L'herbe sèche, les arbres espacés. Voici ce qui s'étend devant moi.

Le soleil éclaire la savane d'une lueur orangée. Je perçois les vibrations que produisent les milliers de sabots de gnous, zèbres et buffles plus loin et qui traversent l'immense plaine pour migrer vers de nouveaux patûrages. Ils ne sont pas inquiets, ils savent que nous avons déjà mangé. Je suis allongée à terre, ma sœur contre moi. Nous profitons de l’après-midi pour somnoler, la chaleur étant trop forte à cette heure de la journée. Le reste de la troupe fait de même.

Presque toute la troupe.

Une boule de poils me saute soudainement dessus, aussitôt suivie de plusieurs autres. Je me relève et rugis pour qu'ils me laissent tranquille. Hélas, les lionceaux me suivent dans mon élan. Un essaye même de me mordiller la queue. Je le repousse gentiment du museau et il tombe à la renverse. Un autre se jette sur lui et ils se chamaillent en se donnant des coups de pattes. Le troisième lionceau se frotte à ma patte. Je le toilette puis il les rejoint. Les lionceaux se poursuivent, se sautent et se rugissent dessus.

Ma sœur vient vers moi et m'invite à la suivre d'une caresse de la tête. Nous allons jusqu'à notre rocher favori et nous allongeons pour profiter de la chaleur de la pierre. Hélas, les trois lionceaux turbulents ont flairé notre trace et commencent à nous sauter dessus. Je leur donne à chacun une petite tape dans le dos et ils finissent par s'éloigner pour continuer l'ascension du rocher. D'autres lionceaux s'approchent à leur tour. Ils semblent hésiter mais finissent par grimper à leur tour.

Quant à moi, j’observe l’étendue devant moi. Les gnous, zèbres et buffles sont d'immenses points noirs provoquant des nuages de poussières qui s'étendent à perte de vue. Je baille puis ferme les yeux.