Chapitre 22 - Pia/Zek

8 minutes de lecture

☼ Chapitre 22 - Pia/Zek ☼

Pia

C’est le kangoo d’Arlo qui remporte l’élection du meilleur véhicule pour notre départ à la plage. Nos trois sacs, mais surtout la grosse valise de Zoé, sont censés rentrer parfaitement dans le coffre de sa voiture.

— Mais qu’est-ce que tu peux bien prendre comme conneries, pour avoir besoin d’une valise aussi grosse pour un weekend ? grogne Arlo en chargeant l’objet incriminé à côté de nos petits sacs en toile.

Zoé hausse les épaules et ajuste sa paire de lunettes de soleil d’un air nonchalant.

— Des gros livres. De l’alcool. Des affaires personnelles, sourit-elle en lançant un regard salace à Arlo.

— Ok, finalement, je ne voulais pas savoir, répond-il en mimant un haut le cœur exagéré.

Zoé semble toute fière de sa blague, et elle enchaîne en nous adressant un regard hautain qui me fait pouffer de rire immédiatement.

— Je me demande parfois ce que je fais avec trois gueux qui comptent garder la même tenue tout le weekend. Je suis sûre que vous avez prévu de dormir, de vous baigner et de rentrer dimanche avec les vêtements que vous portez maintenant, nous accuse-t-elle d’un ton faussement dédaigneux.

Je laisse échapper un éclat de rire, et mes joues chauffent sous le regard appuyé de Zek. Je le vois m’observer du coin de l’œil, et j’espère que ce qui s’est produit entre nous hier passera inaperçu aux yeux d’Arlo et de Zoé. Si quelque chose est en train de se construire et de remodeler complètement notre relation, ils ne peuvent pas le savoir si tôt. Avec Zek, nous nous sommes mis d’accord pour garder nos distances ce weekend, sans pour autant retomber dans la froideur que nous nous réservions jusque-là.

— Sauf Pia, bien sûr. Tout le monde sait que tu dors à poil, enchaîne Zoé en pointant un doigt accusateur vers ma poitrine.

Est-ce qu’elle déconne ? Merde, même moi je n’en sais rien. Ok, ça m’arrive de temps en temps, mais je ne crois pas lui avoir parlé de ça. Maintenant, Zek me regarde avec des yeux ronds, et Arlo se bidonne contre la carrosserie.

Le trajet se passe sans encombre, même si la proximité de Zek, assis à l’arrière à côté de moi, me déstabilise au plus haut point. Le petit sourire en coin qu’il m’a adressé en s’installant sur la place du milieu, quand il a déclaré qu’il aurait sûrement moins mal au cœur s’il voyait bien la route, m’a immédiatement renvoyé au baiser ardent que nous avons partagé la veille. J’en suis maintenant certaine, ce n’est plus la chaleur étouffante qui règne dans l’habitacle qui est la raison du coup de chaud que je prends en pleine face.

Pendant l’heure et demie qui suit, nos cuisses se caressent au rythme des virages, et mes doigts ne demandent qu’à retrouver les siens. Son contact me manque plus que je ne peux l’expliquer, mais il suffirait d’un coup d’œil dans le rétroviseur pour qu’Arlo ou Zoé ne s’en aperçoivent, et je ne suis pas prête à avoir cette discussion avec eux. Surtout pas pour notre weekend sacré de mi-juillet.

Lorsque nous arrivons enfin devant le petit bungalow des parents d’Arlo, je me précipite hors de la voiture pour respirer l’air salé du bord de mer. Chaque fois que nous venons ici, je fais le même constat : ce sont mes deux journées préférées de l’année, et de loin.

— On balance tout dans le salon et on va se baigner ? propose Zoé en passant un bras derrière mes épaules.

J’acquiesce, tout sourire. Je ne veux jamais voir disparaître cette tradition stupide : le premier à l’eau échappe aux corvées pour tout le weekend. Les sprints dans le sable en plein mois de juillet, ça me connait. Zoé et moi déposons nos affaires dans l’entrée, gloussant comme deux enfants excitées. Arlo et Zek sont à peine sortis de la voiture, ça ne va pas être bien dur de les évincer de la course cette année.

