Le mal d'amour (inspiré de "Das alte Leid" de Rammstein)
Salut, je m’appelle Quentin. J’ai 44 ans. Toujours puceau. Cela fait tellement longtemps que j’ai l’impression que c’est depuis ma naissance que je pense à faire l’amour.
La première fois que j’ai abordé une fille, elle m’a rit au nez tandis qu’une de ses amies semblait me prendre en pitié me regardant avec tristesse. Elle n’a pourtant fait aucun geste en ma direction pour me rassurer.
La seule personne qui m’a vraiment aimé, c’est ma mère. Elle est décédée l’année dernière. Elle s’est beaucoup occupée de moi et je lui en serai toujours très reconnaissant. Une chose pour laquelle elle n’a pas su m’aider, c’est le fait de trouver l’amour. Elle même avait beaucoup de mal avec ça. Je suis le fils d’un père qui s’est enfui en apprenant ma conception.
Je vais vous dire, il a bien fait ! S’occuper de moi a dû être un véritable calvaire. Je n’arrivais à rien faire seul. Cela a surement précipité ma mère dans la tombe.
Quoiqu’il en soit je suis là, allongé sur ce lit et je ne pense qu’à une chose, baiser ! Même les prostitués ne veulent pas de moi. Suis-je si laid ? A vrai dire, je ne le sais pas, je ne vois pas bien, même avec mes grosses lunettes. Une fois j’en ai appelé une à domicile et quand je suis venu ouvrir elle m’a dit :
« Oh non ! Je ne fais pas dans les handicapés… »
Elle a tourné les talons et est partie, me laissant seul avec mon mal qui n’a jamais été assouvit.
Même seul, je suis incapable de me masturber, je suis atteint d’une maladie rare qui me prive de l’usage de mes membres mais je perçois relativement bien les sensations du touché. Seul mes yeux et ma tête peuvent bouger normalement, je les utilise pour commander mon fauteuil électrique.
Lorsque j’étais un jeune adulte, je n’y tenais plus et j’ai demandé, comme une faveur, à l’infirmière qui me lavait, si elle pouvait s’attarder un peu sur mon pénis. Elle a refusée, prétextant que cela ne se faisait pas. Elle n’est plus jamais venue et c’est fait remplacer par une collègue. Dommage, je l’aimais bien, elle sentait bon. Je n’ai plus jamais osé redemander.
Plus tard, vers 25 ans, je me suis même résigné à le demander à ma mère. Elle a refusé, évidement. Elle voyait bien que j’en souffrait mais elle ne pouvait pas se résoudre à faire cet acte à son propre fils. Quelques temps plus tard, elle m’a dit qu’elle voulait bien essayer mais lorsqu’elle a voulu commencer à agiter sa main sur ma verge c’est moi qui ai refusé. J’ai bien vu que c’était au-delà de ses forces, qu’elle ne s’en remettrait pas si elle le faisait.
Elle devait beaucoup s’occuper de moi et cela l’épuisait tellement qu’elle n’avait pas le loisir d’essayé de me trouver des solutions. Je n’ai jamais osé en parler à mon médecin, j’avais l’impression qu’on ne se faisait pas ce genre de confidence entre homme. Je ne me suis jamais résolu à lui demander à lui quand j’y penses… Peut-être aurait-il accepté, qui sait.
Ce n’est pas tellement que ma virginité me gênait, je n’étais plus à l’école et plus personne ne se moquerait de moi pour cela, mais j’aurais eu besoin, juste une fois, de connaître la chaleur et la moiteur d’une femme en ayant l’impression d’être désiré.
Maintenant, il est un peu tard, ma maladie est trop avancée, je pourris sur ce lit. Même ma tête ne m’obéit plus.
Je ne veux pas qu’on me réanime. Dans quelques jours, la mort viendra à ma rencontre et abrègera mes souffrances après une lente asphyxies. Peut-être qu’elle, elle voudra bien de moi.
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