Chapitre 7C

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  Nous allons au gymnase en avance, attendant dehors qu'un professeur de sport nous ouvre. Les filles parlent, mais je ne les écoute pas. Je profite des derniers rayons chauds de la saison. Je m'appuie contre le muret qui surplombe les marches menant à la cour. Je ferme les yeux, face au soleil. J'aimerais m'oublier, au moins une seconde, ne plus être moi, m'évaporer. Une légère brise se lève, mes cheveux flottent en une vague calme et docile, me ramenant peu à peu à la réalité. J'inspire l'air doux de la fin d'été et soulève lentement mes paupières. Si seulement je pouvais m'évader, de cette vie, de ce monde. Mais je suis désormais prisonnière. Je l'étais déjà, une prisonnière consentante, je suis bloquée maintenant. C'est dommage. La vie est une réelle déception en ce qui me concerne. Ma gorge se serre, mes yeux me piquent.

  Je sens un bras se glisser sous le mien, celui de Nesta. Je tourne la tête vers elle, lui offrant au passage un vague sourire, il ne lui procure pas la joie que j'aurais aimé lui insuffler. Elle me regarde, peinée.

- Ça va ?

- Ne t'en fais pas, je t'ai dit qu'à l'hôpital...

- Non, non je ne parle pas de ton état physique. Là je parle de toi, de ton moral.

Je contemple son visage un instant avant de laisser tomber ma tête en avant. Un sanglot silencieux étreint ma gorge, je ne laisse pourtant rien paraître. Ma mère me l'a dit, et je le sais ; je dois être forte, non seulement pour moi-même mais aussi pour ne pas affoler le monde inutilement. Je relève la tête, cette fois je sens de la tristesse dans mon sourire.

- Tout va bien. Un simple coup de blues.

Elle se contente cette réponse sans réellement s'en satisfaire, je le sens. Elle pose sa main dans mon dos en entrant dans le gymnase.

  Je sais que ça la perturbe de ne pas savoir, autant que je suis perturbée de savoir... mais à quoi bon ? De toute façon, personne ne me pleurera. J'en ai la certitude.

  Le duo H entre avant nous dans le vestiaire. Il doit émaner de moi une réelle souffrance puisque Nesta me glisse à l'oreille « Quoi qu'il arrive je suis là » avant d'entrer à son tour. Malheureusement, elle n'est pas là. Elle est loin, à des milliers de kilomètres de moi. Personne n'est là. J'expire comme si j'avais retenu mon souffle trop longtemps. J'essaie tant bien que mal de retirer mon masque de solitude.

  Lorsqu'à la suite de Nesta j'entre dans le vestiaire, Zakia nous fixe, elle me fixe. Fidèle à elle-même, elle se pavane, reine des abeilles, en soutien-gorge et string. Elle pousse un unique ricanement hautain.

- Alors princesse J'ai-peur-des-zombies, les burgers aussi te font des crises cardiaques ?

Je suppose qu'elle se réfère à mon sursaut au cinéma. Ses copines ricanes avec elle, telle une bande de hyènes mal léchées.

- Mais ferme ta gueule ! répond Heinesy d'un ton las.

- Et en plus t'as un toutou qui aboie fort.

- Un conseil : va te faire foutre avant que mes Doc Martins se chargent de ton gros cul mou.

- C'est pas à toi que je parle, madame j'arrive-pas-à-me-taper-un-mec-du-coup-j'essais-de-me-taper-des-filles. Désolée poil de carotte, je suis trop bien foutue pour toi. Alors nique ta mère.

- Wouha, quelle originalité, renchérit Nesta. Toi qui baise plutôt les mecs en couple, au moins ça change un peu avec les mères.

Je tente de calmer ma colocataire en la tenant par les épaules. Heinesy donne bien assez de fil à retordre, inutile de faire monter la tension de Nesta. Zakia se met à rire fort et faussement.

- Vous êtes toutes jalouses parce que j'ai qui je veux quand je veux, alors que vous êtes forever alone.

- C'est marrant parce que j'ai entendu dire que c'était la traversée du désert sexuel par chez toi. réplique Nesta, toute fière.

- Bah aloooors ? Ton gros cul de pétasse satisfait plus ton rebelle transi d'amour ? achève Heinesy.

Les yeux gris trop maquillés de Zakia sortent de leurs orbites. Elle s'habille à vitesse grand V et sort sans demander son reste. Les deux amies se tapent dans la main. Hely rit fort.

- C'est ça, dégage ! Sale homophobe !

Je me sens responsable et coupable de cette animosité, c'est à moi qu'elle s'adressait au départ. La violence ne résout jamais rien, je hais la violence. Cette victoire est pour moi amère, mais contre les mégères comme Zakia, rien d'autre ne fonctionne.

