Chapitre 59 : Interuption de grossese

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Kaëlle, Lynéxia, Gaïa et Nérisse franchirent le seuil de la salle, instaurant un mutisme solennel qui métamorphosa l’ambiance. Autour d’elles, les murs se paraient de fresques détaillées. Ces tableaux immortels rendaient hommage aux Amazones, capturant des moments de bravoure, d’idée et de puissance. Ils narraient l’épopée de ces guerrières à travers des scènes de batailles épiques et d’interludes paisibles, culminant en une célébration du sacre de la Sorcière, gravée à jamais dans la mémoire et la pierre. Dans ce décor chargé d’histoire, Nérisse s’émerveilla :

— Ton palais est un véritable chef-d’œuvre. La structure de rubis harponne la lumière d’une façon captivante, nous plongeant dans un rêve lucide. Cela reflète la majesté de ton règne. 

— Merci. C’est avec honneur que je partage sa splendeur avec toi. 

L’Impératrice d’Atlantide acquiesça avec respect, marqué par l’élégance et la sagesse de sa belle-sœur.

Des torches de Karistal, suspendues dans le vide, diffusaient un éclairage tamisé, projetant des ombres animées sur les sorcières rassemblées.

Phoebus imposait sa présence depuis son trône, sa douceur habituelle, désormais teintée d’une colère contenue et d’une inquiétude sous-jacente. Son attention, fixée sur sa femme, balançait entre une affection et crainte dissimulée. À son flanc, une assise façonnée de racines entrelacées attendait Gaïa. Elle y prit place, se fondant dans cette structure. Lynéxia se posa sur celle de diamonite destinée à son père, altérant subtilement les reflets alentour. À ses côtés, Nérisse s’avançait avec fluidité et assurance vers le siège de corail, affirmant ainsi Sa Majesté et sa sérénité. Ses sujets, drapées dans leurs toges sanguines, chuchotaient entre elles, exprimant un mélange de respect et d’appréhension.

À l’approche de Kaëlle, l’assemblée retint son souffle, un frisson d’anticipation arpentant la salle. Elle s’arrêta abruptement non loin de son trône de flamme et se tourna pour contempler son peuple ; et proclama :

— Nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle, face à une menace. Une ombre sinistre nous guette. Votre désir de combattre est fort, je le ressens, mais cela vous mènerait à une mort manifeste que je ne puis accepter. Je ne vous cache pas que notre victoire est incertaine. En cas de défaite, la Terre ne sera plus un havre de paix. Détruisez l’arche et prospérez en Avalon.

Un frémissement parcourut le comité, vite étouffé par un mouvement fluide de la Reine. Dans l’ombre de la pièce, Léandra se leva :

— Nous te suivrons dans la bataille. 

— Non ! N’insiste pas ! C’est un ordre !

Elle se rassit, penaude. Phoebus à son tour bondit de son siège :

— Qu’en est-il de notre enfant ? 

Kaëlle le fixa :

— Protégé, conformément à ma promesse. Mais pour cela, j’ai besoin de tous, sans exception. 

À la surprise générale, les parois stoïques de la salle du trône se réinventèrent. Des lierres et des vignes, chargés de la vitalité de Dame nature, surgirent des interstices, serpentant le long des cloisons, les enveloppant d’une étreinte verdoyante. Aux nuances éclatantes, des fleurs germaient spontanément, leurs pétales délicats contrastant avec la rigueur de la pierre précieuse brute, insufflant vie et couleur dans l’espace rougeâtre.

Au centre, les deux symboles – le feu et le vent – étaient maintenant entourés de quartz phosphorant.

— Par les esprits de la forêt s’émerveilla une femme aux cheveux d’argent.

À ses côtés, un homme en manteau sombre susurra avec une admiration teintée de respect :

— Regardez comme elle tisse le monde à sa guise.

Un adolescent roux ajouta :

— Sa présence imbibe tout...

Kaëlle et Gaïa, embuées de larmes, se tenaient main dans la main. Leurs respirations, lentes et réglées, se synchronisèrent, créant une harmonie émotionnelle. La salle du trône, imprégnée de solennité, s’éveillait sous les pas mesurés des Amazones. La Sorcière s’avança vers le glyphe du feu. Elle étendit sa main, et la pierre, répondant à son toucher, s’embrasa, enveloppant sa silhouette d’un voile de chaleur. Lynéxia se posta sur le symbole du vent. Ses cheveux flottaient, caressés par des courants invisibles, et, au moment où ses doigts effleurèrent la marque, un souffle doux et frais se leva. Phoebus en tant que père se plaça entre elles, posant ses paumes sur leur ventre. Sa communauté entrelaça les leurs. Sous leur impulsion, une colonne ardente surgit, établissant un dôme purificateur.

