Chapitre 21 : Échos d’un Duel

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Dans un jardin échappé d’un rêve, Caïn et Ëlara se tenaient près d’une fontaine aux eaux émeraude. Les étoiles d’une galaxie lointaine avait choisi ce lieu pour se mirer, et l’air s’ imprégnait des fragrances enivrantes des fleurs aux couleurs vives qui bordaient le bassin.

Les poings serrés, il toisait le sol comme s’il y cherchait des réponses. Ses muscles étaient tendus, prêts à éclater à tout moment. Une colère aigre le consommait.

Sensible à son agitation, Ëlara posa une main sur son épaule :

— Parle ! Qu’est-ce qui te tourmente ?

Il leva les yeux, et elle y vit un orage en gestation.

— Sérieusement ma douce ! Te jeter ainsi dans la gueule du loup ?

— Je ne pouvais pas rester inactif pendant que tu courait un péril.

— Et s’il t’avait blessée ? Ou pire ?

— Une force ancestrale me guidait.

Le Vampyr desserra légèrement les crocs, mais l’amertume persistait.

— Ce n’est pas une justification. Tu as pris un risque inconsidéré.

— Comme toi, à chaque fois que tu te bats, rétorqua-t-elle fermement.

Il la scruta. Finalement, il soupira, sa colère cédant place à l’inquiétude.

— Je ne supporterais pas de vous perdre.

— Et moi, je ne pourrais pas vivre dans un monde où je n’ai pas tout fait pour te protéger, affirma-t-elle en soulevant son menton de l’index.

Dans ce parc psychédélique, entouré par la splendeur d’une nature féerique, ils se tenaient là, deux âmes liées par une affection incommensurable et une vie semée d’embûches. Pour la première fois, ils comprirent le poids et le coût de leur engagement mutuel.

— Je t’aime, murmura le Vampyr.

— Moi aussi, assura-t-elle.

Et dans cet instant, malgré les ombres de la bataille récente, ils trouvèrent une illusion de paix.

Puis n’y tenant plus Caïn se leva brusquement :

— Je ne peux plus rester dans le flou. J’exige des explications, et je les obtiendrai, coûte que coûte !

— Je sais que tu cherches des réponses. Mais la colère peut fausser ton jugement. Es-tu sûr que c’est le bon moment pour le confronter ?

Il la fixa :

— Si ce n’est pas maintenant, alors quand ? Dois-je attendre que d’autres soient mis en danger ? Que d’autres secrets soient révélés ?

Caïn s’éloigna, les épaules rigides, telle une structure d’acier. Elle le suivit du regard, l’angoisse clairement visible sur son visage, surtout quand elle songeait à la grossesse qu’elle refusait d’évoquer. Les échos de ses pas dans le couloir semblent amplifier sa détresse intérieure.

Naviguant à travers les dédales du Palais Palladium, un labyrinthe sans fin se déployait. Son cœur s’emballait, tentant de fuir sa poitrine. Des images fugaces d’Ëlara hantaient son esprit, mêlées à des pensées sombres sur leur avenir incertain.

Il atteignit enfin la porte monumentale qui menait aux appartements d’Enlil. Ses doigts pâlirent en frappant le massif des bois. L’absence d’invitation qui s’ensuivit devint oppressante, lourde et presque asphyxiante. Il frôla la poignée, le froid du métal évitant sa peau. Sans hésitation, il l’actionna, poussa le battant et infiltra la pénombre. Quelques lueurs crevaient les rideaux épais, créant des ombres dansantes sur les murs. Sa vue s’ajusta lentement, fouillant le moindre recoin obscur.

Chaque pas en avant intensifiait l’ambiance - il violait un sanctuaire à la fois sacré et tabou. Le timbre marmoréen qui s’éléva le fit sursauter :

— Sais-tu qu’il faut être invité pour pénétrer chez autrui ? Dans l’Ancien Monde, on enfermait les gens pour cela !

