Chapitre 14 – Entre Ciel et Enfer

3 minutes de lecture

Sur l’île mystique, la nuit tumultueuse soufflait d’un vent violent, faisant danser les branches des arbres et froissant les feuilles sous sa bourrasque. Caïn, enlacé avec Ëlara, contemplait les constellations étincelantes à travers le dôme de verre qui lui servait de ciel. Leur amour parfait s’épanouissait depuis trois siècles. La voûte étoilée le captivait, mais les souvenirs du meurtre de son frère se glissaient fatalement dans son esprit, troublant ses pensées.

Perdu dans ses réflexions, un changement dans l’atmosphère le tira brusquement de ses songes. Caïn ressentit un malaise. À titre provisoire, il oublia sa bien-aimée et se redressa vivement, ses sens vampiriques en alerte. Il se tourna vers Dame Nature, qui le toisait avec appréhension.

— Quelque chose se trame ! déclara-t-il gravement.

— Que se passe-t-il ? s’alarma-t-elle.

— Ne le sens-tu pas ? 

Pris d’une terreur ineffable, le vampire se précipita hors du lit, laissant les draps éparpillés dans son sillage. Il enfila sa soutane de lin et ses sandales, tandis que sa dulcinée, elle aussi saisie par la panique, le suivait de près. Ils quittèrent la demeure avec hâte, traversant les sentiers mornes et tortueux de la forêt. Les arbres se pencher menaçants, dessinant des ombres inquiétantes. Le vent sifflait ; murmures indistincts, présage d’un malheur imminent.

Lorsqu’ils atteignirent la casacade, l’Oracle trônait bellement. Caïn s’approcha de la relique et, espérant y dénicher des réponses, y apposa sa paume. Mais au lieu de recevoir la clarté prophétique, il fut projeté dans un tourbillon de visions effroyables. Le temps accéléra subitement, et, en un instant, révéla le déroulement des événements à l’échelle planétaire. Son épouvante fit frissonner sa compagne, de plus en plus préoccupée.

Tremblant de tout son être, Caïn fit quelques pas en arrière, viscéralement ébranlé par sa contemplation. Enfin, il s’effondra sur une roche, la tête entre les mains, s’efforçant de repousser les images atroces qui l’assaillaient. Son corps se recroquevilla presque d’instinct, afin de se protéger d’une menace invisible.

Ëlara souffrit de le voir ainsi, elle usa du lien de l’âme, cette connexion intime née de l’amour véritable, pour tâcher de comprendre ce qui inquiétait son adoré. Ses paupières se closirent et elle se concentra, plongeant dans son esprit tourmenté :

« Une faille lacéra le tissu de la réalité ; un démon en surgit. De toute évidence cette brèche interdimensionnelle se situait dans une grotte. Trois humains, témoins fâcheux de cette apparition, se découvraient piégés à l’intérieur. L’effroi en exhalait, alors qu’ils tentaient incurablement de trouver une issue, mais les parois rocheuses se refermaient sur eux, les emprisonnant en compagnie du bourreau.

La créature, animée d’une férocité inégalée, attaqua sadiquement, déchirant la chair des malheureux avec ses griffes acérées, tandis que des hurlements d’agonie résonnaient. Ces vies furent cruellement fauchées, et le sol se teinta rapidement d’une marre sanglante.

Le lien spirituel l’unissant a son amant s’enracinait si bien que, la jeune femme éprouva les tourments subits. Un sentiment d’étouffement l’imprégna, le trépas des innocents l’oppressait physiquement. Lorsque la fin se produisit, une détresse incommensurable l’envahit. Son souffle se fit court et saccadé, ses mains se crispèrent sur sa poitrine. Les larmes l’embuèrent.

Tel un chant funèbre, les battements de son cœur tintaient encore à ses oreilles. Elle prit quelques instants pour recouvrer une respiration régulière.

— Par la Sainte Créatrice ! s’exclama-t-elle.

Caïn releva la tête, sa peine rivée à celle de sa dulcinée.

— C’est ma responsabilité ! Je dois empêcher cette catastrophe.

Mère Nature approuva sans mot dire, consciente de la justesse de ses propos. La présence d’un démon sur Terre avait le pouvoir de causer des ravages colossaux.

Considérant préférable d’adopter des précautions supplémentaires, ils renforcèrent les sorts de protection et s’équipèrent de filtres dont seule la Maîtresse des plantes détenait le secret.

— Dépêche-toi, mon amour ! s’énerva-t-elle, tremblante.

Caïn acquiesça, tandis qu’il fixait sa paume sur le Monholite enchanté. Il connaissait la psalmodie par cœur, mais, cette fois-ci, il devait la réciter avec une urgence nouvelle, dictée par la gravité de la situation :

« भूमितत्त्वस्य शक्तिभ्यो

नभस्तत्त्वस्य च। पूर्वजानां शक्तिर्मां

सन्निधत्स्व तनूभृताम्।।. »

Les runes gravées sur la pierre s’égayèrent, alors que sa psalmodie vibrait. Ëlara y ajouta son timbre :

« मायावी त्वां परिपालयन्नुपस्थापय मां च।

दूरं गच्छ स्वयं विहाय यावदेव विनिर्गमः

।। तात्पर्यं मम सिद्धार्थं साधयाशु महेश्वर।। ».

Une explosion éblouissante jaillit des glyphes estampillés. Transformé en particules, le couple fut aspiré, tandis que le cromlech les enveloppait.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire limalh ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0