Sa baguette brandie, son allure impénétrable, Gaïa incarnait la Pythie dans toute sa splendeur. À ses côtés, Nérisse représentait l’eau, reflétant la fluidité des rivières. Là où la puissance d’Aëgir aurait pu nuire à la délicatesse du cérémonial, sa femme apportait une tendresse nécessaire, sauvegardant la vie naissante. Kaëlle éleva ses mains, des flammes giclèrent, éclairant son visage tendu, mais exalté. En face, Lynéxia affichait une sérénité, prête pour le rituel. Gaïa commença, « Spiritus Terrae », faisant trembler les murs du temple.

Des racines jaillirent, enlaçant l’autel. Nérisse chuchota « Aqua vitae », et l’écume prit forme, les cernant. Lorsque Kaëlle articula « Ignis animae », son aura se transforma en un phoénix resplendissant. En résonance, Lynéxia souffla « Ventus fata », amplifiant ainsi l’intensité des courants aériens qui enrobaient et guidaient le brasier dans un ballet aveuglant.

Les palpitations du cœur de la mère s’alignaient avec l’ardeur, traversée par un mélange complexe de douleur et d’aspiration. De son côté, Lynéxia éprouvait une douceur inédite, symbole d’un devenir prometteur.

Synchronisés avec le mouvement des flammes, les rythmes des tambours animaient l’atmosphère, leurs corps se déplaçaient en parfaite harmonie avec l’éclat du feu.

Avec l’autorité qui m’est octroyée, par le désir des antérieurs et l’énergie tellurique, je partage une fraction de mon être avec la progéniture future, afin qu’elle hérite de notre résilience et intrépidité.

Lorsque Gaïa toucha Phoebus, elle dit « Concordia elementorum ! », le temple s’embrasa. Le phénomène devenant un orbe enveloppa Lynéxia. Lentement, un fœtus spirituel translucide apparut, émanant de Kaëlle. Un cordon de mana le reliait à la paume de Phoebus contre Lynéxia.

La sphère reconnut sa destinée, se rétractant dans la Vampyrsse. Lynéxia ressentit une chaleur bienveillante, une force vitale différente, scellant un lien indéfectible avec l’essence reçue. À l’instant où les instruments enchantés se stoppèrent, les Amazones arrêtèrent leur danse, éblouies par la scène. La Maîtresse du feu et la Druidesse se tenaient debout. Elle tendit à sa nièce une fiole d’une finesse remarquable, ses mains tremblantes révélant l’intensité de son émotion.

— Si je ne reviens pas, que cette âme rejoigne celle de notre enfant. C’est notre héritage, notre espoir. Garde-la en sécurité, c’est la clé de notre futur. 

— Je le jure.

La Reine observa l’assemblée, bouleversée par ce moment sacré. Elle songea aux jours de paix, aux promesses sous les étoiles, évoquant des souvenirs fragiles face à l’incertitude des heures à venir. Phoebus s’approcha :

— Laisse-moi venir, murmura-t-il.

— Non, mon aimée. Notre fille ne peut perdre ses deux parents.

Il prit délicatement son minois entre ses mains.

— Reviens-moi !

Ses lèvres trouvèrent les siennes dans un baiser passionné, mais marqué d’une douceur infinie.

— Je rentrerai, mon Roi, prend soin des nôtres en attendant.

À contrecœur, ils se séparèrent, leurs doigts s’effleurant une dernière fois. Synchronisées, les Amazones dessinèrent une haie d’honneur. Sous les applaudissements vibrants, Kaëlle, Lynéxia, Gaïa et Nérisse les quittèrent avec majesté. Leurs montées des escaliers en colimaçon ressemblaient à une ascension rituelle, chaque enjambée les éloignant davantage.

Le cabinet de la Reine les accueillit. Au centre, une estrade, ornée de runes ancestrales, patientait leur arrivée. Lorsqu’elles prirent place, une explosion soudaine de flammes jaillit.

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