Là, avachi dans un fauteuil jaune citron, le corps saillant, l’Imperator était en robe de chambre or, l’observant. Une sensualitée indéniable s’en exhlait ,qui troubla le Vampyr, l’excita. Pourtant, il ne flancha pas.

— Pourquoi ? Pourquoi as-tu agi ainsi lors du duel ? Pourquoi nous as-tu manipulés ?

Les mots jaillirent de sa bouche, portés par une émotion brute. Enlil le fixa, impassible. Puis, après un moment qui parut durer une éternité, il soupira :

— J’avais besoin de tester vos limites, de voir jusqu’où vous iriez pour protéger ceux que vous aimez. Cela peut paraître cruel, mais nécessaire.

Le front de Caïn se plissa de confusion et de suspicion :

— Tester nos limites ? Pourquoi ? Et pourquoi ne pas nous en parler ?

Il quitta son fauteuil :

— Parce que c’est une épreuve pour chacun de vous. Vous aurez vos propres démons à affronter, et je voulais savoir si vous étiez capable de les surmonter. Croyez-moi, si vous n’aviez pas réussi, vous n’auriez jamais été prêt pour ce qui vous attend.

Caïn baissa les yeux. Les mots d’Enlil résonnaient en lui. Peut-être que cette épreuve, aussi cruelle qu’elle fut, avait une raison d’être.

— Je comprends que tu veuille nous aider, mais il doit y avoir une meilleure façon, sans nous manipuler.

L’Imperator hocha la tête :

— Je regrette de ne pas avoir été plus transparent dès le début. Mais c’est ainsi que nous fonctionnons, car c’est ce qui nous convient. Notre sympathie ne vous dispense pas d’obéissance. Maintenant que c’est fait, vous êtes plus forts. Vous avez découvert de nouvelles capacités. Vous êtes prêts à affronter le véritable ennemi qui se cache dans l’ombre. Alors arrete de geindre et dit, merci.

Caïn sentit la tension de ses épaules se relâcher légèrement :

— Alors, que devons-nous faire a présent  ? Quelle est la prochaine étape ?

Tandis qu’ils conversaient, l’ambiance de la pièce se modifiait de manière quasi imperceptible. Un frisson parcourut l’échine du Vampyr, signe qu’il associait instinctivement à une magie puissante. Avant même qu’il puisse interroger Enlil, une volute cobalt surgit dans un angle de la salle. À mesure que la fumée se dissipait, elle dévoila un individu à l’élégance raffinée et aux traits fins. Le contraste entre son entrée spectaculaire et son apparence soignée était frappant.

— Tu es en retard ! s’exclama l’Imperator, son ton trahissant une pointe d’irritation.

Enlil accueillit l’arrivée avec un baiser empreint de tendresse. Caïn observa la scène, un mélange de curiosité et de réserve.

— Je te présente Nick, mon mari, le Seigneur des djinns, l’équivalent de Lucifer dans ce monde.

— Vous êtes ensemble… un couple ? s’étonna le Vampyr, ses sourcils se fronçant.

Dans sa dimension d’une époque beaucoup plus reculée, les relations entre deux hommes étaient rares, mais pas inconnues. Cependant, voir deux figures aussi puissantes dans une telle union le laissait perplexe.

— Et alors ! Un jour viendra où ces distinctions n’auront plus d’importance, même si elles ne devraient jamais en avoir. L’amour est l’amour ! rétorqua Nick agacé.

Caïn le détailla, notant que, malgré ses traits délicats, une impression de danger en émanait.

— Je file à la douche ! annonça le Djinns, lâchant dans son sillage ses vetements.

— Suis la Carpette directionnelle, elle te conduira à tes appartements. À moins que tu ne veuilles te joindre à nous...

Un mélange complexe de désir et de réserve s’empara du Vampyr. Mais la pensée d’Ëlara, son ancre dans ce monde tumultueux, le rappela à l’ordre. Il s’empourpra, et il prit congé presque précipitamment.

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