Chapitre 3B

16 minutes de lecture

  Nous sommes sorties de la chambre des filles vers dix-neuf heures trente et nous sommes allées manger. Nous n'étions pas allées à midi puisque nous avions petit-déjeuné tard, mais à cette heure-ci nous mourions de faim. Malheureusement le menu n'était pas fameux, ce qui – à la surprise de tout lycéen demi-pensionnaire – est plutôt rare ici. À peine sorties à vingt heures et des broutilles, Hely et Heinesy sont parties dans leur chambre pour se préparer pour la fête chez Ekin. Nesta et moi sommes directement allées dans notre chambre puis nous sommes allées nous laver.

   Je suis la première de retour, je prends le temps d'être seule pour me mettre en pyjama puis je me sèche les cheveux. Je me laisse tomber dans mon lit, je le fais comme ma mère me l'interdit, ''de façon larvaire et indisciplinée''. Je vois défiler derrière mes paupières des images de la journée. Ce fut une journée calme, sympathique. Je repense à ce qu'à dit Learth, que je devais en savoir plus. Je ne sais pas s'il voulait dire que je devais en savoir plus pour me faire taire ou pour que je puisse mieux intégrer le contexte. Et puis quand on y pense, c'est vrai qu'à part les grandes lignes, je ne sais rien de cette histoire. Mais... quand j'y pense, cette fille avec qui Ekin a trompé Nesta, c'est la petite amie actuelle de Learth, évidemment qu'il la défend ! Quelle idiote je fais ! Il ne voulait pas défendre l'opinion que j'avais de son ami mais tout simplement l'image de sa copine. C'est bien un homme, tient ! La fierté masculine, à toujours avoir une meilleure copine que les autres.

   Je suis interrompue dans mes pensées par Nesta qui entre dans la pièce, ses cheveux sont dégoulinants. Elle a seulement une serviette autour du corps, si j'étais un garçon j'aurais sûrement l'irrésistible envie de la dévorer des yeux vu son gabarit. Elle me sourit et prend son sèche-cheveux, mais il ne semble pas fonctionner. Elle se tourne vers moi avec un immense sourire. Je me lève est lui tend mon sèche-cheveux, elle m'en remercie. Pendant ce temps, je réfléchis à la façon dont je pourrais mettre le sujet sur la table sans paraître indiscrète. Nous ne nous connaissons pas tant que ça, nous savons le minimum l'une sur l'autre et je ne sais pas comment aborder le sujet dans ces conditions.

   Je n'entends pas le sèche-cheveux avant qu'elle le repose sur mon bureau. Elle sourit et je me retourne pour lui laisser l'intimité dont elle a besoin pour se changer. Après une minute elle pose sa main sur mon épaule, je me permets de me retourner. Avant que je me lance pour parler d'elle et Ekin, elle me questionne.

- Quelque chose ne va pas ? Encore en pleine indécision ?

- C'est un peu ça, oui.

Elle vient s'asseoir sur mon lit à côté de moi et pose sa main sur mon épaule.

- Si tu as besoin de parler je suis là.

- À vrai dire je voulais te poser une question qui me paraît indiscrète.

Elle me sourit, amusée par la situation.

- Essaie toujours.

Je fixe quelques secondes le mur derrière elle et reporte mes yeux sur elle. J'inspire et expire.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement avec Ekin ?

- Tout à l'heure ?

- Non, je me demandais dans quelles circonstances tu l'avais quitté. Je connais les faits mais tu comprends, sinon je ne sais rien. Je comprendrais que tu ne veuilles pas en parler...

- En fait, si. J'ai besoin d'en parler. Surtout en ce moment.

Elle se met en tailleur et pose ses mains sur ses genoux. Puis elle commence à me raconter.

