Chapitre 7 : la griffe au cou (partie 1)

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L’aéronef n’amorçait plus vraiment sa descente depuis quelques instants. Il tombait dans le vide à une vitesse vertigineuse. Les plus jeunes élèves de Barbelle, qui n’étaient bien évidemment pas encore familiers avec l’engin, Zayn et sa bande y compris, poussaient des hurlements de terreur en s’agrippant aux tables comme si leur vie en dépendait. Les élèves des années supérieures étaient eux aussi crispés mais essayaient de se contenir tant bien que mal. L’aéronef continuait sa chute vertigineuse tandis que des sanglots éclataient dans la salle. Zayn retenait son souffle, attendant le moment fatidique : celui du fracas contre le sol et la mort de tous les voyageurs, équipage compris. C’est à ce moment de confrontation à la mort imminente qu’une curieuse image s’instilla dans l’esprit de Zayn : celle d’œufs tombant d’un immeuble et s’écrasant sur le sol pour finir en un mélange difforme de jaunes écrasés et de morceaux de coquilles constellant le tout, sauf que dans ce cas-ci, à la place du jaune d’œuf, ce serait le sang et les membres de deux milliers d’élèves.

L’aéronef grinça d’un son terrible et, soudainement, alors que les arbres se rapprochaient à une vitesse capable de faire perdre ses moyens au plus courageux des hommes, la coque entière se figea à quelques mètres du sol, provoquant la chute de la moitié des élèves et plaquant violemment contre les tables le reste des jeunes, encore affolés et en sueur. Elisabeth éclata en sanglots, Léon se baissa sous la table pour vomir, et Martin éclata de rire en se tapant le front et en secouant Zayn pour l’entraîner dans ce qui s’apparentait non pas à un fou rire, mais à une crise proche de la démence. L’aéronef finit par se poser délicatement sur le sol et Zayn, dont le cœur battait à tout rompre, s’hasarda à regarder à travers les hublots pour essayer de savoir où ils avaient atterri, ce qui lui donna la nausée.

Les élèves plus âgés se levèrent prudemment, comme s’ils étaient habitués à ce manège de mauvais goût, et commencèrent à se diriger vers la porte de sortie en discutant comme si aucun d’entre eux ne venait de frôler la mort. Cela signifiait, se disait Zayn, que l’atterrissage s’était passé de la même manière les années précédentes. Zayn se tourna vers ses compagnons pour leur demander s'ils allaient bien, mais Martin prit la parole avant qu’il ait le temps de s’adresser à Léon et Elisabeth :

« Ce coucou de malheur a bien failli m’avoir ! J’ai cru qu’on allait y passer ! »

« Martin, nous sommes encore en état de choc, je ne pense pas que ce soit le moment… »

« Oh, allez ! J’essaye juste de détendre l’atmosphère… Vous avez vu notre princesse l’elfe ? Elle n’a pas bronché ! Ces gardes du corps non plus ! »

« Ce ne sont pas des elfes pour rien ! » fit Léon timidement.

Zayn pointa du doigt la sortie. "Je pense qu’on ferait mieux de ne pas traîner ici. La salle commence à se vider. Allons rejoindre les autres."

Ils se levèrent rapidement et se dirigèrent vers la porte de sortie, là où les derniers élèves se tassaient pour sortir au plus vite, avides d’air frais. Ce n’est qu’au bout d’un petit moment que l’entrée de l’aéronef se désengorgea, laissant Zayn et ses amis atteindre la terre ferme et soupirer de soulagement.

Ils avaient atterri dans une clairière entourée d’arbres centenaires, des pins tordus, assez grande pour accueillir les deux milliers d’élèves qui avaient sillonné le ciel de France pour atteindre leur école. Les itinérants s’étaient répartis en petits groupes pour discuter en attendant que la procession se mette en marche pour atteindre l’école.

La clairière était entourée d’une clôture en vieux bois, d’une hauteur d’un mètre, qui en faisait le tour et s’ouvrait sur un sentier pavé allant vers le nord. Deux rochers aussi grands que larges encadraient l’entrée du sentier. Zayn parvint à percevoir au loin des glyphes gravés en lettres d’or sur la circonférence des rochers. Il se demanda ce qu’ils voulaient dire. Il leva les yeux vers le ciel : deux montagnes sur la droite et la gauche indiquaient qu’ils devaient être dans une zone montagneuse de France, les deux plus grandes étant les Alpes et les Pyrénées. La lune apparaissait dans le ciel bien que le soleil se couchât encore, empourprant les quelques nuages qui voguaient lentement vers l’est.