— Je ne t’attendrai pas, je te préviens, me moqué-je de Zoé en l’observant se démener avec son énorme valise.

Finalement, elle pousse un râle exaspéré et part sans sa serviette. Cette fille est complètement barrée. C’est peut-être pour ça que je l’aime tant, elle est mon grain de folie, la tempête qui manquait à ma vie.

Alors que nous courons comme des dératées en slalomant entre les vacanciers, je me retiens pour ne pas exploser de rire lorsque j’entends Arlo et Zek s’insurger de nous voir commencer la course sans eux.

— Eh, c’est pas un départ à la loyale, ça ! hurle Arlo encore tout habillé.

Le sable s’humidifie, je sens que je suis proche de la victoire. À ma droite, Zoé trottine à peine quelques dizaines de mètres plus loin, et elle n’a aucune chance de vaincre la petite championne d’athlétisme qui sommeille en moi.

— C’est le premier à être complètement dans l’eau, on est d’accord ? susurre une voix près de mon oreille, tandis qu’une paire de bras musclés m’attrape par derrière et m’enserre doucement.

Zek. Cet enfoiré me retient par le ventre, et même s’il ne force pas, je n’ai aucune chance de me libérer de son étreinte. La course me sort de l’esprit lorsque je réalise que son torse est nu, et qu’il repose presque totalement sur mon dos. Mon rythme cardiaque s’accélère, et ce n’est pas la faute aux quarante mètres parcourus dans le sable.

Je ne peux pas me retourner, ça aurait l’air bien trop suspect, alors je sors le premier truc qui me passe par la tête.

— Si tu me laisses gagner, je nous arrange un moment seuls tous les deux ce soir, à la fête foraine.

— On est passé aux négociations, alors ? chuchote-t-il.

J’entends son sourire dans sa voix qui s’est faite un peu plus grave, et je frissonne juste avant qu’il ne me libère de son emprise. Ok, c’est un oui.

Je me jette à l’eau, et Zek me rejoint quelques secondes plus tard. Il garde ses distances, et même si une pointe de déception me traverse, je sais que c’est pour le mieux. Patience.

Zoé nous retrouve, à bout de souffle, et Arlo ne tarde pas à arriver lui aussi. Il bougonne encore, révolté par notre départ pernicieux. Je ne l’écoute plus. Une paire d’yeux gris dont la couleur semble s’être accordée à celle de l’eau me fixe intensément. La même pensée nous traverse à cet instant, j’en mettrais ma main à couper. Ça va peut-être s’avérer plus compliqué que prévu de ne pas se faire prendre.

L’après-midi passe rapidement, et les moments de bronzette succèdent aux baignades, aux instants de lecture et aux conversations légères que nous partageons tous les quatre. Zek a raison. Je comprends ce qu’il a voulu me dire, je le comprends vraiment. Ça, nous. C’est immensément précieux. Jamais rien de ce qui adviendra de nous deux ne devra l’étioler, je m’en fais la promesse.

Le soir venu, après une douche réconfortante prise au bungalow, j’enfile une petite robe noire très légère. Une unique bretelle passe derrière ma nuque, et le vêtement offre une vue plongeante sur un décolleté… tout aussi plongeant. J’admets ne pas l’avoir glissée dans mon sac par hasard, et appréhende un peu la réaction de Zek quand il la verra. Peut-être que ce n’est pas du tout son style.

Lorsque nous nous retrouvons sur la terrasse du bungalow, prêts à partir pour la fête foraine - ou la deuxième tradition incontournable de notre séjour - Zek m’adresse un coup d’œil rapide, si rapide que j’en laisserais presque mon sourire s’évanouir. Peut-être que je, ne suis pas son style. Je chasse ces pensées rapidement, tachant de me concentrer sur la perspective d’une soirée sympathique avec mes amis.

Dès notre arrivée, Arlo nous entraîne vers notre première attraction. Les auto-tamponneuses.

