Vacances sportives bien méritées…
Après une dernière semaine de boulot, le première semaine de septembre marque le début de nos trois semaines de vacances, avec un programme bien établi: dès le samedi matin, nous prendrons la route pour passer une semaine dans le “Sud”, un premier weekend chez mes parents, l'ascension de la montagne de Lure pour moi, puis direction la mer et le camping où mes parents ont installé leur caravane il y a quelques années, près de La Ciotat, pour cinq jour de repos et de baignade, puis nouveau weekend chez mes parents et un nouveau défi de taille..
Lorsque nous débarquons samedi matin, le soleil brille mais le temps est déjà frais, de bon augure pour moi et ma sortie du lendemain, je suis toujours aussi heureux de retrouver mon village, ses collines boisées, et mes amis avec qui nous passons ensuite l’après-midi à Aix.
- Salut mon étoile, c’est nous. et on a une nouvelle à t'annoncer, même si je me doute que tu dois déjà le savoir. Mon coeur…
- Coucou Cess, ben voilà,on y croyait pas trop après mon premier accouchement difficile et les discours des médecins, mais la chance est avec nous, enfin, la chance ou autre chose, je suis de nouveau enceinte…
- On est trop contents, on n'y croyait pas et c’est un petit miracle. Sinon, on est en vacances dans le coin cette semaine, donc on repassera sûrement te voir. Tu me manques toujours autant, même si je me suis habitué à ton absence. Bon, on va te laisser, on nous attend pour boire un coup.
- Cilia, tu dis quelque chose à Tata Cess?
- Vi. Bisous, bisous Tata Cess.
- Lou, allez y, je vous rejoins à la voiture, je voudrais parler avec Cécilia deux petites minutes.
- Si tu veux…
Intrigué, j’ai pris la petite dans mes bras pour rejoindre le parking en observant du coin de l'œil la scène qui se déroulait à quelques mètres de moi, Charlène assise sur la dalle en pierre, en train de parler en fixant le visage de Cécilia sur la photo.
Nous retrouvons une partie de mes amis à la terrasse du Four Courts, et je m’empresse de leur annoncer la bonne nouvelle, alors que la plupart d’entre eux n’ont pas encore de situation amoureuse stable, je débarque avec Charlène, Cécilia, et un mini gnôme en cours de cuisson, je me sens à la fois fier de toutes ces réussites, et un peu mal à l'aise vis à vis d’eux.
Ça ne change rien à notre amitié, toujours aussi forte malgré le temps, la distance et les changements dans nos vies respectives, leurs félicitations émues et leurs embrassades tendres me rassurent pleinement, et nous passons encore une après midi agréable à flâner dans le centre ville, entre les boutiques que les filles s’empressent de visiter, à faire les pitres comme les ados que nous étions quelques années auparavant.
Nous devons refuser leur proposition de repas au restaurant, Cilia commençait à tomber de fatigue et de mon côté, je voulais profiter d’une bonne nuit de sommeil avant de grimper sur mon vélo, même si ce n’était qu’un échauffement, une promenade, pour ce que je me réservais le dimanche suivant.
Effectivement cette journée n’est qu’une formalité pour moi, même si la montée ne fut pas de tout repos, je boucle ma sortie dominicale en moins de temps que prévu, sans avoir l'impression d’avoir forcé plus que de besoin.
Après cinq jours à la mer où nous avons pu profiter des belles journées de ce début septembre pour qu’elles découvrent La Ciotat, Cassis, les Calanques, et d’une eau encore assez chaude pour pouvoir prendre des bains journaliers, nous retrouvons mes parents pour organiser la journée suivante. Organisation qui se doit d’être au top, pour réaliser non pas un défi mais trois, trois rêves en un, celui de devenir un “Cinglé du Ventoux” avec trois ascension du Géant de Provence à la suite par les trois versants dans la même journée, près de cent soixante-dix kilomètres, pour quasiment cinq mille mètres de dénivelé. Nous définissons donc le parcours le plus adapté et les zones de ravitaillement tout au long de l’itinéraire envisagé.
Monumental, c’est ce qu’ils disent, ceux qui ont réussi, ceux qui ont échoué aussi, mais je me sens véritablement prêt pour ce défi, motivé comme jamais, et surtout surexcité.