Zayn percevait des bribes de conversations ici et là, des jeunes doués parlant de leurs vacances en Outre-Monde, chez les nains et les gobelins. Zayn arrivait à s’imaginer un nain facilement puisque le folklore occidental regorgeait d’histoires et de légendes de petits hommes poilus et d'une vigueur hors norme, mais il n’arrivait vraiment pas à concevoir l’existence des gobelins. Ces créatures avaient généralement de mauvais rôles dans les romans fantastiques qu’il avait pu feuilleter lors de son adolescence.

Il finit par se tourner vers Elisabeth pour lui demander s’il fallait attendre encore longtemps, mais celle-ci, encore retournée par l’atterrissage violent de l’aéronef, ne réussit qu’à lui adresser un faible sourire secoué de spasmes. Léon gardait le silence, et Martin s’était perdu dans la foule un peu plus loin. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de minutes qu’une puissante voix, sèche et ferme, s’éleva du côté du sentier qui était supposé les mener vers l’école.

« Chers élèves ! Par ici ! Trêve de bavardages ! Sachez que le directeur vous attend devant le grand manoir. Monsieur De Sacrebleu est quelqu’un de très souple, ne prenez pas sa gentillesse pour de la faiblesse. Il s’adressera à vous et vous fera part de ses attentes vous concernant. »

Zayn ne réussissait pas à entrevoir le visage de l’homme qui parlait. Il tâcha donc d’écouter attentivement.

« Quant à ceux que j’aurai en classe, je n’en attends pas moins de vous que de la rigueur et que vous soyez exemplaires. Ici, nous cultivons l’excellence, ici, nous cultivons le futur de notre société, ici, nous cultivons l’élite. Je serai sans pitié avec ceux qui nous tirent vers le bas. Les temps sont sombres, la communauté des doués a besoin de piliers solides sur lesquels nos fondements reposent. »

Le professeur se tut et Zayn sentit que les élèves retenaient leur souffle silencieusement, et que les plus âgés semblaient espérer que le sermon prenne fin le plus vite possible.

« J’espère que le message est bien passé. Je vais écourter ce moment gênant où vous êtes certainement en train de vous rendre compte que vous êtes presque tous des cancres privilégiés habitués à la facilité. Suivez-moi. »

Zayn ne put s’empêcher de ressentir de la crainte envers ce professeur, en croisant les doigts pour ne pas avoir à faire à lui durant son année à Barbelle. Au vu du nombre d'élèves, il devait certainement y avoir beaucoup de professeurs à Barbelle, ce qui impliquait de fortes chances de lui échapper, au moins cette année.

Les anciens et nouveaux élèves de l'école se dirigèrent vers le sentier pavé qui démarrait près des glyphes gravés dans la roche et quittèrent petit à petit la clairière. La rumeur du bavardage rappelait à Zayn ses rentrées scolaires qu’il avait, jusqu’à maintenant, effectuées avec les orphelins avec lesquels il avait grandi. Mais aujourd’hui, les choses étaient différentes : un étrange sentiment se mêlait à son appréhension, celui de la hâte et de la nervosité fiévreuse que l’on pouvait connaître aux prémices d’un événement qui allait changer une vie. Zayn croyait très fortement au destin, et il ne s’était jamais imaginé être arraché à sa vie de solitude pour découvrir la face cachée du monde, celle du don.

Zayn laissa de côté ses pensées et recentra son attention sur la procession qui avançait à un rythme régulier vers l’école. Le sentier était pavé d'anciennes pierres rectangulaires et inégales, donnant l’impression d’avoir fait un bond d’un siècle en arrière. À intervalle régulier, un banc était disposé sur le sentier avec des lampadaires qui brillaient d’une curieuse lumière bleue tous les vingt mètres. La couleur bleutée donnait un aspect glacé aux lueurs couvertes par le feuillage de la forêt par lequel le sentier passait. Zayn se demandait quel était le combustible qui permettait d’obtenir cet éclat.

Il tourna la tête sur le côté pour étudier les arbres et fixa une curieuse tache blanche collée à un arbre. Il s’arrêta un instant, se demandant ce que cela pouvait être, puis, après un court moment, il sauta d’horreur quand il se rendit compte que la tache blanche longiligne bougeait. Quelques curieux le regardèrent en fronçant les sourcils, se demandant à quoi il pouvait bien jouer. Zayn se tourna vers Léon et Elisabeth, qui se moquaient discrètement de lui pour ne pas attirer plus d’attention :

« N’aie pas peur, Zayn, ils sont inoffensifs envers les élèves, » fit Léon.

« Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? » lui répondit Zayn en avalant de travers.

