En Marche (suite)…
Nous avons repris notre marche sous un soleil de plomb, le fond de l’air est frais mais les rayons du soleil chauffent dur et nous sommes en sueur. Le retour se fait par le haut des falaises qui surplombent le sentier que nous avons emprunté ce matin, sans beaucoup d’ombre sur la première partie, et je commence à sentir les méfaits de la chaleur et de la fatigue sur mon organisme. Ma fierté prends le dessus pour me permettre de tenir jusqu’au sous-bois dont l’ombre me fait le plus grand bien, mais je ne tarde pas à réclamer une pause, certes le dénivelé est négatif sur le premier kilomètre, mais je commence à sentir mes limites se rapprocher et je ne veux pas les atteindre aujourd’hui.
« - Cha !!! On se pose deux minutes s’il te plait… J’en peux plus…
- Quoi ? Déjà ?
- Sérieusement, je plaisante pas là… J’ai besoin de couper un peu…
- Ok, je te l’avais dit de pas trainer ce matin… Bois un coup, mouille toi un peu mais ne t’assied pas… Dans 500m on fait une vraie pause…
- Oui maman…
- Arrête !!! Je suis pas ta mère… »
J’adore quand elle prend ce ton autoritaire avec moi, qu’elle assume ce rôle de grande sœur, elle me fait vraiment craquer dans ces moments-là. Après avoir pris quelques gorgées d’eau fraîche, et m’être copieusement arrosé la tête, je reprends mon sac à dos et nous reprenons notre route pour quelques minutes, nous rejoignons la partie supérieure de la cascade du torrent de la Pisse. Je la suis à quelques mètres, nous bifurquons sur la droite après avoir traversé le torrent, et quelques mètres plus bas nous nous retrouvons sur un balcon rocheux traversé par le torrent, que nous parcourons jusqu’au pied d’une chute d’eau, ou elle de déséquipe immédiatement.
« - Pause !!!!
- Quoi ici ?
- Pourquoi il te plait pas ce coin ?
- Si mais bon, on aurait pu se poser simplement à l’ombre au bord du sentier...
- C’est bon, fait pas ton rabat-joie… Là au moins on est tranquilles…
- Ok, on se pose là… Je pose mon sac à dos à côté du sien, et quitte mon t-shirt. Je vais pisser un coup… »
Je rebrousse chemin jusqu’au premier arbre pour me soulager en sifflotant, profitant en même temps du paysage et me grondant intérieurement de ne pas avoir sorti mon appareil photo depuis le repas. Mon affaire terminée, je retourne rejoindre Charlène près de la chute d’eau. Le ruissellement a creusé dans la roche un petit riou qui longe la falaise avant de reprendre sa course dans le vide, arrivé à ses côtés, elle a ôté ses chaussures et trempe les pieds dans l’eau qui ruisselle, à l’ombre des rochers.
« - Tu vois que le coin est agréable…
- La vue est sympa, c’est vrai…
- Allé, quitte tes grolles et mets-toi à l’aise… C’est rafraichissant, tu vas voir…
- J’arrive…
Je m’exécute, m’installe à ses côtés, je trouve que son idée est géniale, l’eau est froide, mais cela ne gêne pas, c’est même vraiment agréable au bout d’un moment, j’en profite pour m’en asperger la tête également.
- Tu fais quoi ?
- Ben je me rafraîchis.
- C’est pas comme ça qu’il faut faire. Viens avec moi, je te montre.
Elle se lève soudainement, m’entrainant par la main sous l’eau qui dévale la roche au-dessus de nous. Je suis à deux doigts de l’hydrocution, l’eau est vraiment très froide, et les frissons qui me parcourent me coupent la respiration quelques instants...
- T’es pas bien !!! Elle est gelée…
- Justement, au moins on se rafraîchit vraiment, t’es franchement une chochotte quand tu t’y mets…
- Habillés en plus… C’est une super idée…
- C’est bon on est à une grosse demi-heure de la voiture, il est même pas quatorze heure, on aura le temps de sécher avant de repartir…
- T’as définitivement pété les plombs toi… »
Après quelques minutes sous l’eau, il est vrai que je me suis habitué à la température, l’effet est bénéfique et je me sens vraiment revigoré par cette douche improvisée sous la cascade, mais il est temps que je me mette au soleil histoire de me sécher si je ne veux pas finir avec une bronchite.
Je me pose sur la pierre chaude et enfile mon t-shirt pour me réchauffer un peu, tandis que Charlène continue de batifoler sous l’eau, j’en profite pour la regarder à la dérobée, faisant mine d’admirer le paysage. Ses vêtements collent à sa peau, laissant apparaître clairement ses jolies formes, elle n’est pas vraiment maigre, pas grosse non plus, sa carrure sportive lui a sculpté des épaules un peu larges, ses hanches sont fines, et ses fesses bien rebondies, ses bras musclés juste ce qu’il faut pour rester féminins, sa poitrine ronde et ferme se balance légèrement à chacun de ses mouvements. Ce qui m’impressionne le plus chez elle ce sont ses jambes, parfaitement galbées, athlétiques et affreusement appétissantes.
