Chapitre 71 : USS – Atlantide

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En Antarctique, la Cité d’Atlantide se tenait, solitaire, mais majestueuse, un silence presque sacré l’enveloppant, rompu uniquement par le bourdonnement de la salle de contrôle. Cette dernière, une cathédrale de technologies anciennes et avancées, s’égayait de lueurs vibrantes, les couleurs des commandes se mêlant harmonieusement sous les vastes voûtes ciselées. Des colonnes ornées, s’élevant comme des sentinelles, encadraient le panorama gelé apparent à travers les immenses fenêtres qui révélaient les étendues sauvages de l’extérieur.

Au centre trônait l’Impératrice Nérisse, figure de puissance et de grâce, ses mains effleurant délicatement les globes transparents. L’intensité de son regard se perdait dans l’au-delà. Autour d’elle, les mages de l’Obscur, tissés dans leurs robes sombres, s’activaient, dans une danse rythmée, leurs mouvements précis évoquant un ballet mystique orchestré. Des incantations s’échappaient de leurs lèvres, mêlées au cliquetis des interfaces ensorcelé. Des écrans flottants, parsemés de runes et de diagrammes complexes, illuminaient l’équipage concentrés. Eryon, son second, s’approcha, sa démarche empreinte de la solennité du moment.

— Impératrice, la trajectoire vers Avalon est fixée, déclara-t-il, trempé dans le respect qui lui était dû.

Par précaution, elle ferma les yeux, son esprit s’envolant à travers les couloirs. Elle percevait la présence de son peuple resté dans leur appartement pour la durée de la traversée, leurs âmes alignées avec sa volonté. Tout était en ordre, tout était prêt.

— Activez le moteur chakratique, répliqua Nérisse.

Les globes, sous ses mains, s’embrasèrent :

— Alexa, déclenche la séquence de décollage.

— Confirmation reçue. Séquence de décollage engagée.

La Cité, comme si elle entendait l’appel, frémit. Par-delà les fenêtres, les témoins auraient pu voir les glaciers se craqueler, se soulever en un adieu noble à ces voyageurs du cosmos. L’Atlantide s’éleva, transperçant les couches stratosphériques, les nuances de l’environnement transformant le spectacle en une fresque dynamique, des profondeurs bleues aux rouges ardents, avant de s’évanouir dans le néant spatial. Ithar, le mage stratège, surveillait les holoécrans :

— Nous sortons de l’atmosphère, Impératrice. Nos défenses arcaniques sont fonctionnelles.

Nérisse, absorbée par la splendeur infinie de l’univers au-delà, énonça leur prochain cap.

— Actionnez le Guide intuitif. Suivons la voie tracée par la destinée.

— Prise en main des commandes validée.

L’Atlantide s’éloignait de la Terre, tel un phare d’optimisme, glissant posément dans l’étreinte de l’espace.

Dans cette bulle de sérénité au milieu du chaos, Nérisse se permit un moment de réflexion. La perte de son mari l’avait endurcie, mais avait aussi ouvert un chemin vers de nouvelles possibilités. Pour son fils Orin, pour son peuple, elle était prête à franchir les étoiles.

Eryon, avec la prestance d’un maestro, veillait sur ses pairs avec une attention sans faille, sa présence imposant un calme souverain. Ses ordres, bien que tranquilles, revêtaient l’empreinte de leur mission vitale.

— Alexa, un champ d’astéroïdes se profile devant nous, ajuste de 3,5 degrés, commanda-t-il.

— Merci de cette précision inutile... Trajectoire corrigée – atterrissage prévu dans quatre heures !

Le vaisseau, redéfinissant sa route, esquivait les dangers de l’espace avec élégance. L’équipage, uni par une vision commune, s’élançait vers leur destin, porté par la promesse de mondes à découvrir. Au moment où Nérisse se croyait en contrôle, un frisson parcourut la Cité. Dans les confins de son esprit, une sensation d’étrangeté émergea, une rupture dans le tissu de la réalité qu’elle n’avait jamais éprouvée. L’air s’épaissit, sans doute le temps suspendu. Elle leva les yeux, constatant l’inertie de ses compagnons, pétrifiés dans des poses de statues de cire.

— Quelle énigme trouble notre voyage ? Alexa…?

Pas de réponse, ou de réplique ironique ! Inquiète, mais résolue, elle abandonna le sanctuaire de commandement. Ses pas résonnaient, chaque écho supportait sa nervosité. Traversant les corridors d’Atlantide, dépourvus de son et d’agitation habituelle, elle passa devant des tableaux d’affichage amorphes et des écrans figés. Elle parvient dans un parc où les arbres et les plantes exotiques artificielles, sculptés dans le cristal, exhibaient leurs couleurs vives contrastant avec l’immobilité ambiante. Un murmure faible, presque inaudible, attira son attention. Il provenait de nulle part, et de partout à la fois.

Elle atteignit finalement un grand couloir, où la lumière jouait sur les murs ornés de fresques racontant l’histoire de son peuple, spécialement choisi en raison de l’absence étrange de porte. Elle avait toujours soupçonné qu’il dissimulait un secret sans jamais l’avoir percé. Là, se tenait la Créatrice. Elle était une vision de sagesse et de puissance, vêtue d’une robe cintrée mordorée.