  Je me penche vers mon sac pour en sortir mes affaires. L'afflux de sang qui descend jusqu'au sommet de mon crâne me procure des battements puissants et affligeants. Je me redresse doucement en évitant de trop secouer la tête. Je m'accroupis face au banc pour extirper de mon sac une plaquette de cachets, ceux contre les céphalées. J'y ai droit toutes les trois heures. Par chance, ma mère a si honte de mon état qu'elle n'en a fait part à personne, pas même à l'établissement. Je gère mon traitement seule. Je ne sais pas si c'est une poussée de confiance de la part de ma mère ou sa peur de l'humiliation qui l'a convaincu que je ne suis pas si empotée que ça.

  Après nous être changées, nous allons voir le tableau des attributions de sport : du premier jusqu'au dernier trimestre, je suis partout où je l'avais souhaité, tout comme mes amies. De septembre jusqu'aux vacances de noël je suis avec Nesta en handball. Les professeurs de chaque sport arrivent pour appeler leurs élèves. C'est ainsi qu'avec ma colocataire nous restons dans le gymnase avec M. Doria. Nous nous asseyons à quelques mètres de lui, attendant que la salle désemplisse et que les élèves manquants arrivent avant la seconde sonnerie.

  Nesta ne tient plus en place. En plus d'être avec moi pour ce cours, elle a hâte d'enfin pouvoir se défouler.

- J'ai vraiment besoin de relâcher la pression.

Je ris doucement. Je suis sûre que les roses jaunes de Ekin sont encore coincées dans sa gorge. Une tête se penche entre Nesta et moi.

- Oh, trop chouette ! Chuis avec mes copines !

Prenant une voix haut perchée et des mimiques féminines, Learth ne se ressemble absolument pas. Nesta et moi pouffons. Elle le pousse en arrière, sans cacher sa joie d'être avec son ami, et se tourne vers lui.

- T'es pas avec l'élu de ton coeur ?

- Tu parles, enfin libre !

Il lève les mains au ciel, ayant presque les larmes aux yeux. Il laisse ses bras tomber et souffle d'exaspération.

- Sur le coup elle avait dit que c'était un sport de pétasse, j'l'ai pris juste pour la faire chier. Je suis officiellement une pétasse, et fier de l'être.

Il plaque son poing contre son coeur, l'air presque ému. Nesta arque un sourcil. Il hausse les épaules.

- J'ai décidé d'être le plus emmerdant possible.

Je me tourne aussi vers lui, songeuse et intriguée.

- Si tu n'en peux plus d'elle, pourquoi rester ? Tu pourrais la quitter. Ce n'est pas comme si vous étiez mariés.

Et là, je sens que j'ai touché une corde sensible. Il me regarde, ouvre la bouche sans exprimer un mot puis expire bruyamment. Nesta panique.

- Oh merde... me dis pas que vous êtes mariés !?

Il pousse Nesta au visage en souriant. Il me fuit presque du regard, puis se tourne complètement vers moi, abandonnant sa propre détermination.

- En fait... je l'ai déjà quitté.

Nesta ouvre grand les yeux, sa mâchoire se décroche. Elle étouffe son cri de joie et de stupéfaction en tapant dans ses mains à plusieurs reprises, le dos bien droit. C'est une très jolie fille, mais là elle ressemble plus à une otarie excitée qu'autre chose.

  Sa réaction m'arrache un fou rire que j'ai du mal à maîtriser. Je me tiens le ventre en secouant la tête. Je pose ma main sur son épaule pour la calmer, ce qu'elle fait en voyant mon visage écarlate. J'inspire, j'expire. Avec Mornefia comme mère, je sais vite me ressaisir. Je reporte mon attention sur le vif du sujet : Learth.

- Non, tu es toujours avec elle. À moins que ça date d'il y a quelques minutes.

- Eh, mais c'est vrai ça ! réagit Nesta qui redescend sur Terre. Pourquoi tu me fais de fausses joies, petit oiseau !?

- Je l'ai quitté... enfin j'ai essayé. En août je suis allé chez elle avec toute la volonté et l'éreintement du monde et surtout avec la ferme intention de la virer de ma vie. Dès que j'ai posé un pied dans sa chambre elle m'a sauté dessus – j'vous passe les détails – et je l'ai repoussé. Elle l'a mal pris, a commencé à me frapper avec ses petits poing maigrichons et j'ai dit que c'était fini. D'abord elle m'a fait un chantage au suicide, mais en voyant que j'en avais rien à foutre elle a essayé de me défenestrer. Puis elle m'a étranglé, elle a cassé un flacon de parfum pour m'égorger avec et des tas d'autres trucs flippant dans le but de me zigouiller !