- C'était juste avant l'été, à la fin du mois de mai. Ça faisait plus de trois mois qu'on était ensemble. Il était en Terminal et moi en Première, mais j'aimais qu'il soit plus vieux, t'as l'impression de braver l'interdit ou d'être toi-même plus grande, c'est n'importe quoi (elle rit). Zakia était en Première elle aussi mais en STMG et elle avait des vus sur les garçons depuis le début de l'année. Déjà l'année précédente on était tous potes et elle essayait de s'incruster, c'était agaçant. Alors quand elle a vu que moi, la fille qui n'a rien d'exceptionnel, qui est plutôt banale même, j'ai réussi à séduire ce gars beau, drôle, gentil et charmeur, elle l'a pas accepté. Elle a passé la vitesse supérieure. Elle le collait tout le temps, dès que je m'approchais elle finissait dans ses bras, ça me rendait folle. Un jour, à la fin de la journée il a dit qu'il voulait me voir chez lui. Quand je suis arrivée je... (sa voix se brise) ils étaient sur le canapé, elle était à cheval sur lui qui était allongé, elle venait de l'embrasser. Il l'a un peu poussé en disant que c'était pas le moment. Il m'a vu et je suis partie. Je suis allée me cacher dans une ruelle pour qu'il ne me retrouve pas en train de pleurer. Après ça j'ai arrêté d'aller en cours jusqu'au bac de français où j'ai fait n'importe quoi. J'ai passé l'été à pleurer, heureusement que mes amis de ma ville étaient là, sinon j'aurais pas tenu. J'ai appris qu'il avait redoublé et je me suis demandée si c'était pour passer une dernière année avec sa pouffe ou pour me torturer.

Maintenant elle pleure à chaudes larmes. Je passe mon bras autour de son épaule et elle pose sa tête dans le creux de mon cou, y cherchant le plus de réconfort possible.

- Je pensais que je pouvais tenir encore un an. Mais dès que je le vois j'ai la bile qui me monte à la gorge et j'ai qu'une envie c'est de lui faire bouffer ses testicules ! En plus il a décidé de me reconquérir alors c'est encore plus dur de le voir s'excuser et ressortir cette histoire... je veux juste oublier.

Je prends le paquet de mouchoir sur ma table de chevet et lui tend, elle me remercie d'un hochement de tête et en prend un. Je lui caresse le dos pour l'apaiser, je comprends sa peine, mais j'ai du mal à comprendre sa haine maintenant.

   Enfin, sa haine pour cette fille est tout à fait justifiable, mais la seule faute de Ekin est de s'être laissé faire par cette garce. Il est presque la victime des deux femmes qui l'aiment. Je comprends mieux ce qu'à voulu dire Learth.

- Je comprends que tu veuilles tuer cette fille. Mais, à y réfléchir, Ekin n'est pas si fautif que ça.

Elle se redresse et me regarde avec des yeux tristes, agrandis par l'étonnement.

- Excuse-moi ?

- Ne le prends pas mal, mais la seule chose que tu puisses lui reprocher c'est d'être un idiot, et une carpette quand il s'agit d'autorité.

Elle soutient mon regard encore quelques instants puis baisse les yeux et hoche la tête.

- Je ne peux pas nier ce que tu dis. Mais c'est plus fort que moi, je le déteste. Est-ce que tu es déjà tombée amoureuse ?

Sa question me prend au dépourvu, je ne sais quoi répondre. Il y a bien eu ce garçon que ma mère a voulu me présenter. Il appartenait à Dieu comme moi, il aimait la lecture et la politique comme moi, nous étions plus ou moins sur la même longueur d'onde, mais je ne ressentais rien.

- Non, je ne pense pas.

- Tu as de la chance. Au début tu es euphorique, heureuse, tu cris ton bonheur à qui veut bien l'entendre, c'est juste génial. Il n'y a rien de mieux au monde. Mais quand ce n'est pas réciproque ou que la personne que tu aimes en profite en te considérant comme acquise, ça devient un véritable enfer.

Elle baisse la tête, son souffle est court.

- Je suis encore amoureuse de Ekin, et t'imagines pas à quel point ça fait mal.

- Tu devrais peut être lui pardonner.

Elle lève des yeux furibonds et humides.

- Je connais l'histoire maintenant et je me répète en disant qu'il n'est pas si fautif que ça. Ne pense pas que je le défends, il aurait dû régler ce problème avec cette fille collante dès le début, mais il ne regarde que toi. Et toi tu ne regardes que lui.

Elle ouvre et ferme la bouche, ses yeux fondent doucement en larmes. Je lui donne un sourire compatissant.

- Je... je sais pas quoi faire. À chaque fois que je le regarde je repense aux bons moments que j'ai passé avec lui et mes sentiments reviennent, mais juste après je le revois en train de...

Je la prends dans mes bras, elle pose son front sur mon épaule. La sentir sangloter contre moi me fais un mal terrible. Après un peu plus d'une minute elle se redresse et s'essuie les yeux. Elle renifle, me sourit et prend mes mains dans les siennes.

