Épître XXII : Funéraille.

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Cher lecteur,

C’est avec une ironie notoire que je me lançai dans le récit des derniers rebondissements de la saga d’Avalon. Lynéxia, élevée au rang de grande manitou d’Avalon par la volonté de son défunt père, s’apprêtait à prononcer son discours. Le tout, bien sûr, dans un style dramatique qui aurait fait pâlir un barde elfique en pleine crise existentielle.

Ils avaient choisi d’annoncer cela dans une clairière, et je ne m’en remettais toujours pas. Le groupe, porteur d’une mosaïque d’émotions digne d’une réunion familiale dysfonctionnelle et de la gravité d’une déclaration apocalyptique, se dirigea en silence vers cet endroit sacré.

À la vue d’Aëgir en vie, une stupeur collective saisit l’assistance, même les fées, centaures et dragons (miniaturisés pour l’occasion) s’interrogeaient.

La solennité était telle que les feuilles d’automne, autrefois joueuses dans leur tourbillon magique, semblaient s’incliner respectueusement devant cette mascarade. Et bien sûr, Lynéxia, debout sur l’estrade, le timbre amplifié par un sort délivra son discours avec une pudeur impressionnante, récitant un poème funèbre pour des rockstars médiévales.

Elle évoqua d’abord Kaëlle, la Sorcière du Feu, comme si elle était une héroïne de telenovela. Son épée brillait incarnant passion et force, illuminant le royaume de sa flamme ardente. Ça, c’était du Drama. Puis elle se tourna vers la dépouille de Nasëem, Druide du Vent, dont la sagesse dépassait les frontières de l’entendement. On aurait dit la quatrième de couverture d’un roman à l’eau de rose.

Enfin, elle parla de Gaïa, Pythie de la Terre, avec des métaphores sur l’amour, la témérité et la vie elle-même. À ce stade, ’ils écrivaient le scénario d’une série fantastique à succès.

Mais, ça devint encore plus croustillant. Les enfants de Gaïa, sous le coup de l’émotion, se transformèrent en léopards majestueux.

Les sujets de Kaëlle braillaient, les disciples de Nasëem regrettaient profondément, et les mages l’interprétaient mélodramatiques. Comme si cela allait changer la face du monde.

En gros, ils pleuraient et juraient des trucs grandiloquents, et les léopards, druides et sorcières se dispersèrent dans leurs coins respectifs. Le tout, bien sûr, sur fond de deuil plongeant Avalon dans une semaine de mélancolie.

Ah, et la chiasse sur le gâteau... après la cérémonie Aëgir et Nérisse apparurent pour jouer les nécromanciens de service. L’Empereur, en bon récupérateur d’objets perdus, ramassa Triton et l’épée de Michaël au travers du cercueil précieux.

Et là, tiens-toi bien, sa propre dépouille qu’il dépouillait décida de faire un numéro de disappearing act. Sa main se libéra, la prison qui le retenait explosa, et voilà qu’il se dématérialise. Échéance de l’acte, début d’un nouveau chapitre plein de révélations. Comme si on avait besoin de plus de mystères dans cette histoire, dont on arrive bientôt à la fin. Qu’on me fiche la plume ! En attendant, je renifle que Kelly trame quelque chose.

Avec toute mon ironie,

Le Scribe de l’Obscur.

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