Chapitre 5 : Hors du dôme

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Lorsque le gardien lança le pendentif dans les airs, celui-ci se mit à tourner sur lui-même avant de se stabiliser et une lueur bleue irradia de ses inscriptions. Elle se projeta sur le sol, tel un agrandissement holographique du pendentif. Kean regarda les caractères qui les entouraient et ces derniers commencèrent une étrange danse sous ses yeux.

Il observa l'étau se resserrer un peu plus petit à petit, puis lorsque le cercle entra en contact avec son corps, les parties touchées se désagrégèrent dans des volutes d'énergie bleutées avant de disparaître tout à fait.

Lorsque Kean réapparut, il se tenait face à un immense dôme, au centre de quatre autres de taille équivalente. Il repensa aux paroles de l'antiquaire et réalisa se trouver dans ce que le vieil homme avait nommé "le nouveu monde". Le jeune homme fit un tour sur lui-même afin de découvrir son nouvel environnement et trébucha sur une pierre, désquilibré, il ne parvint pas à se rattraper à temps et chuta lourdement.

— Aie !

— Tu as vraiment eu mal ou c’est un « aie » de circonstance ?

— A ton avis ? Je viens de m’exploser le cul par terre ! Bien sûr que j’ai mal !

Kean observa le vieil homme et réalisa l’importance de ses paroles.

— J’ai mal… c’est comme vous l’aviez dit. Je ressens des choses, …

— Tu es le dixième que je recrute, bien sûr, que je dis la vérité. Néanmoins, tu t'adaptes très vite, bien trop vite.

— Qu’est-ce que ça signifie ?

— Que ça va être compliqué de t’entraîner. Allez, lève-toi, je dois te présenter les autres gardiens et les déchus dont ils ont la charge.

Kean s’épousseta et en se relevant fit craquer ses genoux. Il s’approcha du dôme et vint y poser la main. Il ne ressentit rien. Aucune chaleur ne s'en dégageait. En collant son oreille contre la paroi, il ne perçut aucun bruit, rien ne semblait indiquer la présence d'une civilisation et pourtant tel était le cas. 

— Alors comme ça j’ai grandi en quarantaine sans le savoir.

Le dôme lui renvoya son reflet et pour la première fois, Kean fut convaincu par son expression de tristesse. .

— Que voulez-vous dire par le fait qu’il sera plus dur de m’entraîner si je ressens la douleur ? N’est-ce pas une preuve que je m’humanise et qu’il sera plus facile de redonner aux nôtres ce qu’il leur manque ?

— J’ai bien peur que ce ne soit pas aussi simple. Il ne suffit pas de ressentir les stimuli pour en comprendre le sens. La douleur est un signal d’alarme qui nécessite d'être compris pour en trouver l’origine et la soigner. Tu dois apprendre à analyser les signaux que t’envoie ton corps si tu veux espérer survivre à ce nouveau monde.

— En parlant de nouveau monde, c’est normal cette …brume ?

Kean fut prit d’une quinte de toux et lorsqu'il releva la tête, de fines larmes brillaient au coin de ses yeux.

— Des miasmes dues à une pollution passée, tu t'y habitueras.

— Ok, je suppose que ce sol poussiéreux résulte aussi d'un mauvais traitement de l'environnement. Mais, ces arbres blancs, ce ne sont tout de même pas des bouleaux ?

— Non, juste des arbres morts.

— Un endroit charmant. Et la silhouette se découpant dans la brume, c’est mon imagination … ?

— A quoi ressemble-t-elle ?

Kean regarda l’antiquaire et comprit à son expression qu’il était sérieux. Il désigna du doigt la forme et lorsqu’il se retourna, elle lui faisait face, ses yeux brumeux le regardant attentivement. Le jeune homme regarda le corps de brume chasser sa main comme on éloignerait un insecte indésirable.

— On t’a pas appris la politesse dans ta bulle, humain ?

Kean n’eut pas le temps de répondre que le corps pris consistance et une jeune femme se tint devant lui.

— Qu’est-ce que ….

— Une symboz.

Le marchand reprit à l'attention de la nouvelle venue.

— Tu ne devrais pas être ici, ces terres sont interdites aux tiens.

— Plus maintenant. Les déchus et leurs gardiens doivent dès qu’ils sortent de leur dôme être présentés au conseil. C’est la nouvelle loi éditée en ton absence. Naricia t’y attend déjà. Je suis ici pour vous y conduire. Veuillez me suivre.

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