Nesta, qui buvait ses paroles, ferme les yeux et rit en sourdine. Je me retiens du mieux que je peux de mon coté. Elle a essayé de le tuer, c'est horrible, il n'y a pas de quoi rire Numidia. Pourtant j'imagine parfaitement la scène et cela me procure une rigolade insurmontable. Nesta parvient enfin à émettre un son contagieux. Nous éclatons toutes les deux à gorge déployée.

- C'est pas drôle ! Elle a réussi à me taillader le dos avec le verre brisé de ses portraits, cette cinglée !

Nous rions plus fort encore. J'en pleure abondamment. La brune, sans arrêter de rire, demande :

- Après ?

- J'en avais marre de ses conneries. J'ai dit que je voulais bien rester, mais à condition qu'elle se calme. Je me suis bien fait pigeonner pour le coup.

Nesta enfin soulagée, tout comme moi, lui tapote l'épaule.

- Un sacré pigeon même. Allez, nouveau surnom !

- Ça va, pas la peine d'en rajouter. Déjà que je suis coincé avec elle.

- Mais quelle idée stupiiiiiide de céder à son chantage, aussi !

- Eh oh ! C'est pas toi qui t'es retrouvé enfermé dans un dix mètres carrés avec une folle !

J'éclate de rire, une nouvelle fois. Je sens mes yeux s'humidifier toujours plus, je les essuie du revers de ma main. Nesta aussi rit à coeur joie, elle doit tellement jubiler.

  Je continue à avoir des petits hoquets de rire. Je jette un oeil vers Learth. Il rit lui aussi, et – je n'aurais jamais cru dire ça un jour – quel sourire ! Il est à tomber. Son visage s'illumine, pas seulement par son sourire mais aussi par son regard. Il y a une telle profondeur chez lui, insoupçonnée et discrète, quasiment imperceptible. Il émane de lui une chose qui m'est inconnue, une chose incroyable. Pourquoi ne laisse-t-il pas cette chose en toute liberté ? Lui qui apparaît comme un garçon sauvage et dérangé. Sous cet être effrayant et anarchique se cache un jeune homme charmant. Alors pourquoi porter un masque quand on peut être normal et épanouie ? Il y a cette chose, dans ses yeux, que la plupart des gens passent leur vie à chercher. Même si Learth est le genre de personne qui se sabote lui-même, il a la chance de vivre à fond avec cette chose indéfinissable et pourtant si rare et recherchée. Je le sais, parce que j'ai passé des mois entiers, des années, à souhaiter avoir la même lueur dans mes propres yeux. J'ai cessé de rire. Je me noie, durant un moment d'inadvertance, dans les prunelles de ce garçon étrange et pourtant fascinant. Avant qu'il ne s'en rende compte, je détourne le regard et fixe le sol. J'ai rendu cet instant gênant pour moi. Je ne sais plus où me mettre.

- Bon, on va commencer ! s'écrit M. Doria.

Sauvée par le cours de sport !

  Nous avons commencé le cours avec des exercices au ballon basiques pour s'échauffer pendant une demi-heure. Pour l'heure et demi restante, nous avons fait des matchs non mixtes. Il y a plus de filles que de garçons ; trois équipes de filles et deux de garçons. Les filles comme les garçons jouent un match sur deux, mais au moins une équipe féminine reste toujours sur les bancs alors que les deux équipes de garçons jouent à chaque fois. Donc nous jouons moins souvent avec Nesta, deux fois sur trois aux tours des filles, nous laissant parfois trois matchs de répit.

  Les fenêtres du gymnase sont grandes et profondes, prenant tout un mur du bâtiment. Leur rebord fait un mètre dix de hauteur et un mètre trente de profondeur, offrant aux élèves un endroit où attendre leur tour.

  Heinesy et Hely font leur cours d'escalade dans la pièce d'à coté. De temps à autre elles nous rejoignent pour venir s'asseoir avec nous sur le rebord de notre fenêtre. Elle ne restent jamais bien longtemps, mais au moins elles sont là.

- Ahlala, j'adore les cours de sport.

Nos têtes se tournent vers Hely, toute béate. Elle pointe du doigt un garçon sur le terrain qui retire son sweat-shirt et emportant accidentellement son tee-shirt dans l'élan, laissant ses abdominaux se faire relooker par les filles. Hely siffle, flattant l'ego du dit garçon. Il lui rend un clin d'oeil et repart courir. Elle le prend en photo et glousse.

- Il faut absolument que je le retrouve sur Facebook ou Insta.

- T'es sérieuse ? lui demande Heinesy. T'étais pas à fond sur Learth à la base ?

Nesta se redresse en couinant.

- Quoi !? Tu veux pécho Learth !?

- Bah il est pas mal, mais avec la conne qu'il se tape j'ai pas trop d'ouverture. Par contre, je te pari que Monsieur Abdos est célibataire.