« Ce sont des hommes semés, leur histoire est assez passionnante. Dans le monde des sans-dons, autrefois, vous pensiez… »

« Je connais le mythe grec des hommes semés… Ce sont à la base des dents tombées du dragon tué par Cadmos et semées dans la terre sur les conseils du dieu Arès. De ces mêmes dents semées dans la terre sont nés les premiers spartiates. Je n’aurais jamais cru en rencontrer à Barbelle… Mais leur aspect est… » hésita Zayn en s’approchant prudemment de la barrière.

La créature était longiligne, avec une peau blanche pâle et des muscles saillants. Son visage était celui d’une personne androgyne, ni homme ni femme, ou peut-être un peu des deux, et sa chevelure était crasseuse et blanche comme neige. L’homme semé le fixait intensément de ses yeux d’un gris sombre tel de la suie. Zayn se tourna vers Elisabeth et Léon pour comprendre ce qu’il faisait là.

« Barbelle est une école qui attire les enfants censés appartenir à la future élite. Cette concentration de prestige n’est pas qu’une question d’excellence académique, mais aussi de protéger ce qui a de la valeur aux yeux du conseil de l’ordre : la puissance, le pouvoir. Pour cela, l’école est protégée par diverses créatures qui rôdent dans les montagnes autour, » expliqua longuement Elisabeth, tandis que Zayn buvait ses paroles, se demandant toutefois comment elle savait tout cela.

« Reprenons la marche, on va perdre le groupe… » les rappela à l’ordre Léon.

Zayn acquiesça et reprit sa marche, luttant pour chasser l’image horripilante de la créature.

« Y a-t-il des dangers pour les élèves dans les montagnes autour ? » demanda Zayn, la boule au ventre.

« La plus dangereuse des créatures reste l’homme… Il arrive que des brigands, voleurs et parfois même des criminels s’en prennent aux élèves. Puis les Fines Lames ne sont pas les seuls extrémistes capables de choses affreuses. Il y a des groupuscules et sectes qui convoitent les élèves des écoles les plus prestigieuses pour leur puissance ou simplement pour leur nuire… Une manière de se dresser contre le système… » répondit Léon calmement, mais avec une pointe d’amertume dans la voix.

Zayn décida de revenir aux hommes semés afin de changer subtilement de sujet. La vie n’était pas plus rose chez les doués, elle était juste plus supportable.

« Les hommes semés, d’où sont-ils vraiment et pourquoi les Grecs pensaient-ils qu’ils étaient à l’origine des premiers spartiates ? » demanda Zayn, curieux de démêler le mythe de la réalité.

Elisabeth prit la parole tout en fixant étrangement un groupe d’élèves qui se chahutait en riant.

« Les hommes semés viennent des Terres Infinies, comme toutes les créatures de Terre Magique. Les hauts-elfes les ont amenés, ils font des protecteurs loyaux une fois que leur confiance est gagnée. Ils sont pacifiques, mais aussi incapables d’émotions, si ce n’est les plus agressives. Ils ne deviennent agressifs que lorsqu’on les attaque ou lorsqu’on menace leurs protégés. »

Zayn comprenait mieux l’étrange regard de la créature, mais Elisabeth ne lui avait pas encore expliqué d’où naissait la légende. Soudain, quelque chose le frappa : pourquoi les créatures des doués, censées être cachées, remplissaient-elles le folklore des sans-dons ?

« Dites-moi… toutes ces créatures, pourquoi en entend-on parler dans mon monde ? »

Léon le regarda avec désapprobation, mais c’est Elisabeth qui le reprit :

« Ton monde est celui des doués… sois-en fier et affirme-toi ! »

« D’accord, » la rassura Zayn. « Tu n’as pas répondu à ma question. »

« La réponse est toute simple, » répondit Léon après un moment. « Lorsqu’un sans-don rencontre une créature magique, on invente un mythe ou une légende pour donner une explication qui puisse satisfaire assez sa curiosité pour qu’il n’y pense plus. Manipuler l’esprit d’un sans-don pour lui faire oublier ce qu’il a vu peut parfois être dangereux pour eux. On se doit d’utiliser d'autres moyens quand ce n’est pas possible. »

Zayn se contenta de la réponse sans chercher à creuser. Son esprit saisissait avec plus de facilité l'influence qu’avait le monde des doués sur le monde dont il venait. Les sans-dons avaient en réalité l’illusion de se gouverner, mais en réalité c’était la main invisible des doués qui guidait de manière subtile les avancées de leur monde. Les dragons, les sirènes et autres créatures du folklore occidental devaient forcément exister, Zayn était prêt à en mettre sa main à couper.

