Chapitre 17 : Bienvenue chez les Darck.

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Dans un maelstrom impétueux, ils furent entraînés jusqu’à un rocher flottant au milieu de l’espace. À l’horizon l’opacité ou une multitude infinitésimale d’amas colorés tourbillonnaient. Au cœur de ce panorama s’élevait un immense cumulonimbus laiteux, abritant un palais, mêlant noirceur et or.

Un bref instant, ils crurent distinguer une lueur provenant d’une des hautes tours de guet. Mais ils n’eurent guerre la jouissance de s’interroger sur ce phénomène.

Ëlara se tendit, sa paume appuyée contre son ventre pour retenir une souffrance. Ses prunelles s’écarquillèrent, saturées d’un mélange de perplexité et d’effroi. Au cours de ses millénaires d’existence, jamais elle n’avait goûté à la fragilité qui confère la maladie.

Caïn l’enlaça avec douceur, et demanda :

— Que se passe-t-il ?

Elle se détourna, cherchant à masquer sa détresse :

— Je ne sais pas... J’ai des nausées, avoua-t-elle à contrecœur.

— Ne t’en fais pas. C’est peut-être les contrecoups de ce vortex spécial.

Toutefois, avant de retrouver totalement ses esprits, un froissement d’ailes en altitude saisit son ouïe. Levant le regard, elle fut témoin de l’arrivée d’un pégase à la robe d’ébène, qui atterrit non loin. Charmée par cette vision, Ëlara oublia momentanément ses tourments.

— Bonjour ! Bienvenue au cœur des dimensions ! Je me nomme Eurymion, communiqua-t-il par télépathie.

Impressionnés par ce destrier, ils se contentèrent d’un sourire béat.

— La Créatrice m’envoie vous conduire au sein de son fief.

Caïn se pinça discrètement – la douleur confirma la réalité. Il inspira, essayant de rationaliser.

Eurymion déploya ses ailes pailletées, tandis qu’un escalier taillé dans du Karistal se matérialisa à son flanc. Malgré l’anxiété, le couple ressentait une certaine fébrilité. Avec précaution, ils se calèrent l’un derrière l’autre. À peine furent-ils installés qu’il s’élança, faisant naître un frisson d’excitation mêlé d’appréhension. Cependant, à leur grand soulagement, le pégase prit soin de se stabiliser à une vitesse de croisière. Ainsi, ses passagers purent pleinement profiter de l’instant qui s’offrait à eux. Les étoiles dansaient, laissant des traînées incandescentes, alors que de singulières nébuleuses se formaient et se dissipaient au gré des tintements cosmiques.

Dans ce voyage éthéré, le temps perdit toute signification. Ils se sentaient reliés à l’essence de l’univers - les limites s’effaçaient.

Le plaisir des amoureux enflammait l’orgueil d’Eurymion d’une fierté méritée ! À destination, ils aboutirent sur un ravissant balcon octogonal, enveloppé de fleurs aux variétés inconnues jusqu’alors.

Par enchantement, le petit escalier revint. Rayonnant de bonheur, ils regagnèrent le sol. Sans crier gare, une jeune fille aux longs cheveux d’ébène et aux iris dorés émergea, accoutrée d’une sophistiquée robe kaki. Elle ne devait pas avoir plus de quinze printemps.

— Merci, Eurymion ! Mamie t’en sera reconnaissante.

Dans un tourbillon argenté, il se miniaturisa jusqu’à la taille d’un piaffe. En planant, il se posa subtilement sur l’épaule de sa sorcière.

— Bienvenue chez nous ! Je suis Kayna Darck, Princesse de la magie, Héritière de la Créatrice, Gardienne des dimensions. Veuillez me suivre !

Sa puissance exhalée, ainsi que son autorité naturelle, les impressionna au point qu’ils obéirent sans un mot. Cette réaction s’avéra fort opportune, car elle leur permit d’admirer les merveilles de cet endroit luxueusement déroutant. Des portes s’entrouvrirent pour libérer ou aspirer des sphères.

Avec la dignité d’une reine, elle conduisait leurs invités à travers un couloir où l’or et les pierres précieuses rivalisaient en éclat. Un œil perçant, dissimulé sous des paupières à peine levées, les sondait. Ëlara, fascinée, effleurait une émeraude enchâssée, tandis que Caïn, bouche bée, contemplait les lustres de cristal.

— Ce mur n’est pas qu’un ornement, lança la Princesse, déclenchant un écran tactile. Une toile numérique s’anima, métamorphosant formes et couleurs.

— Prodigieux !

— Un chef-d’œuvre de notre artiste en résidence. Ne nous attardons pas.

Ils franchirent des salons où le faste d’antan se mêlait à des merveilles technologiques. Des automates, vêtus tel un tableau de la Renaissance, se mouvaient avec une grâce artificielle. Caïn se laissa tenter par une délicatesse culinaire, offerte par l’un de ces êtres mécaniques.

— Nos cuistots, venus des huit coins galactiques, sont inégalables, déclara Kayna, aussi inexpressif qu’une statue de marbre, avant de reprendre sa marche.

