Weekend retrouvailles…
- Coucou m'man, vous allez bien ?
- Ça va et vous ?
- Un peu crevés mais ça va, on gère. Je t’appelle juste pour te dire que je descend ce week-end.
- Tout seul ? T’as un souci ?
- Non, tout va bien. Chouchou me donne quartier libre, donc je descends faire une dernière bringue avec les copains… De toute façon, elle est interdite de longs trajets en voiture maintenant.
- J’imagine… Et tu la laisse seule tout le week-end ?
- Oh que non… Sabrina vient squatter à l’appart…
- Pas de soucis, on t’attends vendredi soir.
- Merci à bientôt.
Mes parent prévenus de mon arrivée, il ne me reste plus qu'à passer quelques coups de fils pour prévenir tout le monde de ma présence ce week-end, chez mes parents. Je décide donc de réunir tous mes amis pour profiter d’eux sans frustrer personne, repas au resto et soirées sur Aix, et peut être un tour en boite si je suis en forme.
- Bon weekend les filles et pas de bétises…
- Ici? Il risque pas de nous arriver grand chose…
- Avec toi, on sait jamais… Tu m'appelles quand tu arrives?
- Bien sûr ma chérie. Profites-en pour te reposer… Sab je compte sur toi pour prendre soin d’elles?
- Mais oui ne t’inquiètes pas…
- Passe le bonjour à tes parents et à tous les copains…
- Ce sera fait…
- Tu vas me manquer… Je t’aime mon coeur…
- Je t’aime ma puce… Merci pour tout. A dimanche…
- A dimanche…
Je suis tiraillé en montant dans la voiture, d’un côté, cette coupure me fera le plus grand bien, retrouver les copains, la famille, Emeline, j’ai grand besoin de tout ça, mais en même temps, ça fait tellement longtemps que j’ai pas été séparé de Charlène plus de quelques heures que j’ai une boule dans le ventre et un léger poids sur la poitrine.
Une fois arrivé, après un coup de téléphone à ma moitié, je prends le temps d’une grande pause au cimetière pour saluer Cécilia, et lui souhaiter un bon anniversaire avec un peu de retard.
‘Coucou ma belle, je sais que je suis un peu à la bourre, mais je te souhaite un joyeux anniversaire. Je suis désolé du retard, je sais que tu comprends, entre les travaux, le boulot, Charlène qui fatigue vraiment, et la distance, c’est un peu plus compliqué… Mais tu vois, je suis là et t’es la première personne que je suis venu voir. Je suis si content de venir passer le weekend ici, de retrouver toute la bande, d’en profiter pour faire un peu la fête avant la naissance de…
Tu dois déjà le savoir toi… Mais tu dis rien…
Tu veux pas me donner un indice? Cess s’il te plait…
Bon… Tant pis…
Allez, je vais filer, je te fais d’énormes bisous ma petite étoile, je repasse te voir avant de repartir, promis…’
Après cette visite, je me sens un peu mieux, et je file retrouver mes parents, qui m’attendent avec impatience. Puis je retrouve Emeline et sa bande chez elle, où tous me serrent dans leur bras, heureux de me retrouver après un long moment d’absence et émus par ma future paternité, alors que certains d’entre eux approchent la trentaine et n’ont même pas ce genre de projet en tête.
En même temps que l’apéritif dînatoire est dressé, table, chaises et meubles sont poussés d’un côté de la pièce, le salon se transforme en scène de karaoké, et sous l'insistance de tous, je suis obligé d'ouvrir le bal, je choisis “Behind blue eyes” des Who. C’est la première fois qu’ils m’entendent chanter et malgré les quelques verres, je pense que j’ai assuré, à voir leur mines étonnées, et les regards interrogateurs qu’ils se lancent pour savoir qui sera le prochain.
- Alors? C’est qui le suivant?
-Putain Louis… On va passer pour quoi maintenant? Tu nous as caché ça depuis tout ce temps…
- Moi je le savais!!! La prochaine, tu la joues à la guitare?
- Ça aurait été avec plaisir, mais j’ai tout laissé chez moi, si j’avais su…
- Parce qu’en plus tu joues de la guitare?
- Depuis plus de dix ans…
- Mais tu fais de la scène aussi?
- C’est en projet, avec Chou on a monté un duo, on répète souvent nos reprises, et on essaye de bosser sur des compos, mais là, c’est un peu compliqué… En attendant, tous les vendredi après-midi, je retourne au centre pour jouer avec la chorale qu’on a montée avec mon ancienne psy, ça me permet de garder un pied dans la musique, d’accompagner les résidents…
- C’est sympa ça…
Au final, je les ai laissé chanter chacun leur tour, ne prenant le micro que pour les accompagner sur quelques duos, discrètement, avant que chacun ne regagne son lit.
