Elle m'appelait Liyam.
- Surprenant qu'ils ne t'aient rien dit. Encore que. C'est une pratique courante chez les esclaves à qui on ne souhaite pas mettre de collier électrique. A défaut de les tenir en respect par ce biais, toute tentative de fuite est relativisé par l'issue tragique évidente qu'une capsule explosive impose au fuyard, expliqua le Zabrak en préparant un injecteur.
- C'est bizarre qu'ils n'aient rien dit oui. Enfin... ils ont toujours fait en sorte que je ne me sente jamais "trop" esclave, c'est peut être pour ça. On m'a dit que c'était une tentative pour palier à la dépression qui sévissait de plus en plus chez les artistes parce que ça nuit à la qualité des prestations et la clientèle le ressentait, expliqua - t - il tout en se rallongeant.
- Et est ce que ça a fonctionné ? S'enquit Medy en se tournant vers lui, injecteur paré.
- Je crois, oui. Le conditionnement pour être à la hauteur des spectacles attendus était dur. J'devais m'entrainer tout les jours en vue du grand jour. Mais l'idée me réjouissait vraiment. Ca par contre, j'avais clairement hâte de monter sur scène, sous les projecteurs et... bah de montrer de quoi j'étais capable. Danser... c'est... libérateur. Je m'en lasse pas.
- Et finalement, tu es ici, conclu le médecin en approchant l'aiguille de sa peau. Ca va piquer, j'anesthésie la zone.
- Mmh, râla - t - il en serrant les crocs. Oui... finalement, je suis ici. Mais, c'est une bonne chose, non ? D'être libre...
- A toi d'en juger je présume. Avant, tes maîtres décidaient de la ligne que devait suivre ton avenir. Maintenant, c'est à toi d'envisager quels fils tu veux utiliser pour le tisser toi même. Au début, ce sera sans doute un exercice compliqué surtout qu'on a pas toujours le temps de réflexion dont on aurait besoin pour choisir sans compter qu'on peut toujours se tromper. L'essentiel étant de se relever.
Incision au scalpel laser faite, le Docteur Stosrag entreprend alors de désactiver la capsule.
- Ce sera douloureux malgré l'anesthésie. Ce genre de capsule n'est pas prévue pour être désactivée. Je vais le faire avant d'essayer de l'extraire mais... serre la mâchoire et essaie de ne pas bouger.
- J'suis prêt, répondit Hhayaha qui ne l'était absolument pas, son seuil de tolérance à la douleur proche de zéro, son cœur s'emballant à la simple idée d'avoir mal.
L'instant fut éprouvant. Ca ne dura qu'une minute mais chaque seconde semblait s'écouler plus lentement que la précédente. Soixante longues secondes où son échine et son crâne étaient parcouru d'un courant électrique si intense que même l'anesthésie locale ne l'empêchait pas de souffrir. Ses muscles s'agitaient sous le stimuli de ses nerfs l'agitant de spasmes auxquels il essaya de résister du mieux qu'il put.
Il ne put empêcher un cri de lui échapper sur les dernières secondes, sa voix résonnant dans la pièce heureusement isolée. La douleur prit fin, la capsule arrachée à sa chair tandis que, le souffle court et agité, l'adolescent se laissait aller à ses larmes, inerte sur la table d'auscultation tandis que le Docteur Stosrag appliquait les soins adéquats.
- C'est finit, mon grand, t'es tiré d'affaire.
Les soins terminés et voyant Hhayaha toujours statique et sanglotant silencieusement, il plaça une main au sommet d'un de ses lekku pour caresser son front et sa tempe à l'aide de son pouce.
- Prends ton temps, d'accord ?
Pour toute réponse, le Twi'lek cligna lentement des yeux d'où s'échappèrent d'épaisses larmes, son regard vide fixant le mur, le Zabrak alla derrière son bureau pour pianoter sur sa table de travail et consulta un message texte reçu durant l'opération qu'il lu rapidement avant de parler.
- On est loin d'être des gens parfaits, ici, tu sais mais s'il y a une chose sur laquelle on s'accorde c'est bien que personne ne devrait subir un tel sort. On passe peut être pour des illuminés ou des idéalistes rêveurs mais c'est notre conviction, ce qui fait qu'on se bat chaque jour les uns pour les autres.
Hhayaha se redressa doucement et arracha le papier de la table sur laquelle il était allongé jusqu'alors pour essuyer son visage tout en s'exprimant d'une voix tremblante.
- Vous... vous vous battez contre l'esclavage ? Ici... sur Nar Shaddaa ? L'interrogea - t - il comme si l'idée semblait totalement absurde.
Kramos se tourna vers lui, croisant les bras.
- Oui et non. On ne peut pas prétendre à la libération de tout les esclaves mais si la providence ne place un sur notre chemin et que l'occasion se présente, on tente de la saisir. A deux mains même. Ca ne réussit malheureusement pas toujours et parfois, c'est le cas.
Puis il changea de sujet en se repenchant sur sa table de travail.
-Tu as un nom ? Car je suppose qu'on ne va pas continuer à t'appeler "Hhayaha" éternellement même si "trésor" est un surnom adorable. C'est pour ton dossier médical.
Le Twi'lek hocha la tête et répondit en ayant reprit ses esprits et du souffle.
- Ma mère était la seule à m'appeler Liyam. J'aime bien.
- Tu l'écris avec un "i" ou un "y" ?
- J'sais pas. Mets les deux ? Suggéra Liyam à tout hasard.
- Allons y pour Liyam alors. Pansement à garder jusqu'à demain avant cicatrisation à l'air libre. Evite de frotter ou de trop humidifier la zone. S'il y a une cicatrice et qu'elle te gêne, reviens me voir, je l'atténuerai. A part ça, tu as une santé en duracier.
- Merci, répondit - il en se rhabillant, tremblant encore quelque peu. Par contre, j'ai pas de quoi te régler.
Kramos leva brièvement une main tout en lui adressant un sourire, se levant pour prendre les devants, Liyam le suivant.
- Ne t'en fais pas pour ça, c'est pour moi. Je te raccompagne à la sortie de derrière. Tu es attendu à l'étage, tu as dû voir l'ascenseur en venant jusqu'ici avec Zaxu. Première porte à gauche ensuite. Si on te demande, tu as rendez vous avec Wide.
- Avec Wide. C'est noté, il se retourna après avoir passé la seconde porte sas sécurisée et tendit la main vers le Zabrak. Merci docteur.
- Moi, c'est Medy. Hésite pas en cas de besoin, la Famille avant tout.
Echange de sourires et Liyam s'orienta vers l'ascenseur, marquant une pause en cours de route pour palier à de légers vertiges.
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