Moment de doute…
Le lendemain, elle se réveille dans mes bras, je la regardais dormir depuis quelques minutes, les autres dorment encore pour la plupart ou discutent à l’extérieur pour les plus vaillants qui n’ont pas fermé l’œil de la nuit.
« - Coucou belle demoiselle.
- Hello grand roux. Bien dormi ?
- Bof, pas vraiment, et toi ?
- Comme un bébé. Quelle heure il est ?
- Sept heures et demie. Café ?
- Café. »
Elle se lève doucement pendant que je déplie ma grande carcasse, courbaturé de partout, mal au dos, mais content de ce réveil auprès d’elle. Nous filons à la cuisine, le café est encore chaud, je lui en sers une tasse, encore embrumé par les quelques heures de somnolence de la nuit passée, m’en sers une, deux sucres et nous rejoignons Sarah et deux autres filles à l’extérieur.
« - Alors, bien dormi les amoureux ? Nous lance Sarah en souriant bêtement.
- A qui tu parles ? Réponds-je en me retournant, faisant mine de chercher quelqu’un.
- Ben à vous. Me lance une des deux filles dont le prénom m’échappe.
- Amoureux ? Nous ? rétorque Cécilia en éclatant d’un rire sonore, presque forcé.
- C’est bon, nous la faites pas genre « y’a rien entre nous ». Lance la deuxième.
- Y’a rien entre nous !!! En cœur tous les deux et en riant et j’ajoute : juste une belle rencontre. »
Nous nous joignons à elles, et continuons à boire notre café en silence, profitant de la fraicheur matinale et du calme de la nature.
« - Croissants ? Je leur propose.
- Et pains au chocolat ! Enchérit Cécilia.
- Et tu vas les fabriquer avec tes petites mains ? Me demande Sarah.
- Ben non. Moto, village, boulangerie. Réponds-je bêtement.
- Je viens avec toi. Sarah, passe-moi un casque. »
Une fois équipés, j’enfourche donc ma modeste moto, Cécilia viens se coller contre moi et m’enlace plus que de raison, et nous descendons au village chercher le petit déjeuner pour tout le monde.
De retour, tout le monde est réveillé et nous attend de pied ferme, les réflexions vont bon train, les regards sont interrogateurs, suspicieux, pendant le petit déjeuner, mais je ne laisse rien paraitre et accepte avec le sourire leurs remerciements pour les viennoiseries.
‘Elle ne me lâche plus depuis hier soir, et même si elle est gentille, jolie, et qu’elle me plait vraiment, ça commence un peu à me peser, j’aurai besoin de me poser un peu, seul, pour réfléchir à tout ça, essayer de faire le point ...’
Je cherche donc l’occasion pour m’éclipser, histoire de prendre un peu de recul par rapport aux évènements de la nuit. Une bonne douche, c’est ça qu’il me faut.
Je remonte donc à la maisonnette, sans un mot, récupère mon sac à dos, la salle de bain est libre, j’en profite. Je me déshabille, passe devant le miroir, me regarde avec attention.
‘Qu’est-ce qu’elle peut bien me trouver ? 1m80, 90kg, un peu grassouillet, brun avec des reflets roux et des cheveux qui ont tendance à friser, des yeux marrons, plutôt quelconque. Franchement, je vois pas ce qu’elle me trouve.’
Je me glisse dans la cabine de douche, l’eau est très chaude, limite brulante, délassante, un petit coup de jet massant dans le dos, et les tensions de la nuit me quittent définitivement emportées par le ruissèlement de l’eau sur ma peau.
‘Bien sûr qu’elle me plait, bien sûr que je l’aime bien, mais où ça va nous mener, c’est la première fois que ça se passe aussi bien, trop bien, aussi vite, et c’est franchement bizarre, c’est pas normal. Et puis, qui sait quand est-ce que qu’on pourra se revoir ?’
Je sors, attrape, ma serviette, et me sèche, me rhabille, range mes fringues sales et retourne à l’extérieur, attrapant Mélodie et mes clopes au passage.
Mon retour parmi la troupe s’accompagne de quelques vannes auxquelles je réponds en souriant, cette petite douche m’a fait un bien fou, et j’ai retrouvé un peu de ma bonne humeur habituelle, celle qui revient après une bonne soirée avec ma bande adorée.
J’allume ma clope, et commence à sonder les autres pour l’intermède musical, en faisant le tri de ce que je ne connais pas évidemment. Et là mon regard se perd dans le vide, je ne la vois pas, tout le monde est là mais pas elle.
Mon corps se fige, tout s’arrête autour de moi, je cherche Sarah des yeux, et d’un geste discret de la main, elle me fait signe qu’elle revient. Ouf, j’essaye de masquer le soupir de soulagement qui monte en moi.
‘Bon ! Reprends-toi ! Finit ta clope et joue ! Vite ! Ils ont dû te griller ! Putain quel con ! Pourquoi ? Merde mais elle me manque ! Déjà !’
Clope terminée, j’attrape Mélo, vérifie l’accordage, et c’est parti tout en douceur, Stairway To Heaven, pour démarrer, Layla, également pour rester dans mes classiques et quelques autres morceaux fraichement travaillées avec mon prof de guitare. Je scrute l’assemblée à la dérobée, m’attendant à la retrouver, mais elle n’est toujours pas là, je n’arrive plus à jouer, repose donc mon instrument, prétextant une crampe, et j’attrape mon portable que je viens de sentir vibrer.
Message, numéro inconnu : ‘ Je reviens dans deux minutes. Cécilia’
‘Comment a-t-elle eu mon numéro de téléphone ? Pourquoi cette absence soudaine ? Pourquoi je me pose toutes ces questions ?’
J’attends donc avec impatience son retour, un peu perdu, je n’ose pas répondre à son message, je ne veux pas me griller.
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