Zek

J’adore cette attraction. Celle dans laquelle s’apprêtent à monter Arlo et Zoé, ouais, carrément. Mais il y en a une que j’aime encore plus, et c’est celle qui me donne envie de dévorer Pia toute crue depuis que je l’ai vue débarquer dans sa toute petite robe moulante. Putain, à cause de ce fichu bout de tissu, je suis peut-être devenu le premier homme à bander dans une auto-tamponneuse. À chaque collision, mon regard se rivait automatiquement sur sa poitrine qui rebondissait, et j’ai maintenant envie de partir me cacher pour dissimuler mon malaise loin de ses jolis yeux verts.

Pia n’a pas oublié sa promesse de tout à l’heure, puisqu’elle refuse immédiatement de faire un tour dans le manège à sensation qu’ont trouvé Arlo et Zoé à l’instant. Elle prétexte une fringale soudaine, et en bon ami, je me dévoue pour l’accompagner acheter ce cornet de churros dont elle rêve tant. Nous voilà seuls, noyés au milieu d’une foule effervescente de touristes et de locaux venus s’amuser le temps d’une soirée.

Une fois que nous nous sommes suffisamment éloignés de nos amis, isolés du monde derrière un bâtiment situé à l’écart de la fête, je me rends compte que Pia a l’air légèrement tracassée. Je fronce les sourcils, intrigué, mais elle prend les devants.

— Elle ne te plaît pas ?

Je penche la tête sur le côté, confus.

— Hein ?

— Ma robe. C’est pas ce que je porte en général, je sais…

Je souffle et lui adresse un sourire hébété qu’elle ne semble pas saisir tout de suite.

— Pia, tu es sublime. J’ai envie de te bouffer depuis que tu t’es changée.

Ses lèvres s’étirent en un large sourire, et mon cœur se réchauffe à cette vision. Elle est sublime. Qu’elle en doute encore me surprend même énormément.

— Ok, je vois. Avant que je me change, je t’inspirais quoi, alors ? s’amuse-t-elle.

— Oh, j’ai toujours envie de te bouffer. Peu importe ce que tu portes.

Un feu que je connais bien brûle au fond de ma poitrine. C’est celui qu’elle alimente depuis dix ans, celui qui s’embrase, qui flambe et me consume de l’intérieur depuis tant de temps. Le feu qu’elle a allumé en moi.

Pia déglutit, et une lueur sauvage passe dans ses yeux.

— Zek ? J’ai vraiment pas faim. Et pour être honnête, je suis pas fan des churros.

L’instant d’après, je saisis son visage en coupe et la plaque contre le mur, aussi délicatement que possible compte tenu des pulsions que je réfrène depuis ce matin. Nos lèvres s’apprivoisent, et nous échangeons un baiser passionné que je veux garder en mémoire jusqu’à la fin de ma vie. Plusieurs secondes s’écoulent avant que nos regards se croisent à nouveau, et la fièvre qui anime nos yeux m’arrache un frisson de contentement. Lorsque je me penche vers son cou pour l’embrasser, et que son souffle se mue en gémissement contre mon oreille, je perds pied. J’en veux mille fois plus. Je n’en aurais jamais assez, putain.

Les mains de Pia se fraient un chemin sous mon tee-shirt, et les miennes descendent doucement vers ses hanches, puis vers ses reins. Je caresse enfin ses courbes que j’ai tant admirées. Tant désirées.

— On devrait aller chercher ces stupides churros, murmure Pia entre deux baisers langoureux. Arlo et Zoé ne vont pas comprendre…

Je l’interromps en l’embrassant encore une fois, et alors que je me détache d’elle à regret, je fais le point sur la nuit qui m’attend. Celle que je dois passer avec Arlo, sur le vieux clic clac du salon. Pia sera avec Zoé dans l’unique chambre de ce bungalow trop petit, et je grogne ma frustration en levant la tête vers le ciel étoilé de l’été.

Une chambre de plus, et je n’aurais pas hésité un instant à déclencher une troisième guerre mondiale en me faisant chopper.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Bumblebee ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0