- Merci Numidia. Je vais réfléchir sur ce que je dois faire.

- Surtout ne te précipite pas, et souviens-toi que le temps guérit toutes les blessures, même les plus douloureuse.

Elle souffle encore et hoche la tête. Elle prend un autre mouchoir et s'essuie les yeux. Elle me regarde de nouveau et m'offre un sourire faible mais sincère.

- S'il te plaît, parle-moi de toi.

Je dois la faire sourire. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que si cette fille arrêtait de sourire plus d'une minute, le monde pourrait s'écrouler.

   Alors je lui parle de moi, de ma vie tout sauf passionnante. Je lui parle de ma mère qui me sous-estime depuis toujours et qui aurait préféré avoir une fille comme elle. Je lui parle de mon cousin qui était mon seul ami avant il y a quelques jours, je lui explique que nous sommes le jour et la nuit et c'est aussi pour cela que nous sommes si proches. Il m'aide à me décoincer et je l'empêche de faire n'importe quoi. Je lui parle de ma famille hors du commun, de mon père sûrement déçu de son existence et de ma mère haineuse, fermée de tout, si manichéenne. Je lui parle de ma petit ville ainsi que de mon église, de ma communauté pour qui je ferais l'impossible et j'en viens à parler des chats de Mme Lambert qui me faisaient si peur étant petite et que maintenant je lave une fois par mois. Je parle de la vieille Mme Sanchez dont tout le monde s'attend à ce qu'elle meurt chaque hiver, qui néanmoins tient le coup du haut de ses quatre-vingt-seize ans. Je lui parle de mes croyances et de mon éducation étrange qui n'a toujours tourné qu'autour de Dieu. Je lui parle de mon mode de vie qui ne tourne pratiquement qu'autour de Dieu. Je lui avoue que je n'ai même pas le droit de le nommer, bien que ce soit ridicule parce qu'on ne peut même pas en parler hors contexte dans ce cas. Je lui parle de mon enfance, solitaire, où je passais les récréations sur un banc à attendre que la cloche sonne, évitant le moindre contact avec les autres enfants parce que j'avais peur de contrarier Dieu. Et soudain, je me rends compte que quand je parle de Dieu, je ne parle que de crainte et d'espoir jusqu'à présent vains.

   C'est la première fois que je me confie à quelqu'un en dehors du Pasteur Daniel ou de mon cousin, j'ai l'impression de me délester d'un poids. Je ne pensais pas que ce serait si facile, que les mots viendraient si naturellement. J'ai l'impression de respirer, essentiellement grâce à Nesta qui est très conciliante et réceptive, elle ne me juge aucunement, elle m'écoute, c'est tout.

   Dans la foulée, elle en vient à parler de sa propre vie. Elle me parle de sa famille presque aussi spéciale que la mienne, d'une toute autre manière. J'apprends qu'elle vient d'une famille nombreuse : un jumeau du nom de Nestor – elle précise que l'origine de son nom vient d'une blague mal calculée que son père voulait faire à sa mère –, trois aînés dont deux garçon du nom de Bixente et Grunter ainsi qu'une fille du nom de Clove, et deux petits frères du nom de Tofian et Dontran. Elle tient sa joie de vivre de son père à l'opposé de sa mère qui s'est suicidée après la naissance de Dontran. Elle a beaucoup de cousins qu'elle considère comme ses frères et je n'en retiens aucun nom tant ils sont nombreux. Son père travaille dans une compagnie de croisière très connue en tant que capitaine de paquebot, il est rarement chez eux et sa mère était hôtesse de l'air. Elle veut devenir écrivaine ou journaliste plus tard et faire le tour du monde comme ses parents. Elle m'explique qu'elle avait profité d'un des rares congés de son père pour lui présenter Ekin, il avait eu un fou rire en demandant où était la caméra. Par contre il avait beaucoup plu à ses frères et particulièrement à sa grande soeur, moins à ses cousins. Elle me parle de ses deux meilleurs amis dans sa ville, deux garçons. D'ailleurs qu'elle ne fut pas sa surprise le jour où elle les a vu s'embrasser aux café où elle devait les rejoindre. Elle est heureuse pour eux, surtout qu'ils parlent de mariage, mais elle affirme qu'ils ne pourraient pas vivre ensemble sans tout casser dans leur maison. Elle m'explique aussi comment elle a rencontré les garçons : elle attendait le bus pour aller en ville quand une bande de mauvais garçon s'est mise à lui chercher des noises et qu'ils ont commencé à avoir les mains baladeuses, Learth l'a prise par l'épaule en l'appelant « mon amour », les voyous ont cru que c'était son petit amis et ont fuit. Elle a appris plus tard que Learth et Heinesy – qui était dans sa classe – se connaissaient depuis l'école primaire ou ils étaient ennemis mortels, mais le temps a eu raison de leur rivalité quand ils étaient dans la même classe en Seconde avant que Heinesy ne redouble. C'est un an plus tard, soit l'année dernière, qu'ils ont rencontrés Mano près d'un bar-tabac à chercher son chemin. Elle affirme qu'il ne s'est rien passé d'autre, qu'ils sont tout de suite devenus amis et qu'il s'est intégré au groupe sans que personne ne sache comment.

