La vie reprend son cours…
Après quelques jours de convalescence, nous avons enfin l'autorisation de rentrer chez nous avec notre fille, Charlène a encore quelques séquelles de son accouchement difficile et pour obligation de ne pas faire d’efforts inutiles et violents pendant encore deux semaines minimum, et Cécilia a un rendez-vous quotidien à domicile, avec la sage femme, pour surveiller l’évolution de son poids et son état de santé. De mon côté, je suis contraint de rester à la maison pour pouvoir m’occuper de ces deux demoiselles en cas de besoin et je profite au maximum de chaque minute passée à leurs côtés.
Nos journées sont rythmées par Cilia, qui, en bon chef d’orchestre, ne tolère aucun retard pour ses repas, et aucune fausse note dans le planning de ses siestes, à l'ombre du parasol, dans l’air encore frais de ce début d’été, bien installée entre les chaise longues où ses parents lézardent une grande partie de chaque après midi.
Même si mon bonheur de pouvoir profiter pleinement de leur compagnie est total, nous avons négocié avec Caro, Sab et Magali de venir me remplacer quelques heures dans la journée en fonction de leur disponibilité, pour que je puisse aller me défouler un moment à l'extérieur.
Dès la fin des chaleurs, au début du mois de septembre, nous entreprenons notre première transhumance en direction du coeur de la provence, pour faire découvrir à notre fille les odeurs particulières de la garrigue, le centre ville encore animé d’Aix avec ses derniers touristes, et mes amis qui se languissent de la rencontrer enfin, mais surtout pour aller rendre une visite émue à celle qui lui a transmis son prénom.
Encore fatiguée par les suites de l’accouchement et par la chaleur toujours présente, Charlène décide de rester avec mes parents au calme et au frais, et c’est donc en duo avec ma princesse que je débarque au cimetière.
- Coucou ma petite étoile, je suis venu te présenter Cécilia enfin Cilia du coup, je te laisse le Cess… Je m’excuse de pas être venu te voir plus tôt, mais les circonstances étaient un peu compliquées, et on a pas voulu prendre de risques… Je suis vraiment heureux depuis que j’ai rencontré Charlène, depuis qu’on vit ensemble tous les deux, mais depuis qu’on est trois, je peux même pas mettre de mots sur ce que je ressens, je me sens vraiment comblé, vivant, et plein d’espoir.
Regarde ma princesse, c’est tata Cess sur la photo… C’est grâce à elle que tu portes ce joli prénom, dommage que tu puisses pas la rencontrer, je suis sûr que tu l’aurais adorée… Et elle aussi…
Comme un signe, ma fille reste figée, les yeux rivés sur la photo qui trône toujours sur la dalle de pierre, comme si elle comprenait…
Tu vois comme elle est belle, souriante, un jour je te parlerais d’elle ma chérie, je te raconterais l’histoire de tata, et j’espère que tu l’aimeras comme je l’ai aimée.
Ma petite étoile, j’espère que tu veilleras sur elle comme tu le fais sur moi depuis tout ce temps, et que tu es fière de nous… Je vais tout faire pour qu’elle ait en elle ce petit quelque chose que j’ai toujours pour toi, et qu’elle te connaisse aussi bien que je t’ai connue, qu’elle sache quelle belle personne lui a donné son prénom… Je t’aime Cécilia… Je vous aime toutes les deux.
J’ai pris ma fille dans sa poussette avant d’aller embrasser le marbre juste a l'endroit où est gravé son nom, puis j’ai posé délicatement un doigt sur les lèvres de Cilia, que j’ai apposé ensuite au même endroit, j’ai versé quelques larmes, et je me suis assis entre les fleurs, pour fredonner sa chanson, pendant que la petite sourie, en me regardant, comme si elle comprenait ce que nous faisons ici, ce que je lui ai raconté, ce que je ressens pour sa tata disparue. Nous retournons ensuite chez mes parents, juste à l'heure pour le goûter.
- Alors, comment ça s’est passé?
- Elle a été adorable, pas un pleur, pas un cri.
- Ah ouais? Alors qu’avec moi, dès que je vais balader à Briançon ou au bord de la
Durance, elle est toujours grincheuse.
- C’est pas grave ma chérie… Je me demande si elle a pas senti quelque chose… Elle a fixé le portrait de Cess comme si elle la reconnaissait, elle m’a souri tout le temps, c’était vraiment émouvant…
- C’est vrai qu’elle reste souvent bloquée sur la photo à la maison, elle l’a peut être reconnue…
- En tout cas ça m’a fait du bien qu’elle soit avec moi…
Le soir même, nous partageons un grand repas avec ma famille et les copains, le premier tous ensemble, Hélène a aussi fait le déplacement et elle est en extase devant les sourires mignons de Cécilia, la voir aussi souriante et prévenante avec la petite fait tellement plaisir à voir. Tous mes amis sont venus aussi pour partager cette soirée, et je suis heureux de les retrouver, de passer avec eux ces quelques heures, délaissant quelque peu ma fille et ma femme, pour profiter de ces moments.
- Mon coeur!!! C’est l’heure !!!
- Oui ma puce, j’arrive…
- Vous allez déjà vous coucher?
- Tu rèves!!! Quoi que Cha devrait pas tarder… Je vais juste coucher Cilia… C’est mon moment privilégié avec ma fille…
- Oh! C’est trop mignon Loulou qui joue le papa gâteau…
- Vous foutez pas de moi, on verra quand ce sera votre tour…
- C’est pas demain la veille…
Après un dernier tour de l’assemblée, je file me mettre au calme pour endormir Cécilia , qui ne lutte pas plus de cinq minutes avant de sombrer,avec une petit berceuse.Jje la dépose délicatement dans son couffin et retourne dans le jardin après avoir allumé l’interphone, que je glisse dans ma poche.
- Déjà?
- Elle était vraiment KO, je crois que la journée a été longue pour elle aussi.
- Vous êtes passé voir Cess?
- Bien sûr, j’y suis allé avec la petite, Cha est restée se reposer un peu ici. Ça m'a fait bizarre de retrouver Aix, j’étais presque mal à l'aise avec tout ce monde.
- Tu m’étonnes, on est mieux chez nous, surtout en ce moment.
- C’est sûr qu’on voit moins de monde…
Nous avons continué à profiter de la soirée tous ensemble, encore une fois, dès que nous nous retrouvions, il était difficile de nous séparer, ne sachant pas quand est-ce que nous nous recroiserions.
Le retour fut un nouveau déchirement pour moi, comme à chaque fois que je revenais ici, j’aimais profondément cette région, ce village, tout comme là où nous vivions maintenant, et chaque séparation me remuait les tripes.
Le retour chez nous signifie aussi le retour au boulot, où chacun m’accueille avec un immense sourire, un mot gentil et quelques bricoles pour notre petite princesse, tandis que moi, je débarque avec le petit déjeuner pour fêter ça.
Petit à petit, nous avons pris notre rythme, Charlène reprenant peu à peu son poste au centre, avec l'autorisation de garder Cilia dans son bureau, et des horaires lui permettant de s’en occuper si besoin et Magali jouant aussi à la baby-sitter de temps en temps.
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