Chapitre 22 - Zek
☼ Chapitre 22 - Zek ☼
Tant mieux. Parce que, Pia, je me soucie de tout, quand il s’agit de toi. J’aimerais tout savoir, mais surtout, profiter de chaque découverte te concernant. Ça, ce sont les mots qui surgissent au fond de moi, mais je n’ose pas les prononcer.
— Tant mieux, si ça te va. Je vais chercher nos assiettes.
Honnêtement, j’ai passé deux heures à cuisiner avant qu’elle n’arrive, mais je n’ai qu’une envie : tout laisser au frais, l’attraper par la taille et la jeter sur mon lit. La seule chose qui me retient, c’est sa réaction potentielle. Si ça se trouve, elle n’est venue ici que pour discuter et manger un morceau. Et, même si ce n’est pas le cas, ce que j’espère vraiment, elle a peut-être très faim. J’ouvre la porte du réfrigérateur, mais suis surpris de rencontrer une résistance qui vient la rabattre aussitôt. Ce n’est pas mon frigo qui déconne, non, c’est la main de Pia qui vient de le refermer, et ses grands yeux verts qui semblent être bloqués au fond des miens. Elle me sonde du regard, mais ça ne dure qu’une seconde. L’instant d’après, elle dépose ses bras sur mes épaules, tandis que les miens se positionnent autour de sa taille. Ça suffirait à me rendre fou, de la sentir juste là, collée à moi. Ses cheveux ondulés descendent en cascade jusqu’en bas de son dos, et je les sens chatouiller mes mains. Je ne résiste pas à l’envie féroce d’y glisser mes doigts, ni de les enrouler autour de mon poing au moment où je fonds sur sa bouche.
Jusque là, les baisers que nous avons échangés ont été doux, parfois langoureux, mais ils n’ont jamais été empreints d’une telle urgence. Nos respirations sont courtes, et sentir son souffle saccadé contre le mien m’excite bien plus que je n’aurais pu l’imaginer. Le sang qui parcourt mes veines se met à affluer vers mon entrejambe, et la position dans laquelle nous sommes fait que Pia le remarque presque immédiatement. Je la vois sourire entre deux baisers, tout en mordant sa lèvre inférieure.
— J’espère que tu as rêvé de ce moment autant que moi, souffle-t-elle près de mon oreille.
J’en ai des frissons. Elle est en train de mettre feu à mon âme.
— T’as pas idée. Mais… c’est encore mieux en vrai.
Alors qu’elle s’est un peu écartée de moi pour me parler, j’ai une vue plongeante sur le décolleté de sa petite robe blanche. C’est déjà beaucoup trop de tissu pour ce que j’ai envie de lui faire, mais je décide de l’emmener jusqu’à ma chambre pour que nous soyons plus à l’aise.
À son regard émerveillé lorsqu’elle pénètre dans la pièce, je réalise que je ne la lui avait pas faite visiter, la dernière fois qu’elle est venue. C’est une petite chambre, dont j’ai recouvert les murs de photos, de posters et d’un tas d’autres choses. Elle pourrait passer des heures à les scruter, j’en suis persuadé. Pourtant, l’instant d’après, c’est moi qu’elle regarde. Mon cœur manque un battement à ce constat. Pour une fois, mon rêve se réalise. Libérer cet amour qui me consume depuis si longtemps, me soulage d’un poids que je n’avais même pas conscience de porter. Je connaissais la douleur de la savoir inatteignable, mais maintenant que j’ai goûté à sa peau, je referais tout cent fois, sans la moindre hésitation.
Du bout des doigts, je fais tomber les fines bretelles de sa robe le long de ses épaules, puis l’accompagne dans sa descente vers le sol. Elle est là. Pia, devant moi, en sous-vêtements. Je savais déjà qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, mais le voir… c’est une toute autre chose. Ok. J’inspire discrètement pour me remettre de mes émotions, puis la guide de mes mains, lui suggérant de s’asseoir au bout du lit. Je me positionne à genoux entre ses cuisses, à peine conscient de cette nouvelle proximité et de cette intimité dans laquelle nous sommes tous les deux en train de nous laisser entrer, puis j’embrasse sa poitrine. Le soupir qu’elle émet me retourne le cerveau, et je jurerais qu’elle a un goût sucré. La sentir se cambrer sous mes coups de langue rend mon érection douloureuse, mais c’était sans compter ses mains agrippées à mes cheveux et sa douce voix éraillée par l’excitation.
— Zek… S’il te plait…
Je me redresse, les joues en feu et le souffle court.
— Tu veux que j’arrête ? chuchoté-je.
— Ne t’avise même pas. Par contre, tu es beaucoup trop habillé par rapport à moi.
Je souris tandis que Pia inverse la dynamique et soudain, c’est moi qui me retrouve assis sur le lit, faisant au passage voler mes vêtements à travers la pièce. Je ne garde que mon boxer, qui ne sert plus à grand chose, tant mon excitation est visible. Comme si elle l’avait deviné, elle passe ses doigts sous l’élastique du dernier vêtement que je porte encore, et le nuage de chaleur qui brûle dans mon bas-ventre devient carrément incandescent. Qu’elle fasse de moi ce qu’elle veut. Je suis à sa merci.
Je réprime un frisson au moment où sa main s’empare de mon membre. Lorsqu’elle entame de lents va-et-vient, je plonge mon regard dans le sien, et ce contact visuel si intense entre nous suffirait presque à me faire jouir.
