Chapitre 8 – Terrence et Sylvia
Vendredi 26 Juin 2015
Sylvia et Terrence avaient passé la nuit dans un motel routier de qualité plutôt sommaire. Malgré tout Terrence avait passé une nuit reposante, Sylvia quant à elle n'avait dormi que deux heures, elle avait passé sa nuit à faire des recherches sur sa tablette et à tenter de comprendre les événements en s'aidant notamment des inscriptions trouvées sur le mur blanc de la villa de Veronica Parker.
Le lendemain Terrence se leva tôt et fit ses exercices matinaux avant de prendre sa douche et de s'habiller. Il alla ensuite frapper à la porte de la chambre voisine mais Sylvia ne répondit pas, Terrence haussa un sourcil et rapprocha son oreille de la porte. Après quelques secondes d'expectative il entendit un léger ronflement, il sourit et s'éloigna en quête d'un petit déjeuner.
Terrence trouva des beignets et du café dans un restaurant routier proche du motel, il alla à la Dodge et posa le paquet de beignet sur le tableau avant. Terrence repartit avec un grand gobelet de café et retourna à la porte de Sylvia, il frappa cette fois-ci avec insistance pour réveiller sa partenaire.
Une voix fluette lui répondit encore toute endormie.
« Oui, j'arrive. »
Il attendit quelques minutes avant que la porte s'ouvre laissant apparaître le visage pâle et juvénile de sa partenaire, elle avait des cernes sous les yeux et les cheveux encore en désordre. Terrence sourit. Sylvia le salua et elle lui dit d'entrer.
« Je termine de me préparer, attend là. » dit-elle, puis elle pris ses affaires et partit dans la salle de bain exiguë de sa chambre. Terrence s'assit sur le lit face à la porte, le gobelet de café encore chaud entre les mains. Il écoutait l'eau de la salle de bain couler en attendant. La douche s’arrêta puis il entendit sa partenaire se préparer, enfin la porte se déverrouilla et Sylvia sortit en se séchant les cheveux encore mouillés avec une serviette. Il regarda cette jeune femme avec une attention nouvelle, elle était jolie et il laissa son regard s'attarder sur son visage angélique et sur son corps gracieux. Sylvia saisit ce regard appuyé et esquissa un sourire.
« Et bien alors ! C'est quoi ce regard ? J'ai oublié de fermer mon chemisier ? »
Pour la première fois Terrence se trouva sur la défensive face à cette frêle jeune femme et il hésita avant de répondre.
« Non, euh je… pensais à autre chose. »
Sylvia le regarda puis sembla découvrir le gobelet dans les mains de Terrence.
« C'est pour moi ?! Merci j'en ai vraiment besoin. » dit-elle tout en prenant le café avant que son partenaire n'ai le temps de répondre. Terrence se leva visiblement encore gêné.
« Bon je vais t'attendre dans la voiture, et … Il y aussi des beignets qui t'y attendent. »
Sylvia sourit et termina de se préparer puis elle rangea ses affaires et sortit de sa chambre. Elle alla jusqu'à la Dodge et s'installa confortablement dans son siège, non sans oublier de prendre la boite de beignets. Terrence démarra et prit la route pour Indian Lake.
« As-tu trouvé quelque chose concernant les inscriptions, le soleil rouge, le soleil de sang ?»
« C'est possible mais je ne l'ai pas encore relié aux meurtres. Ce soleil rouge et le sang peuvent être rapprochés de certaines légendes Aztèques qui attachaient une importance primordiale au sang humain. »
Terrence fit la moue.
« Dommage, mais ça valait le coup de chercher... »
Sylvia avait un beignet entamé à la main, elle regarda Terrence et répondit entre deux bouchées.
« Attend, j'ai tout de même trouvé quelque chose. »
« Vas-y je t'écoute. »
Sylvia parlait lentement en mangeant ses beignets.
« Et bien vu la région, où cela a commencé...et le type de meurtre... enfin ça me fait penser à des légendes algonquines… sur une créature anthropophage… le Wendigo. »
« Quelqu'un qui se prend pour un Wendigo alors ? »
« Peut être... ou c'est peut être réellement un Wendigo. »
« Arrête avec tes plaisanteries veux-tu ! … Alors on recherche quelqu'un de familier avec ces légendes, un expert dans le domaine des légendes locales ou bien un amérindien... »
« Sans doute, et j'ai fait mes recherches, la famille de Mary Delauney a des origines iroquoises, je pense qu'il faut chercher de ce coté là. »
Terrence afficha un air de satisfaction.
« Bien, on rendra une petite visite au père de Mary Delauney alors. »
Après leur discussion et quelques beignets engloutis, Sylvia s'assoupit. Terrence laissa sa partenaire se reposer et ils roulèrent ainsi en silence, bercés par le seul bruit de la route et de la respiration régulière de Sylvia. Ils roulèrent ainsi durant une heure pour atteindre Indian Lake. Terrence réveilla Sylvia sur le parking du poste de police du Shérif Douglas.
Le Shérif Douglas était un homme de forte corpulence, dégarni et à la mine rougeaude. Il avait une grosse moustache châtain et des yeux d'un gris terne. Malgré les événements l'homme était amical quoique visiblement inquiet. Il conduisit Sylvia et Terrence sur le lieu du crime dans la forêt.
Le lieu se trouvait au milieu des arbres non loin d'un chemin de promenade. Les agents étaient baignés d'une lumière tamisée par les frondaisons des sombres conifères qui surplombaient la scène de leurs majestueuses hauteurs. Terrence s’appliqua à inspecter les lieux, mais le passage des animaux et des forces de police locales avaient déjà largement compromis la scène du crime. Il abandonna rapidement l'idée de trouver quoi que ce soit de pertinent.
Sylvia restait là, autant à regarder Terrence que les lieux, elle avaient les bras croisés et semblait attendre que son camarade ait terminé. Tout à coup Terrence s’arrêta devant un arbre et appela sa partenaire.
Sylvia se rapprocha de Terrence.
« Regarde ça…»
Terrence montrait des griffures sur le tronc de l'arbre.
« Je vois. » dit Sylvia sans rien ajouter. Le Shérif se rapprocha.
« Ça ressemble à une griffure d'ours. Il y en a dans la région, c'était d’ailleurs ma première idée lorsque l'on a découvert le sang, une attaque d'ours. Mais avec les autres disparitions et… ce que l'on a trouvé dans la villa de Madame Parker. »
Sylvia photographia les marques avec son téléphone, Terrence se tourna vers le Shérif.
«Amenez nous jusqu'à la maison de Madame Parker. »
La villégiature de Véronica Parker était une grande maison au bardage de bois blanc avec une vue imprenable sur les eaux sombres de l'Indian Lake. A l'intérieur Terrence et Sylvia découvrirent d'autres traces de griffures ainsi que le sang maculant un épais tapis pourpre laissant ainsi apparaître un repoussant dégradé de rouge. Les inscriptions grenat étaient également là, couvrant un mur blanc de la pièce :
Aidez-moi / Le Soleil Rouge, le soleil de Sang / Je le vois / faite le taire / pitié aidez-moi
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