Les lianes, la terre humide. Voici ce qui s’étend devant moi.

Je marche lentement entre les branches et les racines. L’air humide flotte, plein de senteur. Je m’approche de la berge en me faufilant entre les arbres et les lianes qui pendent depuis les branches hautes. Je saute sur un rocher et flaire les odeurs potentiellement alléchantes. Celle d’un groupe de capybaras se prélassant au soleil sur la berge. Une autre me parvient alors. Je descends de mon perchoir et sors de la pénombre de la forêt. Mes pattes s’enfoncent légèrement dans le sable chaud. Les capybaras poussent aussitôt des cris d’alertes et détalent dans tous les sens. Pourtant, je ne suis pas intéressé par eux. Je m’approche de l’eau et la lappe.

Puis je marche, pose une patte dans l'eau avant de la retirer. Je cherche le passage où les courants sont les plus faibles. Il se trouve entre deux rochers qui effleurent la surface de l'eau. Je m’y engage et nage jusqu’à la petite île au milieu de la rivière. Je m’aplatis sur le sable et saute sur le caïman allongé qui se réchauffe au soleil. Je l’attrape à l’arrière de la tête, son point le plus faible. Il ouvre la gueule, se secoue, cherchant à se délivrer de la pression de ma mâchoire puissante. Il bouge sa queue, voulant me frapper avec. Je serre plus fort. Il cesse de bouger.

Je le relâche et reprends mon soufle en balayant la canopée du regard. Je le dévore puis quitte l’île après avoir caché ma prise. Je grimpe sur un tronc d’arbre et y décèle brusquement une odeur. Je feule pour prévenir l’intrus que j'ai repéré sa présence bien qu’elle soit ancienne. Je m’allonge sur un tas de feuilles, me détends et me lèche les pattes avant.