— Nérisse ! Je suis ravie de te rencontrer en ce lieu intemporel. Comment se porte ton fils bien-aimé ?

— Créatrice, c’est un plaisir de te voir ici. Orin se porte bien, merci. Il s’adapte avec curiosité à chaque aspect d’Avalon.

— C’est réconfortant à entendre.

Au fil de leur échange, la Mage se trouva confrontée à une impasse. Devant sa question non exprimée, Kelly proposa :

— Oins la cloison d’une larme d’eau et deux gouttes d’Obscur.

L’Imperatrice se canalisa. Ses mains s’élevèrent lentement vers le mur, guidant avec délicatesse les flux qui s’entrelaçaient dans ses méridiens. Un concentré de son essence prit naissance au bout de ses doigts, formés avec une dextérité que seul Aëgir égalait. Elle la laissa glisser, suivie de deux ombres émanant directement de son être. Ces éléments fusionnèrent, engendrant une réaction éthérée. Le pan, autrefois impénétrable, se dissipa. Nérisse, stupéfaite, choquée et déconcertée, retenant son souffle, observa le résultat – les prémices d’une vérité jusqu’alors dissimulée se dévoilèrent. Elle tourna son intérêt vers la Créatrice, qui arborait un sourire espiègle. Son homme reposait dans un cocon relié aux élémentaire aqueux en suspension.

— C’est une réplique. Conformément à mes instructions, il la conçut afin de se préserver du trépas.

Attentive à la pâleur de Nérisse, elle fit apparaître des sièges confortables. Une bouteille de champagne et deux coupes se manifestèrent, et elle invita Nérisse à savourer la première d’un trait. Ce breuvage inconnu la surprit, mais, étrangement, une détente apaisante s’installa. Alors Kelly reprit :

— À la différence de ses frères et sœurs, lui trouver un corps de résurrection représente un défi considérable. Cela découle de la perception particulière du cerveau de ton époux, modelé d’après celui de Warren. Cette singularité lui confère la capacité d’appréhender la magicologie et de la transposer dans votre dimension, empreinte de sa propre quintessence.

— Mais pourquoi opérer dans le secret ? Kaëlle, Gaïa et Nasëem auraient également pu en profiter.

— Je ne te dois aucune explication, Nérisse ! J’espère que tu as déjà compris que même mes décisions les plus insignifiantes ont une portée cosmique ! Mais sache que c’est la magicologie qui nous sauvera tous lors de la bataille finale contre les Anciens.

— Encore ! Nous ne vivrons jamais en paix !

— 1024 ans de félicité vous attendent !

Kelly se releva, ses escarpins résonnant à peine sur le sol. Sa silhouette se dessina avec une grâce féline. D’un sac aux reflets cristallins, elle retira un flacon. L’intérieur de cette petite prison transparente renfermait l’essence d’Aëgir, pulsant. Sa paume, en contact avec le hublot, amorça la réincarnation. En premier lieu, une psalmodie inaudible accompagna cette action.

Les contours de la vitre se décomprimèrent progressivement, révélant un halo de lumière diffuse. La fiole, tenue avec précaution par La Créatrice, dévoila son contenu au fur et à mesure que le sabord s’ouvrait. L’esprit se mêla à cette lumière ambiante, établissant une symbiose avec sa nouvelle enveloppe charnelle.

Kelly Darck orchestrait cette séquence avec une maîtrise incontestable, défiante face à la Faucheuse. Apeurée, la mort rôdait, espérant récolter son butin légitime, mais jamais elle n’oserait approcher.

Dans un moment d’insaisissable mystère, l’essence d’Aëgir s’associa au clone, et une lueur intense émergea de ses paupières closes.

Nérisse, spectatrice inquiète, fut assaillie par une effervescence d’interrogations. Soudain, ses prunelles s’élargirent, révélant une tempête d’émotions enchevêtrées.

— AAAAH !

Les mains du mage s’étirèrent de détresse, cherchant une prise dans l’air éthéré. Face à sa réaction violente, Nérisse oscillait entre terreur et fascination. Son regard restait captif de la scène, un mélange tumultueux d’agonie et de renaissances.

Le hurlement du tourmenté résonna, faisant frissonner Nérisse.  « Comment une telle résurrection pouvait-elle être supportée par une âme fragilisée ? » « Quel fardeau cette expérience laisserait-elle sur ses épaules déjà alourdies par la douleur ? »

Kelly, déploya ses charmes avec une grâce envoûtante. Une aura apaisante enveloppa la pièce, contrastant avec la tempête émotionnelle autour du ressuscité. Le Mage fut transféré avec précaution vers ses appartements, où une accalmie temporaire le guettait, mais les répercussions de sa mort perdureraient dans ses songes. « Quelle destinée attendait Aëgir au-delà de ce moment de répit ? »

— Tu es destinée à des grandeurs insoupçonnées, Nérisse. Ton chemin sera semé de défis et de triomphes, mais cela est l’affaire de Lyana. Bon retour en Avalon.

Nérisse, reconnaissante, mais troublée, s’inclina légèrement.

— Merci, Kelly. Que la chance soit avec moi !

La Créatrice franchit son vortex, s’éloignant en direction de Lilith. Le tourbillon l’engloutit progressivement, laissant une Nérisse pleine d’incertitudes, mais aussi d’un bonheur retrouvé. Ni une ni deux, elle se précipita au chevet de son Empereur.

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