Partie 1 : Chapitre 1
Les vagues claquaient violemment contre les rochers qui délimitaient la côte toulonnaise, tant la force du vent avait eût raison du calme habituel de la mer. En s'échouant sur la pierre, chaque houles venaient éclabousser les promeneurs qui se risquait à une balade sur ces massifs par temps de brise. Mais j'aimais ce souffle d'août, qui transportait avec lui le crie des mouettes et secouait mes cheveux. Il avait cette capacité à emporter dans sa course toutes les peines et de décharger le poids des petits tracas et coups de cafards que savent procurer les fins de vacances. J'avais l'esprit en paix devant ce beau spectacle maritime et espérait un peu naïvement que ce moment durerait pour toujours. Il faudra pourtant y mettre un terme car nous étions déjà le 27 août et les bancs de l'école rappelaient, au fur et a mesure que septembre se rapprochait, les élèves dispersés au quatre coins de l'hexagone. Mon tour allait arriver mais plutôt que d'y faire face, je préférais suivre les voix du dénis qui chantonnait avec le reste du paysage. Revenir a ce monde trop sérieux me faisait peur alors je mettais mes tracas a la dispositions de ce merveilleux tableau qui parvenait à les dissiper.
La sonnerie de mon téléphone mit fin à mes rêveries. "Qui que ce soit je le haie", me disais-je, tout en essayant d'attraper l'appareil dans mon sac a dos. Le nom du correspondant me força à décrocher. Ne pas répondre à cet appel, c'était risquer des ennuie avec mes supérieurs hiérarchiques car l'appel provenait de Maman.
- Oui allô ?
- Vincent ? Tu es où ?
- Vers la plage, mais j'allais rentrer.
Bien que caractérielle à certains égards, maman était capable d'une patience infini lorsqu'il s'agissait de ces enfants. Elle haussait parfois le ton mais le faisait uniquement lorsqu'elle le jugeais nécessaire. Elle était capable d'une immense tendresse quand l'un de nous avions des petits coups de cafard. J'espérais, par fierté, pouvoir dissimuler ces derniers cette fois-ci, bien que mes longues escapades quelques jours avant la rentrée risquaient de me trahir.
- Ok, me répondit-elle, ne traîne pas trop, on va passer à table
- Oui, j'arrive, t'inquiète.
- Je t'ai fais une tarte au noix !
Cette dernière réponse fût la preuve irréfutable que j'étais grillé.
Arrivé à la maison, les parents, Pauline et Auguste m'attendait pour attaquer le repas. Je me lavais vite les mains avant de rejoindre la salle à manger.
- Hello tout le monde
- Coucou Vin's répondit en chœur la tablée, hors-mis papa qui semblait contrarié
- C'est fatiguant, on passe notre vie à t'attendre, rallait-il, tu étais ou ?
- Je suis parti faire un tour à vélo, vers la plage.
- La prochaine fois que tu es en retard, tu ne dine pas. Tu n'est pas à l'hôtel ici.
- Oui, je sais, désolé.
M'excuser ainsi était la seule façon d'obtenir la paix, tant je savais papa capable de m'emmerder jusqu'au bout. Son caractère bien trempé avait quelque chose de rassurant et son humour, lorsqu'il était de bonne humeur, me faisait rire et c'est je crois, la raison pour laquelle je l'aimais tant. Seulement voilà, lui et moi partagions le même défaut : Nous étions deux emmerdeurs.
- Tiens, mon chéri au fait, disait maman resté jusqu'à lors silencieuse, il y avait du courrier pour toi.
- Ah ? répondis-je étonné, j'en attendais pourtant pas
- Tu la lira après le dîner, on t'a assez attendu comme ça, rechigna papa
Je n'opposa aucune résistance. D'autant que la hâte de manger cette tarte au noix me dévorait tout autant que celle de découvrir le mystérieux auteur de cette lettre. Ces repas étaient l'occasion pour chacun de raconter sa journée : Papa avait dormi, maman avait prit le temps de faire un peu de cuisine ainsi que quelque course et Pauline avait emmené Auguste voir les bateaux à voile prêt du port. Quant à moi, j'avais flâné toute la journée. L'air de la campagne me manquait cruellement alors je me réfugiais dans quelques criques en bord de mer. Tout le monde semblait en forme, maman était plus belle que jamais et les petits riaient. C'était un paradis temporaire auxquelles la rentrée ne tarderait pas à mettre fin et cette idée me révoltait.
Trente minutes plus tard, nous terminions le repas et finissions de débarrasser la table. Enfin pouvais-je m'emparer de ce courrier qui m'attendais sur le plan de travail de la cuisine. Il disait ceci :
Cher Vincent,
J'espère que tu va bien. Je t'écris cette lettre car j'ai appris que je faisais finalement ma rentrée à Toulon cette année. La mutation de Papa est tombée à l'eau, mes parents ne déménagent que dans un an et m'ont dit que je resterai jusqu'à la fin de mon lycée sans doute. C'est un peu compliqué car nous avions déjà rendu les clés de la maison. J'aurai pu t'envoyer un SMS mais je comptais t'écrire de toute façon. Bref, sinon, comment ça va toi ? Perso' tout va bien même si je suis bien triste de quitter la Bretagne : Les vacances sont passées trop vite. J'ai trop hâte de te revoir. Je t'embrasse
Guillaume
La joie que m'avait procuré cette lettre fût été assez puissante pour dissiper toutes mes angoisses liés à la rentrée. Guillaume était l'un de mes meilleurs amis. Lui et moi nous étions rencontrés au collège, deux ans auparavant. Il était du genre à écouter la bande son d'un film afin se convaincre d'en être le héros ou a regarder les étoiles des heures durant, tout en ce posant 10.000 questions sur l'existence. Lui et moi avions ce même goûts pour l'irrationnel. Il ne m'avait fallu que la lecture de ce courrier pour désormais me réjouir de revenir en cours. J'annonçais la bonne nouvelle a Papa et Maman qui étaient heureux pour moi mais inquiet pour la famille de Guillaume.
***
Ce matin là fût le réveil le plus rapide de ma vie. Mon café fut but aussi vite que possible car le bus m'attendait et je voulais arriver le plus tôt possible au lycée.
Les trajets qui précèdent les jours de rentrée ont toujours la même odeurs. On y croise, dans la rue, tout les parents qui accompagnent leur enfant avec leur leur nouveau sac à dos acheté récemment, le climat est un doux mélange de l'été chaud et du vent frais de l'automne approchant; et les différentes matinales résonnent dans les autoradios - Le chauffeur de mon bus écoutait RTL. Je retrouvais cette étrange sensation d'un ventres, à la fois, noués par le stresse et excités par l'aventure qui s'annonçais. Les noms des professeurs et des classes occupaient d'ailleurs une grande partie des conversations autour de moi. Il faut dire que le véhicule était rempli de jeunes en âges d'être au lycée.
Arrivé devant mon école, une voix forte brisa tout l'écho de la foule :
- Vincent !
- Guillaume, hurlais-je à mon tour.
Jamais je n'avais sauté aussi fort dans les bras d'un ami. L'année s'annonçait belle.
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