Les roches, les flancs de la montagne. Voici ce qui s’étend devant moi.

Il fait encore chaud, les pentes sont vertes. Les guanacos broutent paisiblement les touffes d’herbes. Ils profitent de la lumière du soleil pour se réchauffer. Les plus jeunes jouent, se poursuivent dans tous les sens sous la surveillance des adultes. Je les fixe de loin, allongée  sur un rocher. Mon ventre gronde depuis que j’ai quitté ma mère. Désormais seule, je dois trouver de quoi manger. Je n'attends pas la nuit pour me mettre en chasse, ma faim est trop forte. Je me lève et m’aplatis au sol. Le vent ne m'est pas favorable. Je suis trop éloignée pour qu'ils me sentent mais je ne peux pas m'approcher plus sans qu'ils ne me remarquent. Doucement je m'avance en faisant un tour. Le guanaco qui surveille le groupe flaire soudain le vent. Je me fige. Il balaye à nouveau le paysage pendant quelques instants. Je ne bouge toujours pas et continue de le fixer. Il recommence à paitre. Je me glisse derrière un buisson et parvient à me mettre face au vent sans qu’aucun guanaco ne me remarque. Je m’avance doucement, posant mes pattes avec d’infinies précautions. Petit à petit, la distance entre eux et moi s'amenuit. Plus je me rapproche plus je me colle au sol pour faire un avec le paysage. Soudain, je bondis sur un guanaco couché.

Trop tôt.

Tous détalent au cri d’alerte. Avant que je n’ai pu approcher suffisamment ma proie pour l'attraper, elle s'était relevée et avait disparu. L’ensemble des animaux alentours savait maintenant que j’étais en chasse. Ils resteront sur leurs gardes dorénavant.

Je gronde tout en reprenant mon souffle. Le soleil est encore assez haut, éclairant les flancs de montagne d’une lueur orangée qui fait resplendir le paysage. Je m’allonge sur le sol et commence ma toilette. J'attends donc la nuit.