Ludivine se réveilla, déjà debout devant un lit en flamme. Elle eut un mouvement de recul et remarqua un couteau ensanglanté dans sa main. Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait, elle s'était pourtant endormie dans son propre lit.

Elle lâcha le poignard, tourna les talons pour fuir le feu et trébucha sur le cadavre d'un homme à côté duquel gisaient également le corps d'une femme et d'un enfant . L’angoisse monta en elle, qu’était-il en train de se passer ? Pourquoi était-elle ici ? Elle avait des palpitations. La vue de ces gens morts dans une mare de sang lui donnait la nausée. Elle vomit de la bile et se releva rapidement en proie à une poussée d’adrénaline.

Il faisait nuit. Elle sortit de la maison et appela à l’aide.

Quelques minutes plus tard, les pompiers et la police étaient sur place. Ses mains couvertes de sang, la police lui passa les menottes aux poignets.

Principale suspecte dans cette affaire de meurtre et d’incendie criminel, elle fut interrogée par un inspecteur.

— Pouvez-vous me redire encore une fois ce qu’il s’est passé hier soir, madame Boidevin.

Complètement déboussolée, elle avait la tête qui tournait et il lui semblait que des morceaux de sa nuit manquaient à l’appel dans sa mémoire.

— Euh… Je me suis endormi dans mon lit et quand je me suis réveillée, j’étais dans cette chambre. Le lit était en feu et je tenais un couteau plein de sang dans la main.

— Est-ce ce couteau ?

— Oui.

— Pourquoi avez-vous tué ce couple et leur fille ?

Son sang se figea dans ses veines, elle comprenait qu’il serait impossible de prouver son innocence avec autant de preuves accablantes à son encontre.

— Je… Je ne les ai pas tués. Je veux voir un avocat.

— Cela ne va pas beaucoup aider, madame Boidevin.

Le policier sorti et elle se retrouva seule dans la salle d’interrogatoire attachée par des chaînes à la table scellée au sol.

Une heure plus tard, un avocat entra dans la salle. Il était plutôt âgé, les cheveux grisonnants et épars. Son regard se posa sur Ludivine, elle se sentit comme pénétrée par la lueur clairvoyante de ses yeux de Jade.

— Bonjour madame Boidevin. Je prends connaissance de votre dossier. J’ai déjà quelques pistes de défenses qui pourraient vous convenir, mais avant, j’aimerais que vous consentiez à un petit test.

Ludivine, un peu perturbée par cette entrée en matière, accepta.

— Croyez-vous en Dieu, madame Boidevin ?

— Euh… Je pense qu’il y a quelque chose de plus grand que nous, mais de là à dire que c’est Dieu, je n’en sais rien.

— Vous êtes donc agnostique si j’entends bien. Croyez-vous au Diable ?

— Non pas du tout.

— D’accord…

Il souleva le pan de sa veste et chercha dans sa poche intérieure. Il y saisit un objet qu’il enferma dans son poing fermé.

Ludivine ne savait pas pourquoi, mais elle ressentait des picotements dans l’arrière de son crâne, un étourdissement soudain et une chaleur qui montait de ses entrailles.

— Est-ce que vous voulez bien me donner l’une de vos mains, madame ?

Ludivine tendit avec hésitation sa main vers le vieil avocat. Il la prit dans sa senestre et montra l’objet qu’il dissimulait dans sa dextre. Il maintint le pendentif entre son pouce et son index.

La chaleur que ressentait Ludivine se fit plus pressante à la vision de cet objet. Il lui semblait que ses entrailles étaient en feu. La nausée la reprit, sa tête était de plus en plus étourdie, elle allait perdre connaissance.

D’un geste sûr et vif, l’avocat posa la croix chrétienne en métal blanc sur le dos de la main de Ludivine. Le coup de fouet de la douleur lui fit reprendre ses esprits. Elle était comme brûlée au fer rouge par le pendentif sacré posé sur sa peau.

Une voix hurlante et caverneuse sortit de sa gorge, mais ce n’était pas la sienne.

— Tu penses pouvoir m’extirper du corps de cette femme avec des babioles dans ce genre ? Maudit exorciste ! Va en enfer !