— Tu es si belle, soufflé-je.
Les mots se sont échappés d’entre mes lèvres, et celles de Pia sont entrouvertes, humides de nos baisers. Je le pense si fort, je l’ai toujours pensé. Si mon cœur a chaviré une première fois lorsque nous avions seize ans, c’était sans aucun doute pour me préparer au naufrage qu’il vit aujourd’hui.
Je place une main légère sur l’épaule de Pia qui s’est agenouillée devant moi, les yeux empreints d’une lueur lascive que je n’avais encore jamais vue chez elle.
— Tu n’es pas obligée… lui dis-je doucement.
— J’en ai envie.
Quatre petits mots qui suffisent à me foutre en l’air. Bien sûr qu’elle en a envie, Zek. Elle ne serait pas là, à te bouffer du regard, si ce n’était pas le cas. Et pourtant, j’ai du mal à y croire, jusqu’au moment où ses lèvres appliquent une douce pression autour de mon gland.
Les minutes qui suivent sont un délicieux supplice. Je lutte à chaque instant pour que les vagues de plaisir qui me consument n’interrompent pas trop vite notre étreinte, mais je sens Pia lâcher prise plus vite que moi au moment où elle se laisse submerger par un premier orgasme. Je la contemple un instant, mes doigts encore enfouis en elle, savourant les sensations de la sentir plus proche de moi qu’elle ne l’a jamais été. Nos corps sont plaqués l’un contre l’autre, bouillants, et dans un baiser fiévreux, j’entends les mots qui finissent de m’achever.
— Je veux te sentir en moi, soupire-t-elle contre ma bouche.
Je n’arrive même plus à réfléchir. Coincé sous sa peau douce et bronzée, au milieu des effluves de son parfum et de ceux de nos corps en effervescence, c’est aussi tout ce dont j’ai envie. J’attrape un préservatif dans ma table de chevet, et en un rien de temps, je me retrouve au-dessus d’elle.
Mon cœur bat si fort que je sens ses battements pulser à travers mes tempes. Je prends mon temps, et la sensation est inouïe. J’ai l’impression de découvrir le corps d’une femme pour la première fois, mais nos années d’expérience, bien que nous les ayons vécues l’un sans l’autre, nous permettent de savoir exactement ce que nous voulons… et c’est juste incroyable. C’est notre première fois, et d’un coup, toutes celles qui ont précédé ne comptent plus. Elles n’existent plus. Pia gémit au moment où je rentre enfin en elle, et je laisse échapper un râle de plaisir qui s’intensifie lorsque ses mains s’agrippent à mes fesses. Si elle continue, ça ne va vraiment pas durer longtemps.
Après quelques minutes, le rythme de mes coups de reins s’intensifie, et je sens Pia se raidir contre mon torse.
— Tout va bien ? lui demandé-je, légèrement essoufflé.
— Ne t’arrête… pas…
Je comprends alors qu’un deuxième orgasme est en train de la terrasser, et il n’en faut pas plus pour que nous jouissions au même moment, mes bras entourant son corps secoué de spasmes, nos lèvres scellées dans un baiser qui laisse sur mes lèvres un goût… d’amour. Je l’aime. Je le savais déjà, et j’avais voulu l’oublier. Comment l’aurais-je pu ? Je la veux plus que que je ne l’ai jamais voulue, pour toujours et à jamais. La douceur de son corps, son parfum, le son enivrant de ses gémissements à chaque fois que nos corps s’imbriquaient complètement.
Je veux tout garder en mémoire, et recommencer un millier de fois. Ne jamais oublier ce que je viens de ressentir. Je la veux, elle. Partager sa vie et toutes ses nuits. Et j’ai si peur que ce soit trop demander.
Un long moment s’écoule avant que nous nous écartions l’un de l’autre, nous défaisant de notre étreinte à regret. Je me défais du préservatif avant d’aller le jeter, pressé et un peu nerveux de retourner à ses côtés sur le lit. Nos vêtements jonchent toujours le sol de ma chambre, mais aucun de nous deux ne semble avoir envie de se rhabiller, et cela me rassure immédiatement. En trois minutes, j’ai déjà eu le temps de l’imaginer partir en courant, et retourner sur Paris avec l’intention de ne jamais me recontacter. C’est ridicule. C’est ce que je ferais, avec n’importe quelle autre fille. Jamais avec ma Pia.
Je laisse de côté les quelques pensées négatives qui me hantent, et m’installe à côté d’elle. Le sourire qui flotte sur ses lèvres m’intrigue. Je ne pense pas qu’elle ait été déçue de ce moment, mais qui sait ?
— Ça… va ? tenté-je, souriant à mon tour.
Pia plisse les yeux dans ma direction, et une nuée de papillons se met à virevolter au creux de mon ventre. J’ai déjà envie de me jeter à nouveau sur elle, d’embrasser chaque parcelle de son corps que j’aurais manquée la première fois.
— Hum, je ne sais pas bien.
Je fronce les sourcils, inquiet. J’espère que je ne lui ai pas fait mal ? Elle enchaîne immédiatement.
— Tu vois, je ne sais pas ce qui serait le mieux. Le bò bún, ou un deuxième round tout de suite ? Tu préfères quoi ?
Mon inquiétude s’envole et je ne sais pas si j’ai déjà souri aussi fort. J’en ai mal aux joues, mais c’est une douleur exquise. Les étoiles sont enfin en train de s’aligner, et la seule que j’ai besoin de voir briller est nue sur mon lit.
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