Prologue

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Elle était penchée au-dessus de son bureau, les doigts de sa main droite crispés sur un stylo. Dehors, la pluie fouettait le carreau ondulé de la fenêtre. Il faisait presque complètement sombre, seule sa lampe de chevet éclairait faiblement la petite pièce. Elle faisait dos à la porte fermée, les yeux baissés sur un papier dont il lui était impossible de déchiffrer le contenu. Son stylo s'évertuait pourtant inlassablement à gratter les pages de son cahier de mathématiques. Était-ce sa main qui maniait l'objet ou l'inverse ? Un craquement, celui du bois, l'obligea à relever la tête vers la fenêtre. Elle voulut se retourner par méfiance mais il lui fut impossible de le faire. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, son souffle se fit plus rapide. Elle agita sa jambe, par signe de stress sûrement ? Non. Quelque chose était inhabituel, quelque chose la dérangeait. Ce « quelque chose » ne tarda pas à devenir insupportable, au point de l'obliger à glisser son regard sous son bureau en bois.

— Qu'est-ce que... murmura-t-elle.

Elle sursauta et laissa tomber son stylo, elle voulut s'éloigner du bureau mais elle ne parvint pas à le faire. Elle manquait soudainement d'air. La bouche grande ouverte, ses ongles grattèrent le bois. Elle se débattit de toutes ses forces. Les battements de son cœur tambourinaient jusque dans ses tempes, des plaintes aiguës remontèrent du fond de sa gorge. Un éclair illumina la pièce, sa lampe de chevet s'éteignit et la créature sembla se dissimuler dans l'obscurité. Elle laissa échapper un cri, elle voulut se retourner, se diriger vers sa table de chevet. La brune cambra son dos, s'agita désespérément pour décoller les paumes de ses mains du bureau, elle devait rallumer la lumière.

Des coups sur la porte. Elle sentit son cœur battre encore plus vite, comme s'il voulait s'échapper de sa poitrine. Qui pouvait bien être là à une heure pareille ?

— Qui est-ce ? Parvint-elle à articuler.

Brusquement, une force invisible la projeta en arrière et sa chaise en bois explosa contre le mur. Elle hurla avant de chuter lourdement sur le sol, le souffle coupé.

Allongée sur le sol, elle put se retourner sur le ventre avant que sa joue ne reste collée au parquet. Transpirante, prise de spasmes, elle ne s'était pas aperçue qu'elle avait arrêté de respirer. Elle lutta pour retrouver son souffle, ses poumons brûlants réclamant de l'air.

Une silhouette se dessina juste à côté de son lit, elle put distinguer des chaussures. Son cœur martelait sa poitrine et elle fut prise d'une terrible envie de vomir. Son corps était tétanisé alors qu'elle ne pensait qu'à atteindre la sortie. Elle entendit le son de ses pas sur le parquet. Il se rapprochait. « Je vais mourir », se répéta-t-elle dans sa tête. Ses pupilles s'agitèrent dans tous les sens, alors que les bottines n'étaient plus qu'à quelques centimètres d'elle.

— Pitié, supplia-t-elle avant que la terreur ne la submerge.

Un visage vint se pencher lentement au-dessus du sien. Deux spirales aux reflets dorés en guise de pupilles, la scrutèrent au milieu de la pénombre. Elle pouvait percevoir sa respiration, lente, douce et anormalement froide, frôler sa joue. Une forte odeur de soufre lui chatouilla les narines alors qu'un sourire diabolique déchira le visage de fumée en une rangée de dents aiguisées comme des lames de couteau.

— Non, je vous en supplie.

Les larmes coulèrent. Ses entrailles se tordirent, ses poumons s'embrasèrent alors que de longues griffes couleur obsidienne vinrent effleurer sa gorge. Elle repassa chaque passage de sa vie, ses études, sa famille, son petit ami, ses amis. Un éclair fendit la pièce, au moment même où une sensation de déchirure traversa son corps. Elle suffoqua, ses yeux se révulsèrent, alors que le liquide épais se répandit inlassablement sur le parquet. La créature passa sa langue avec satisfaction sur ses longues griffes, elle resta immobile un long moment, contemplant le corps encore chaud de sa victime avant que celui-ci ne se désagrège en un vulgaire tas de cendre. La créature huma l'air, mais son sourire disparut instantanément lorsque son regard se porta sur un papillon noir aux ailes pourpres posé sur le rebord de la fenêtre.

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