   Mon cerveau regorge de nouvelles informations. Nesta est vraiment surprenante, à n'en pas douter. La fatigue nous rattrape vite. Quand je regarde l'heure elle indique plus de minuit, je suis contente de ne pas avoir cours demain. Nous nous couchons, mais j'ai du mal à m'endormir. Des images de la famille de Nesta viennent hanter mon esprit. Ce doit être la famille la plus souriante du monde, à moins qu'elle soit la seule à ne pas avoir pris de sa mère.

   Pour la première fois de ma vie, j'ai la sensation d'avoir une amie sur qui je peux compter à tout moment.

***

   Je me suis levée tard par rapport à d'habitude : neuf heure onze. Si ma mère le savait, elle ne se gênerait pas pour me traiter de feignante, mais elle n'est pas là et je n'ai pas cours. Et puis, sachant que Nesta s'est levée entre dix et onze heures et que nous avons rejoins les filles à la cafétéria à plus de midi alors qu'elles venaient de se lever, on peut encore me considérer comme une personne matinale, je pense. Hely et Heinesy s'assoient en face de nous, Hely porte une paire de lunette de soleil et Heinesy tient sa tête. Une fois posée sur la table, la rousse déverse un flacon entier de cachet contre la migraine dans son verre d'eau. Elle attend qu'il n'y ait plus de bulles qui remontent à la surface pour le boire. Nesta sourit en voyant leur piteux état.

- Alors, le duo H, c'était cool cette fête ?

- Ta gueule ma brunette d'amour.

J'admire la manière qu'à Heinesy à insulter les gens avec amour, c'est étonnant et inédit, par contre je n'aimerais pas qu'elle le fasse pour moi. Nesta les a appelé « le duo H », ça leur va bien puisqu'elle sont tout le temps ensemble et savent s'accorder par leurs différences.

  Nesta repose sa question, plus sérieusement cette fois, Hely lui répond que c'était génial, qu'elle adore Mano, qu'il est génial, et enfin que c'était génial de voir Ekin complètement soûl réclamer Nesta. Je suppose que pour elle « génial » définit à peu près tout ce qui n'est pas négatif ou presque. Nesta en demande plus et Heinesy nous fait signe d'approcher.

- Monsieur beau ténébreux va larguer sa go.

- Learth ? À part que c'est une pute, pourquoi il l'a larguerait ? Bien que je ne soit pas contre, au contraire.

- Apparemment il commence à zieuter une nana, personne sait qui c'est mais Zakia est au courant et elle pète sa jalousie à la gueule de monsieur sans arrêt. Elle le collait non stop pendant la soirée. Quand il m'a demandé une clope elle a limite fait une scène. 'Kin pense qu'il va casser, et puis ça fait un moment qu'il en a marre d'elle.

Déjà que cette fille est compliquée et manipulatrice d'après Nesta, en plus elle est d'une jalousie maladive. Elle est pleine de surprises dites donc ! Décidément, je ne comprends vraiment pas l'intérêt qu'il lui trouve. Ce doit être sexuel, beurk ! Rien qu'à son attitude elle me paraît être insupportable et mauvaise. Enfin je me demande aussi comment elle elle fait pour être avec lui, il est si inintéressant et bizarre. Ils doivent sacrifier des chats en amoureux à la pleine lune en invoquant des démons, vu comme ils ont l'air perché ces deux là. D'ailleurs Heinesy appuie ma pensée en avouant qu'elle se demande comment Learth a fait pour la supporter si longtemps.

