attiré par les accents sauvages et exotiques de la langue. Finalement, il se tourna vers son caméléon qui avait maintenant une couleur arc-en-ciel. Il s’empressa de porter le verre à ses lèvres et de prendre une plus grande gorgée. Le liquide qui venait de boire n’avait pas de goût, cela ressembler à de l’eau. Il reposa le verre un peu déçu et cette fois-ci posa la tête en arrière sur le dossier du canapé et s’efforça de se relaxer. Il sentait sa conscience vagabondait vers les récents évènement, vers Paris Magique et vers sa rentrée à Barbelle… Il souriait à présent, il comprenait… Il comprenait pourquoi il était là, tout semblait logique… A présent il comprenait tout, tous les mystères du monde, il en était sûr… A ce moment précis, Zayn était capable de répondre à n’importe quelle question, il comprenait les choses… Les autres ne comprenait rien, il était le seul à comprendre. Il laissa sa conscience sortir de son corps et se balader littéralement autour du salon, il s’approcha d’un des cadres pour l’inspecter. Puis soudain, ll fut saisi d’un accès de fou rire incontrôlable, il savait et eux ne savaient pas. « Hahaha… » Il riait en tapant du poings…

Mathias se tourna vers lui avec un sourire presque moqueur et posa sa main sur son épaule. Aussitôt Zayn reprit conscience. Il ne se souvenait plus vraiment de pourquoi il riait et combien de temps il était resté dans cet état… cette… transe...

  • Tu es tombé sur du breuvage elfique ? disait Mathias en rigolant. Il faut éviter de goûter aux boissons des elfes, les humains ont du mal à rester conscients quand ils en prennent.
  • Je n’ai pas perdu conscience, j’avais juste l’impression, de tout… de tout…
  • De tout savoir ! finit Baldine avec un sourire maternel. Evite à l’avenir de goûter aux boissons elfiques. Il faut un entraînement rigoureux et un parfait contrôle de son esprit pour rester présent lorsqu’on en boit. Tu les reconnaîtras car ils ont toujours des couleurs magnifiques quand ils sont dans le caméléon, vu ton état je dirais que tu as du goûter à du brefnir, ou dans notre langue le breuvage astral.

Zayn était extrêmement mal à l’aise. Il avait déliré en présence de deux personnes et s’était mis à hurler de rire devant eux. Quoi qu’il en soit, il n’avait pas tout à fait oublier l’étrange sensation qu’il avait eu en les entendant parlant cette langue étrangère. Il avait eu l’impression qu’en parlant cette langue, Mathias et Baldine avaient parlés tout en déclarant après chaque phrase la véridicité de leurs propos. C’était comme entendre parler quelqu’un tout en l’entendant jurer que ses propos était la vérité. Et c’était aussi cette sensation que les mots qui sortaient de leurs bouches se gravait en son for intérieur pour clamer d’eux même qu’ils n’étaient rien d’autre que la vérité. Plus encore, il n’arrivait pas à l’expliquer, il sentait qu’il y’avait quelque chose de plus profond dans cette langue, quelque chose de très ancien et très profond. Cette langue était vivante, elle nommait les choses par leurs essences : la langue de la vérité. C’est comme ça que la surnomma Zayn.

Comment savait-il tout ça ? Il n’en n’avait aucune idée, mais c’était plus qu’un simple instinct qui le guidait dans sa compréhension de ce qu’il avait entendu, il avait la conviction qu’il avait raison. Il se tourna vers Mathias qu’il lui dit alors avec douceur :

  • Nous partons bientôt. Baldine avant que je parte, voici les instructions du Lion, annonça-t-il en lui tendant une lettre cachetée, c’est un résumé condensé de ce que nous avons pu discuter.
  • Tu pars aussi tôt ? Ne voudrais-tu passait la nuit ici toi et Zayn ? demanda-t-elle.
  • Malheureusement, non. Je dois accompagner ce jeune homme faire ses premières démarches et l’emmener au XXIème comme le veut la coutume à Barbelle, pour les nouveaux doués.

Ils quittèrent alors l’appartement et se dirigèrent en marchant vers le centre du quartier des marteaux mous. Mathias annonça qu’il leur faudrait environ dix minutes de marche pour arriver et s’installer dans un très bon bistrot connue pour sa cuisine. Zayn avait pleins de questions en tête mais voulait attendre qu’ils soient installés pour pouvoir poser toutes ses question. Il en profita donc pour observer les passants et les différents magasins et étals qu’ils rencontraient sur leur chemin. Il passèrent devant des animaleries comportant des créatures en cage qu’il n’avait jamais vu et qui leur lançaient des regards beaucoup trop intelligent à son goût. Ils vit aussi des magasins de vêtement, de cuisine avec de curieuses épices et aussi beaucoup d’armurerie et de forgerons.

Zayn mit du temps à se rendre compte de quelque chose, ça l’avait frappé à la minute où ils étaient sortis de la gare en fin de matinée, mais il n’y avait pas vraiment eu le temps d’y repenser. Mais maintenant, à force de rencontrer du monde et de marcher à travers la cité il se rendit compte avec stupeur que tout le monde était parfaitement vêtu, tout le monde était coiffé comme il se devait, et tous les doués qu’il rencontrait était tous élégants, même ceux qui s’habillait avec des vêtement sobre et parfois un trop vieux. Il avait l’impression que les habitants de Paris Magique s’étaient passés le mot pour tous être tirés à quatre épingles. Même ceux qui portaient un jean, portaient également un beau polo, une chemise ou un tee-shirt assorti avec leurs baskets. Il remarqua aussi qu’il n’y avait pas vraiment de mode vestimentaire précise chez les doués, certaines personnes, hommes comme femmes, portaient des vêtements traditionnels venant de toutes les régions du monde, asiatique, africaine, arabe mais aussi des vêtement occidentaux comme les costumes cravates. Plus que cette impression de parfait, ce qu’il l’étonnait au point d’en avoir mal à la tête, c’était que absolument tout était propre, comme si chaque dalle ou pavé avait été astiqués jusqu’à ce qu’ils brillent. Même les statues des différents personnages célèbres qu’ils rencontraient pendant leur marche, étaient animées et brillaient sous le soleil enchanté de Paris Magique. Tout semblait parfait, et il y’avait également une grande diversité chez les passants des rues de Paris Magique. On rencontrait des gens venus d’Asie, d’Afrique mais aussi des Amériques et du Moyen-Orient. Cette diversité culturelle et ce melting-pot semblait être quelque chose de commun ici, sans grande importance. Bien-sûr à Paris, il y’avait également des immigrés et des touristes, mais à Paris Magique il y’en avait tellement que Zayn se demandait si c’était aussi le cas dans les autres grandes villes magique, comme New-York Magique et Obios.

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