Épître II : Masques et Mirages

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Cher lecteur,


Tu peux être dérangé ou apaisé, cela importe peu pour moi. Néanmoins, ta perception des choses mérite quelques précisions.

Le Dieu dont j’ai entendu parler se révélait un mystificateur de première classe, dirais-je. Il baignait dans une aura de mystère et de contradiction, une créature dont les velléités dépassaient tout sens commun. Ce fils ingrat ne prit pas la peine de se présenter lors du départ de ses parents. Tu me jugeras peut-être cynique, mais même les anges, ces créatures éthérées, se sont transformés en simples figurants dans une mise en scène orchestrée par Dieu.

Il serait erroné de réduire cette histoire à un seul instigateur. Les Régents, par exemple, ne demeuraient plus les frères d’armes jadis célébrés dans les mélodies épiques d’autrefois. L’alliance avait fini pareille à une amphore brisée. Cette fraternité, hier un phare d’éclat, s’est muée en un ciel d’étoiles filantes, s’obscurcissant progressivement.

Les sujets de ce royaume n’étaient pas en reste. Ils avaient choisi des allégeances, pris part à une querelle divine, réformant leurs vies quotidiennes en un champ de bataille pour des idéaux qu’ils comprenaient à peine. Finalement, on destitua un des Régents.

Abel et Caïn, ah, ces prénoms – symboles du drame qui se tramait.

Telles deux faces d’un scapulaire dévoyé, ils naviguaient dans l’ignorance, convaincus que leur rivalité constituait le véritable danger ; aveugles aux ficelles instigatrices. Quant aux Sept, tu pourrais les taxer de Gardiens de la raison détenteurs d’une connaissance plus antique que le cosmos. Pourtant, leur sagesse s’avérait aussi inefficace qu’une épée confrontée à une armée de damnés. Les temps changeaient...

Tu vois, cher lecteur, l’histoire que je te dévoile n’appartient pas uniquement aux célestes, mais également à une dimension en déliquescence, orchestrée par la volonté de la Créatrice. Tout s’intriquait, en une série d’événements inévitables et calamiteux, au service de ses desseins à l’encontre du Fondateur. Qui est ce parvenu qui ose la défier, t’insurges-tu ! Ni plus ni moins que l’architecte de l’Univers primaire, dont dépendent toutes ses variantes, dont la tienne. Je ne puis t’en dire plus pour le moment...

J’escompte que tu réussisses à séparer le vrai du faux, à dénicher une lueur d’espoir dans ce labyrinthe de ténèbres.

Peut-être te tentera-t-il de juger, de condamner ou d’absoudre les acteurs de cette grande tragédie.

Je ne peux t’offrir que des mots, des récits, et sans doute une occasion de réflexion. Le mystère demeure ; c’est à toi de trouver la clé, à toi de tourner la page.

Avec toute la splendeur qui me caractérise,

Le scribe de l’Obscur.

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