Le lendemain je me lève assez tôt, je n’ai plus l'habitude de dormir seul et le contact doux et tiède de Charlène m’à énormément manqué cette nuit, je n’ai eu personne à enlacer, nulle part où poser mes mains, mais surtout, j’ai réussi à garder toutes les couvertures pour moi.
J’en profite pour poursuivre mon programme, avec un petit footing sur les chemins de mon enfance, que je retrouve une nouvelle fois avec une grande joie, poussant même jusqu'à la chute d’eau où nous avions passé l’après midi à chanter avec Cess il y a quelques années. Un léger pincement au cœur, quand je me remémore ces quelques heures en sa compagnie dans le froid, une larme ou deux qui coulent, quand je repense à son si joli regard, quelques frissons en récitant les paroles de la chanson écrite pour elle, puis je continue mon chemin.
En reprenant ma route, je me rends compte que malgré le temps qui passe, tous les evenement qui ont bouleversé ma vie, toutes les choses auxquelles je suis obligé de penser, chaque jour à chaque seconde, elle reste présente dans mes pensées, les souvenirs des moment passés ensemble restent intacts et provoquent toujours la même émotion.
Après une bonne douche et un petit déjeuner copieux, je passe le reste de la journée à bricoler avec mon père, nous fabriquons quelques nichoirs à oiseaux, qu’il installera dans les arbres autour de chez eux et un pour notre jardin aussi. Je n’ai pas été habitué à ces activités père-fils, il était toujours occupé, même les weekends, à droite ou à gauche, mais cette journée nous fait du bien, nous discutons surtout de notre future maison, je lui montre les dernières photos, il en profite pour m’expliquer quelques trucs, me conseiller sur la façon de faire les choses.
En début de soirée, je prends le bus pour rejoindre les copains du lycée ( c’est con mais même des années plus tard, ce surnom est resté…) chez Tonio où rien n’a changé, je retrouve rapidement mes habitudes, et mes réflexes de serveur pour soulager le patron.
- Ben alors Lou, t’en a fait quoi de ta moitié?
- Elle est punie à la maison…
- Punie? Pourquoi?
- Elle a eu la mauvaise idée de tomber enceinte… Donc moi, je fais la fête avec les copains, et elle se repose…
- T’es sérieux? Mais c’est prévu pour quand? Garçon ou fille?
- Il rest un peu moins de deux mois, et on connait pas encore le sexe…
- Je suis vraiment content pour vous deux… Tu vas voir, c’est des super moments à passer…
- Merci Tonio.
- Tu l’embrasseras pour moi.
Nous trinquons une première fois à nos retrouvailles, une seconde à mon futur enfant et une troisième à nos nouvelles vies, avant de flâner à travers les rues jusqu’au restaurant, puis nous poursuivons la soirée dans notre pub habituel, le Four Courts, où la bière coule une nouvelle fois à flot, où les riffs de guitare du musicien résonnent au milieu du brouhaha des discussions. Nous échangeons les souvenirs de nos années lycée, parlons de nos nouvelles vies, de nos projets, je leur montre les photos de ma région d’adoption, de notre maison, des travaux, de Charlène avec son ventre bien rond. Nous prenons même le temps de l’appeler quelques minutes pour la féliciter et la rassurer, pas de boîte de nuit ce soir, il est bientôt minuit et vu notre état, il est préférable de ne pas en rajouter et d’aller nous coucher directement.
- Ma puce… Tu me manques… Je suis dégouté que t’ai pas pu venir…
- Tu sais bien que je peux pas faire autrement.
- Oui, mais ça fait un peu vide quand même. Au fait Tonio t’embrasse fort, il n’en revenait pas quand je lui ai dit que t’étais enceinte.
- C’est gentil… Bon mon amour, ne m’en veux pas mais je suis vannée, on va aller se coucher.
- Elle a été sage au moins?
- Mais oui, on a passé la journée à discuter sur la terrasse, elle m’a fait à manger, la vaisselle, et si je l’avais laissée faire elle aurait même fait le ménage…
- Super. Bonne nuit ma princesse.
- Bonne nuit mon chéri. Sois sage… A demain.
- A demain… Je t’aime…
- Je t’aime aussi mon chéri…
- Je t’aime moi aussi Loulou!!!!
Un dimanche au bord de l’eau, pour une belle journée de printemps, tous mes potes réunis, un immense barbecue, que demander de plus? L’eau de la Durance reste beaucoup trop froide en cette saison, pour tenter un bain, mais ça ne nous empêche pas de finir totalement trempés, les uns répondant aux farces des autres.
J’ai des souvenirs plein la tête, des photos plein mon téléphone, et j’ai surtout fait le plein d’énergie positive…
C’est le cœur lourd, les yeux humides, et une tempète sous le crâne que je reprends le volant, vers ma nouvelle vie, ce weekend m'a fait un énorme bien, requinqué, reboosté pour affronter les événements à venir.
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