Je m'élance donc seul en ce dimanche matin de Revest du Bion pour un départ tranquille, alors que le soleil commence tout juste à pointer ses premiers rayons dans mon dos, une quinzaine de kilomètres en légère descente pour mettre la machine en route, jusqu’à Sault et entamer la première ascension, par le versant le plus facile, du moins jusqu’au Chalet Reynard, trois photos des femmes de ma vie scotchées sur le guidon pour me donner du courage.
La route est large, la circulation quasiment inexistante jusqu’au pied de la première ascension, et la température très agréable, je rejoins Sault à un bon rythme, et retrouve mes supporters les plus matinaux, à savoir mon père, mon frère et Charlène, Thaïs et ma mère ne les rejoindront qu’un peu plus tard avec Cilia. Je pose rapidement pied à terre, échange ma première gourde déjà vide, grignote un morceau, embrasse Charlène et repart pour entrer véritablement dans le vif du sujet après quelques encouragements.
Le début de la montée s’effectue sur une route étroite qui serpente au milieu des champs de lavande coupée, la pente est douce et je prends doucement mon rythme de croisière. J’ai choisi quelques points de repères pour estimer ma vitesse au cours de la journée, pas question de faire la course, l’objectif étant d’arriver au pied de la dernière descente à Sault. Les champs laissent peu à peu place à une forêt de pins, et je me fais rattraper par un groupe de cyclistes, peut-être pas plus affutés que moi, mais en discutant avec eux, j’apprends qu’ils ne feront qu’une seule ascension aujourd’hui, ce qui explique leur rythme plus élevé.
Pas de folie, je les laisse me distancer, rapidement, sans chercher à les suivre, pour me concentrer sur ma journée. Après une portion plane, et les premières portions raides, je sors de la partie arborée, passe devant le Chalet Reynard, et entre dans la partie véritablement pentue de ce versant. Petite portion en légère descente, quelques gorgées d’eau, une barre de céréales et je fixe le premier virage, cinq cent mètres plus loin, après lequel j'apercevrai enfin le sommet où m'attendent mes proches, première étape de ce défi.
Le paysage est désormais lunaire, désertique, mélange de rochers, de pierres et de terre, me rappelant étrangement celui du col d’Izoard et de la Casse Déserte, ces pensées ravivent en moi des souvenirs joyeux et je me replonge dans cette journée fabuleuse, théâtre de mon premier exploit sportif. Lorsque j’atteins la fin de ce premier virage à droite, mon regard accroche immédiatement le sommet à l'horizon, il me paraît inatteignable vu d’ici, si loin.
Après quelques kilomètres, un coup de klaxon dans mon dos, le signal, j’attrappe ma gourde vide tends le bras gauche, et hop disparue, j’attends quelques secondes, sens une gourde pleine dans ma main, et hop dans le porte gourde, on renouvelle l'opération pour le ravito solide, quelques mots d’encouragement et mon père me double en me faisant signe de la main. Ouf, l’opération s’est bien passée, malgré les répétitions et essais, j’étais encore hésitant, peu sûr de moi, mais ce premier échange me réconforte, et me donne un surplus de motivation. Prochain rendez-vous au sommet…
Les jambes sont bonnes, les sensations aussi, je me dresse régulièrement sur les pédales, aussi souvent que nécessaire, pour relancer un peu l’allure, et rejoint rapidement un nouveau groupe aulequel je m’integre.
- Bonjour.
- Salut.
- Tu vas où comme ça, tout seul?
- En haut, une première fois, pour les deux autres on verra bien. C’est mon premier Ventoux.
- Un futur Cinglé, comme nous.
- Vous triplez vous aussi?
- Pardi… Bien sur… Pour la quatrième fois…
- Ça vous dérange si je m'incruste?
- Bien sûr que non, ce sera plus sympa pour toi. Puis si tu roules comme ça, ça va bien nous aider.
- Merci.
J’ai donc tracé ma route vers le sommet avec ces cinq cyclistes, pour retrouver ma famille qui attendait impatiemment mon arrivée. Rouler accompagné m’aide à ne pas me focaliser sur mon rythme ou ma vitesse, de temps en temps nous échangeons quelques mots, tout en restant concentrés sur notre objectif.
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