   Hely est surexcitée par ce ragot alors qu'elle n'en sait sûrement pas autant que moi. Et elle le prouve.

- Et ça fait combien de temps qu'ils sont ensembles ?

- Depuis le mois de mai, ou juin, je sais plus. Ils se sont mis ensemble après qu'elle ait roulée des pelles au chéri de Nesta.

Heinesy tire la langue et Nesta lui renvoie son majeur dressé. Je ris sans savoir pourquoi, habituellement je serais horrifiée.

   Nous sommes sorties du réfectoire depuis au moins vingt minutes. Malgré les suppliques de Hely nous sommes restées dehors, le temps est magnifique et nous étions trois contre une à vouloir profiter du soleil. Mano et Ekin nous rejoignent, je vois Learth au loin avec sa copine dont je ne me rappelle jamais le nom. Je sais qu'il est bizarre et qu'il y a un Z et un A dedans. Elle le retient pour qu'il ne vienne pas vers nous, c'est flagrant. Nesta la traite de pimbêche en crachant son venin, Ekin semble effrayé sachant qu'il est aussi visé. Learth repousse sa petite amie, on dirait qu'ils se disputent. Elle le bouscule et va dans la direction opposée à nous, il se rapproche. Il dit que c'est dur de satisfaire une femme en riant, mais je pense que c'est dur de la satisfaire elle.

   Le haut-parleur crachote avant de transmettre une annonce. Mon sang se glace quand j'entends mon nom. Je tends l'oreille pour entendre la répétition. « Numidia Leroi est attendue au bâtiment administratif dans l'immédiat ». Mes amis me regardent, je ne sais pas quoi faire. Quand Nesta me dit qu'elle m'accompagne, mes jambes me guident. Je suis plutôt touchée de voir que les filles me suivent, et que derrière elles les garçons suivent eux aussi. Je ne suis pas sûre qu'ils suivent pour moi, mais ce n'est pas grave, j'ai l'impression que l'on se soucis de ma personne pour une fois.

   À peine entrée, j'entends quelqu'un crier, réclamer, se plaindre. J'ai un mauvais pressentiment.

- Quelqu'un égorge un porc par ici ? demande Learth, sarcastique.

Même si l'image est horrible, elle détend l'atmosphère, mais pas pour longtemps.

- Numidia !

Cette voix... je me retourne et croise un regard bien plus effrayant que n'importe quelle chose que je connaisse. Je serre fort ma croix dans ma main.

- … maman ?

Ma voix n'est qu'un murmure lointain. Je deviens le centre de l'attention et tout le monde se tourne vers la source de mon épouvante. Ma mère vient à toute hâte vers moi et me tire violemment par le bras pour y planter ses ongles.

- Bon Dieu, mais que fais-tu !?

- Maman, attends je... je ne comprends pas...

- Silence !

Elle me tire vers elle et me pousse violemment contre le mur avant de reprendre possession de mon bras.

- Qu'as-tu à l'esprit !? Tu as complètement perdue la tête ! Et c'est qui ça, tes nouveaux amis ? Des délinquants satanistes !? Et comment es-tu habillée !?

Elle fait allusion à mon jeans et mes tennis. Elle plante ses ongles un peu plus dans ma chair.

- Maman... tu me fais mal...

- Ce n'est rien comparé à ce qui t'attends.

Nesta veut venir à mon secours, mais je lui fais signe que ça ira. Je lui ai parlé de ma famille, alors elle ne doit pas trop être choquée. Nous sortons du bâtiment alors qu'elle me tire jusqu'au parking. Je vois qu'elle a pris sa voiture tout terrain et non sa belle décapotable. Ça veut tout dire, ma mère sait faire passer des messages aussi subtiles. Elle me jette à l'arrière et se met au volant. Je tente de me défendre.

- Maman, je ne comprends vraiment pas. Qu'ai-je fais ?

- Ne fais pas l'innocente, tu le sais très bien.

- Mais non, je...

- Tais toi bon Dieu ! Ouvre encore la bouche Numidia et je te donne une vraie raison de te plaindre !

Elle est rouge de colère. Puisqu'il en faut peu pour seulement la contrarier, je suppose que j'ai fait une erreur monumentale. Ou bien elle en fait trop, comme presque toujours.

___________________________________

Dernière mise à jour le 13/11/2019

Annotations

Vous aimez lire Nik'talope Ka Oh ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0