Elle se frotte les mains. Nesta et Heinesy secouent la tête.

- Quoi ? Je vais quand même pas attendre qu'il se décide à s'intéresser à moi ! Donc tant pis pour Learth, il sait pas ce qu'il rate. Next !

- Quel cynisme... je crois. s'esclaffe Heinesy.

- Hey, on me prend ou on me prend pas.

- Je crois que je vais adopter cet état d'esprit avant de redevenir vierge. dit Nesta.

Heinesy se met à rire en lui tapotant le dos. Hely regarde autour d'elle.

- D'ailleurs, il est où le dark beau gosse maqué ?

Maintenant qu'elle le fait remarquer, ça fait un moment que nous n'avons pas vu Learth. Nous nous penchons pour l'apercevoir sur le terrain ou ailleurs, mais il n'est nulle part. Heinesy sort son téléphone et lui envoie un texto.

- Il m'a répondu. Il dit « Je suis avec Épine et Touffu, on prépare un truc pour mercredi. Préviens-moi quand c'est mon tour de jouer »... non mais il m'a pris pour son pigeon voyageur là ?

Elle se lève pour aller à l'écart et lui téléphoner. On entend tout d'ici. Elle insiste pour savoir ce qu'ils font, très vite elle lâche l'affaire et le menace de dénoncer son absence à M. Doria, puis elle raccroche.

  Quelques minutes plus tard, Learth apparaît par la sortie de secours du bâtiment. Il est essoufflé, il a couru.

- Vous faites quoi ? lui demande Hely.

- Tu verras.

- Vous allez encore faire les mêmes conneries que l'année dernière ?

La question de Heinesy est aussi une affirmation. Learth répond d'un sourire lumineux mais sournois murmurant « Tu verras ».

- Qu'est-il arrivé l'année derrière ? je demande.

- Ces trois cons ont faillie foutre le feu au lycée en voulant faire flipper l'administration. Ekin a passé la nuit en taule. m'explique Heinesy.

- C'était juste une blague qui a mal tourné ! Je pensais pas que les tampons ça brûlait aussi facilement !

- C'est du coton, pauv' cloche !

Mon cerveau malade cherche une correspondance dans mes souvenirs. Quelque chose me revient : des élèves masqués et recouverts de faux sang s'étaient amusés à remplir le bâtiment administratif d'articles hygiéniques féminins et y avaient ''accidentellement'' mis le feu. Aucun nom n'avait été donné mais le principal avait affirmé que les responsables avaient été sévèrement punis, et que quiconque suivrait leur exemple serait exclu.

- C'était vous ?

- Yep ! Une pote de Ekin avait eu ses règles en plein milieu d'un cours et son connard de prof de maths s'était foutu de sa gueule. On voulait juste le faire flipper en lui jetant un tampon cramé à la gueule, mais on en avait mis tellement, et partout... Ce con de Mano est parti en courant quand le feu a pris. Ekin a essayé d'écraser les flammes avec son pied et j'ai chopé l'extincteur. Le prof nous a gaulé. Ekin s'est tout pris dans la tronche parce que le prof pouvait pas le blairer et moi j'ai presque rien eu grâce à un avantage que j'ai sous le coude.

- Mais... c'est complètement stupide ! C'est ça, votre définition de la justice ? Brûler l'école ? je m'exclame sans vergogne.

- Comment je pouvait savoir que ça brûlerait si facilement ? J'ai une gueule à porter des tampons ?

- Si vous ne l'aviez pas fait, la question ne se serait pas posé.

- Merci Numi-chou ! cri presque Heinesy. Faut arrêter les conneries ! Au collège je veux bien, c'est le pire endroit du monde, mais maintenant il faut te calmer !

- Relax, j'ai jamais dit qu'on allait recommencer. On prépare un autre truc. Je suis sûr que t'approuveras quand tu seras mis au parfum.

- Bah explique.

Il nous regarde et sourit.

- Quand on sera seuls.

- C'est une invitation ? Tu sais à quel point je trouve les hommes décevants ces derniers temps, alors t'as intérêt à mettre le paquet, ma caille !

Elle lui tend la main, Learth lui fait un baise-main en s'inclinant.

- Pour qui me prends-tu ? Je ne déçois jamais aucune femme !

Le professeur siffle pour annoncer le tour des garçons. Learth nous fait un clin d'oeil en partant sur le terrain. Hely bat des cils une centaines de fois en quelques secondes.

- Moi il peut me décevoir autant qu'il veut.

Les filles se mettent à rire.

  Je ne sais pas ce qu'ils préparent, mais j'ai l'impression que ça ne va pas être bon.

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Dernière mise à jour le 13/10/2020

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