Il voulut poser une question à Elisabeth et Léon, mais se ravisa lorsqu’il remarqua qu’ils ne parlaient plus et que leurs mines affichaient une détermination ferme. Ils se préparaient à leur entrée à Barbelle. Chacun d’eux devait avoir des rêves, des buts qui leur étaient propres, des choses à prouver. Barbelle faisait partie des cinq écoles les plus prestigieuses, c’était en réalité l’école du « possible ». Zayn l’avait bien compris à Paris Magique. On adulait les personnes qui en étaient diplômées : des doués comprenant et utilisant le don avec la facilité et l’adresse des génies et des personnes talentueuses. Barbelle, l’académie du possible. Qu’attendait Zayn de son passage ici ? Il n’en savait fichtrement rien. Mais il comptait se trouver une tâche à la hauteur de ses aspirations. Le monde allait mal, Zayn était déjà certain qu’à la sortie de Barbelle, il infiltrerait le monde des sans-dons pour faire bouger les choses vers une direction qui laisserait aux générations futures une chance de vivre sur une planète en paix et sans danger climatique. « L’amour », se dit Zayn, l’amour de l’humanité était la flamme qui l’habitait. Il servirait l’humanité.

Et c’est avec un sourire aux lèvres que Zayn continua sa marche vers l’avenir, agrémentée par ces agréables lumières bleutées. Il laissa son regard se promener sur les élèves autour de lui, en étudiant leurs tenues élaborées et leurs coupes de cheveux parfaites. Les jeunes gens autour de lui discutaient, rigolaient, certains se chahutaient, d’autres braillaient des blagues salaces ou obscènes sans l’ombre d’un regret, déclenchant les regards désapprobateurs ici et là. Mais ce qui dérangeait Zayn, c’étaient les regards, qui se voulaient à la base discrets, qu’on lui lançait, suivis de conversations étouffées à mi-voix. On parlait de lui, il n’y avait pas l’ombre d’un doute, il en perdit le sourire.

Cette constatation eut l’effet d’une douche froide. Zayn savait déjà de quoi ils parlaient. De son ascendance probablement illégitime. Une amertume soudaine s’empara de lui, éclipsant tout son émerveillement et sa bonne humeur. Encore une fois, il allait être la cible de moqueries, d’insultes et peut-être pire encore. Zayn savait que la violence, dans ce cas-ci, était une façon de se protéger, mais il n’aimait pas ça. Puis, à un contre plusieurs, il se ferait sûrement malmener sans aucune chance de s’en sortir indemne. C’est pour cette raison qu’il ne lança aucun regard noir, qu’il ne fixa aucun d’entre eux, et se contenta de baisser la tête et de fixer le sol pour le reste du chemin en broyant du noir. C’est en approchant de la muraille qui délimitait le domaine de l’école que Léon posa la main sur son épaule et lui dit en le serrant fort :

« Ne les laisse pas t’atteindre. »

Elisabeth, quant à elle, envoya un regard de criminel enfermé à perpétuité au groupe devant eux. Elisabeth, quant à elle, envoya un regard glacial au groupe devant eux. Zayn acquiesça, reconnaissant envers ses amis, et leva les yeux pour contempler le portail en fer forgé bleu marine qui les accueillait. Une statue imposante d’un lion tenant un cerf mort dans la gueule trônait au milieu d’une première fontaine. La voix du professeur résonnait de manière anormalement forte pour leur indiquer de continuer en ligne droite jusqu’aux bâtiments visibles au loin.

Le domaine de Barbelle était en réalité entouré d’un vaste parc agrémenté d’une multitude de fontaines le long du chemin principal qui menait aux trois bâtiments de l’école. Les trois manoirs se dressaient majestueusement : le bâtiment des dortoirs et du réfectoire faisait face à celui des salles de classe, tandis que le manoir principal, dédié aux professeurs et à l’administration, se trouvait entre les deux, formant un carré presque parfait. De loin, les manoirs donnaient à Barbelle l’apparence d’un palais victorien plutôt que celle d’une simple école.

Les chemins adjacents au sentier principal, rectiligne, conduisaient à une cinquantaine de jardins, tous différents les uns des autres. Ces jardins étaient parsemés d’arbres, de bancs, et de lampadaires émettant une lumière bleutée. Depuis le chemin principal, on pouvait apercevoir des massifs de fleurs, des statuettes de doués probablement célèbres, et de petits animaux qui couraient dans tous les sens, émettant de petits cris joyeux.

Ce qui surprenait Zayn, c’était la configuration circulaire des murailles autour du domaine de l’école, suggérant que derrière les manoirs se trouvait une autre partie du parc, tout aussi vaste. L’école devait s’étendre sur une centaine d’hectares. C’était, pour le moins qu’on puisse dire, gigantesque. Mais étant donné la prospérité de la société des doués, cela n’étonnait pas vraiment Zayn. Ce qui l’étonnait davantage, c’était d’avoir deviné la grandeur de l’école avec tant de justesse.

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