Le sol sous leurs pieds était un parquet d’essences rares, orné de motifs en nacre et en argent. Ils longeaient des fontaines où nageaient des poissons extraterrestres. Ëlara se penchait pour en observer un, mais la meneuse accéléra le rythme.

— Nous sommes attendus, lâcha-t-elle.

Alors qu’ils passaient devant un miroir, un individu en blouse blanche en sortit, les bousculant presque. D’abord, il parut choqué de les croiser, ce que nota Caïn. Puis, il les analysa, trembla et finalement baissa honteusement la tête :

— Excusez ma maladresse, Vos Altesses !

Kayna stoppa net son avancée, se retourna, et toisa son sujet avec une colère qui apparut démesurée à ses invités.

— Il n’y a pas de...

— Zuckerberg, rentre sur Terre illico ! Et ne mets plus un pied ici jusqu’à nouvel ordre.

L’homme se décomposa ! Et sans un mot, il s’enfuit à vive allure – son parcours jalonné par l’urine. Ne désirant pas la contrarier davantage, le couple emboîta son pas pressé.

Devant eux, deux battants de bois immaculé s’ouvrirent, encadrant un triskèl finement ciselée. Passant ce seuil, ils découvrirent un sanctuaire d’une splendeur inimaginable. Le mobilier, fusion d’antiquité et de futurisme, se mariait à une modernité épurée. Des coussins et des rideaux en nuances de crème et de parme insufflaient une chaleur subtile à l’ambiance.

Les murs se paraient de portraits d’une beauté quasi surnaturelle, irradiant d’une noblesse incontestable. Au centre de cette scène époustouflante, un trône d’obsidienne – la Créatrice y siégeait, entourée d’un cercle de figures, toutes charismatiques à leur manière.

Parmi elles, une femme à la royauté évidente se distinguait. Ëlara fut particulièrement frappée par ses chausses à talon raffinées. Sa robe, véritable chef-d’œuvre, épousait ses courbes avec une exactitude exquise – rehaussée par une chaîne de diamants scintillants. Sa peau, d’une blancheur d’albâtre, rappelait les paysages enneigés d’un hiver sans fin, un ressenti renforcé par ses interminables mèches polaires, tombant en cascades lisses.

— Bonjour, je suis Lyana Darck, Impératrice enchanteresse. Ne soyez pas craintifs ! Installez-vous !

Un simple claquement de doigts, et des plateaux chargés de mets délicieux et de sodas se révélèrent.

— Merci, répondirent-ils, subjugués par la puissance écrasante qui séchappait de ces individus.

Caïn s’immobilisa, troublé par une étrange odeur. Il reprit son calme et s’approcha de cet homme aux yeux bleu-gris qui dégageaient une sagesse ancestrale.

— Vous êtes un Vampyr ! Comment ?

— Je suis Darrius Coltone Darck, époux de la Créatrice. Moi aussi, je fus stupéfait d’apprendre que je n’étais pas le premier des Vampyr avant de le devenir.

— Quoi ?

— Ne t’inquiète pas, tu comprendras plus tard. Laisse-moi te présenter mes fils.

Il désigna celui aux iris de diamant.

— Enlil, l'Imperator de la Magie.

Ses traits évoquèrent le douloureux souvenir d’Abel, mais, malgré cela, il rassembla son courage et avança vers le cadet, Kieran, le deuxième souverain de la Terre et chef des armées, main dans la main avec Lyana. Ensuite, il se dirigea vers Warren, le benjamin – troisième Roi de la planète, qui les salua chaleureusement à la différence de ses aînés. Tous trois affichaient des pupilles d’or, et leur apparence chirurgicalement identique aux statuts du temple de l’Augure, sculptés sous l’influence de la Créatrice. Darrius se tourna vers Ëlara :

— Nous avons besoin que tu nous remettes Mammon, s’il te plaît.

Après réflexion, Dame nature sortit la fiole et la confia à Darrius. Il la prit délicatement.

— Merci. Ce démon est crucial pour notre mission.

Elle hocha la tête avec un sourire timide. Il la rangea soigneusement dans une poche intérieure de sa veste en cuir de dragon.

Enlil fit un pas en avant, les toisa d’une œillade effrayante, puis replaça lentement sa mèche tombante derrière son oreille, et de son timbre impérial annonça :

— Vous serez en quarantaine dans ces lieux pour une courte période, le temps nécessaire pour que l’aura sacrée du palais purifie votre essence, éliminant toute trace de contamination provenant de votre dimension d’origine.

Alors que la Créatrice s’apprêtait à parler, tous se figèrent :

— Bienvenue ! Vous avez échappé de justesse aux plaisirs décadents de Sodome qui ont inondé cette planète. Une ère d’enfer se profile. Je comprends que vous ayez des questions, mais prenez un moment pour vous reposer.

Elle claqua des doigts, et dans un plop sonore, assortie d’une nuée grisâtre, une carpette directionnelle d’une érubescence surgit.

Intrigués, ils se toisèrent sans savoir que faire. Voyant leur confusion, Warren, de par l’esprit, précisa :

— Empruntez le chemin indiqué sans dévier, elle vous conduira à vos appartements.

Ne pouvant qu’obéir, ils suivirent le conseil et foulèrent le tapis rouge sur toute sa longueur, prêt à s’immerger dans ce monde fascinant.

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