Je ne peux pas laisser ce moment oublié et attrape mon appareil photo.
« - Chou !!!
J’appuie sur le déclencheur au moment où elle se retourne.
- Tu fais chier Lou, range ce truc !!!
- Surement pas… T’es trop belle là…
- J’aime pas les photos…
- C’est bon, fais pas ta timide…Moi je te trouve magnifique… Lâche-toi un peu s’il te plait… Laisse-moi faire…
- Et puis zut, de toute façon tu me lâcheras pas…
- Exact… »
Je continue à la photographier, alors qu’elle se prend enfin au jeu, jouant à poser comme les mannequins dans les magazines. Une centaine de photos plus tard, elle se lasse et vient me rejoindre…
« - Fais-moi voir les photos…
- Nan… On les regarde ce soir, tous les deux et tu feras le tri…
- Mais toi tu les as vu…
- Même pas, je te l’ai dit ce matin, ou on les regarde tous les deux ensemble ou pas du tout…
- Bon faut que je sèche moi… »
Elle est debout devant moi, ses cheveux trempés dégoulinent sur la roche, ils ont foncé avec l’eau et ses yeux ressortent encore plus au-dessus de son sourire étincelant, lorsqu’elle déboutonne son short, le quitte, et ôte son t-shirt. Mon seul réflexe est de détourner mon regard, alors qu’une immense gêne m’envahit et que je sens mes joues s’empourprer.
« - C’est bon, fais pas ton mec choqué !
- C’est pas le cas mademoiselle Rivière, c’est juste du respect pour toi…
- Tu crois que si ça me gênait, je l’aurais fait devant toi ?
- Je sais pas, peut-être…
- C’est bon, on va habiter ensemble pendant un moment, ça arrivera bien un jour… Autant que ce soit volontaire…
- Ok, si tu le prends comme ça…
Je me suis pris à son jeu et j’ai également quitté mon t-shirt et mon bermuda sans penser que son attitude avait provoqué une certaine réaction virile chez moi.
- Et bien monsieur Gallo, on ne se contient plus...
- Je… C’est pas ma faute… Désolé…
Je vire à l’écarlate, contrarié…
- C’est bon Lou, c’est la nature, c’est le contraire qui m’aurait vexé… Et je peux te dire que ça ne me laisse pas insensible non plus… »
J’ai osé lever les yeux vers elle, et je la découvre alors, en sous-vêtements noirs, rien de bien affriolant à vrai dire, si ce n’est que c’était elle, qu’elle me plaisait vraiment depuis que je l’avais rencontré, et que la voir à moitié nue devant moi provoque un certain trouble.
La blancheur de sa peau détonnait avec le noir de ses dessous, accentué par le vert profond de ses yeux, et la simplicité de son sourire. J’aurais aimé l’immortaliser à ce moment précis, mais je savais que ce serait franchir une limite qu’elle n’était prête à franchir. Elle est venue s’asseoir à côté de moi.
« - Mon cœur, tu es magnifique là, t’imagine même pas… Tu me fais fondre…
- Merci, mais c’est pas moi, c’est le soleil…
- Charlène… Je… Je… Tu me fais craquer… Tu as réussi à détruire une partie de l’armure que je me suis construite après Cecilia… En trois jours… Déjà avant en fait, mais depuis qu’on est ici… C’est encore pire…
- Pire, je dirai plutôt que c’est mieux… C’est pour ça que t’es là, n’oublie pas… Il faut qu’on brise cette carapace, qu’on aille chercher dessous pour être sûr de te guérir…
- Ma Chouchou…
Elle a plongé ses yeux dans les miens, et je n’ai pas pu continuer…
- Mon Loulou… »
Nous nous sommes allongés sur la pierre chaude, la sensation est parfaite, la chaleur se diffuse lentement dans mon dos, et je ferme les yeux, essayant de faire le point.
‘Elle doit lire dans mes pensées c’est pas possible, à chaque fois que je veux lui dire, elle me transperce avec son regard… Ou alors c’est que je suis pas encore prêt… Ou alors… Cess, c’est pas toi qui joue à ça ? Sinon… Sinon rien en fait… T’as peut-être raison, c’est encore trop tôt… Mais pourtant… J’en suis presque convaincu… Mais si tu trouves que c’est pas encore le moment…’
Je sens du mouvement à mes côtés au bout d’un moment et j’ouvre les yeux, Charlène se rhabille, j’en fait de même, enfile mes chaussures et nous repartons sur le sentier sans un mot, nos regards ont une nouvelle fois parlé pour nous.
La fin de la randonnée me semble une partie de plaisir, nous cheminons côte à côte, main dans la main jusqu’à la voiture que nous atteignons une bonne demi-heure plus tard. Mes fesses n’ont pas encore touché le siège que mes yeux se ferment, terrassé par la fatigue, je sombre dans le sommeil bercé par les excellents souvenirs de cette magnifique journée.
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