“De la gériatrie à la maternité, des félicités aux RIP.
On fait tout d’avance parce qu’il n’y a pas d’replay.
Tout peut s’arrêter.
Les deux barres parallèles sont des carrés dans la réalité.”

Humains, Damso

Je sentais le vent caresser ma peau. Les yeux fermés, je n’entendais que le doux bruit de la mer me transportait loin de ce monde. Mon souffle suivait le rythme lent des vagues s’écroulant contre la falaise. J’aurais voulu retenir le temps, rien qu’un instant…

De ma naissance à ce jour, les minutes semblaient s’être écoulées si vite. Pourquoi fallait-il qu’elles se précipitent à chaque instant ? L’envie d’être à demain se répéter en boucle sans que jamais cela ne s’arrête. Et si pour une fois, je me posais. J’écoutais le monde qui m’entourait. Je retenais le temps, l’empêchant de s’écouler encore et encore. Drôle de pensée de vouloir arrêter le temps. Si cela était possible…

J’ai l’impression de n’avoir jamais le temps : Le temps de penser, de faire, de vivre. Je voudrais profiter de chaque seconde. Cela peut paraître comme une pensée naïve, mais je me sens oppressé par ce dernier. Il représente mes entraves à ma liberté. Je voudrais vivre dans un monde ou il n’existerait plus. Mais les horloges, les montres, les portables sont omniprésents. La nuit me transporte et le réveil me rappelle que le temps passe.

Des bruits de pas me sortent de ma réflexion.

- Blanche, il faut reprendre la route. Mamie nous attend à 13 h pour le repas.

Mes yeux parcourent la sombre surface de la Manche. Une vague vient frapper les falaises. Des blocs de craie sont éparpillés sur le sol de galet.

Un panneau porte quelques informations :

“Ne pas marcher proche du précipice.

Les falaises sont fortement érodées. Il y a de forts risques d’écroulement et de chute.

En effet, en plus des vagues et des embruns, les constructions aux bords des falaises ont causé leurs fragilités. La pollution joue également un rôle dans la destruction des rives. Les pluies acides affectent fortement la craie. Cette dernière étant une roche carbonatée, elle subit une dissolution au contact de dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.”

Est-ce une volonté de l’Homme de vouloir accélérer les choses ? Sans nous, la mer aurait tachait de détériorer la falaise à son rythme. Le temps est-il inarrêtable ?

- Blanche ?

- J’arrive.

Je tourne le dos aux blockhaus de la Seconde Guerre Mondiale.

Je remets mes écouteurs et appuie sur le triangle pour redémarrer la lecture de la musique. Mon portable glisse dans ma poche et je me dirige vers la voiture, Damso et ses sombres paroles dans les oreilles.

Explications (by Rap Genius) :

On n'a qu'une vie et aucun moyen de revivre celle-ci, aucun bouton replay, notre existence ne pourra pas se reproduire.

La vie est un phénomène éphémère comme tout ce qui constitue la réalité. Et dans celle-ci, aucun bouton pause, on ne peut pas arrêter le temps ; soit l'on vit sa vie, soit on l’arrête. Ainsi, si l'on essaye de mettre la réalité, la vie, sur pause, on ne peut ne pas la remettre en route : elle est terminée.

Damso représente ce phénomène avec des sigles communément utilisés comme le “carré” symbolisant le stop du monde multimédia en opposition aux “deux barres parallèles” du symbole pause.