8h tapante. 01 mai 2021
Lorsque j’étais enfant, le 1er mai était un jour un peu différent des autres. Maman partait faire la tournée de ses patients, et j'avais pour habitude d'aller chercher du muguet avec Nana, à la boutique de fleurs de la rue Grenette. Le parfum du muguet refait surface dans mon esprit. Une odeur que je n'oublierais jamais, probablement parce qu'elle est associée à un moment de bonheur. Papa rentrait plutôt du travail et prenait le temps de manger avec nous le midi. J’appréciais tellement ces moments en famille. Je me sentais privilégiée.
A cet instant précis, ce n'est pas l'odeur du muguet qui me chatouille les narines. Il est 8h tapante du matin. Du pied, je pousse la porte coupe feu de la salle 4 de la morgue, où Lilian m'attends.
_ Salut Eli ça roule ? il me jette un regard sympa. Avec ses cheveux blonds bouclés et son teint hâlé, il ressemble plus à un surfer qu'à un médecin légiste. Qui plus est , un talentueux médecin reconnu dans la profession.
Je pose les deux grands cafés à emporter, que j'ai pris chez Rose en venant.
_ Ça va Lilian merci ! Et ça ira encore mieux si tu as trouvé des trucs intéressants pour nous permettre d'avancer pensais-je.
_ Tu as déjà les identités, il me semble ? me questionne t-il
Je sors mon carnet de la poche arrière de mon jean, et commence mon énumération.
_ Isabelle Marques, 49 ans , femme au foyer, inconnue des services de police. Jean Pelletier 45 ans , employé à la scierie des Bleuets, pas mal de contraventions ces dernières années, ni plus ni moins.
Je marque une pause et fixe mes notes.
_ Etienne Guernillon, 52 ans, professeur d'espagnol au lycée Les Églantines de Perros. A part ça je n'ai pas grand chose. Et toi ?
_ Écoute il y a plusieurs choses intéressantes. Primo ils sont tous morts de blessures par balles. La pendaison ce n'est qu'une mise en scène glauque, il se déplace jusqu'au lavabo et se lave les mains avec un détergeant tout en continuant.
_ Deuzio les balles qu'on a extrait des corps : Je peux te dire que le calibre n'est pas courant. Je dirais une carabine à pompe, genre que les militaires utilisent.
_ Une arme répertoriée dans les fichiers militaires ? demandais-je
_ J'ai vérifié, et oui, il y a bien une arme déclarée perdue au service logistique des armées depuis le 16 janvier 1997. Une arme type fusil a pompe.
Je vais appeler Alexandre pour qu'il peaufine la recherche.
Lilian hésite.
_ Je dois faire quelques recherches dans nos archives, mais je suis à peu près certain d'avoir vu ce calibre dans le dossier de Ploumanach, quand je l'ai feuilleté
Je relève les yeux vers lui.
_ Tu penses que c’est le même tueur ?
Il hausse les épaules en guise de réponse. J’essaie d'assimiler les informations.
_ Si c'est bien la même arme, nous le saurons vite avec la balistique, ajoute-t-il.
J'irais faire un tour à la PJ en sortant d'ici, peut être qu'ils ont déjà quelques éléments.
_ Tertio, les trois corps ne présentent aucun signe de maltraitance, ou de blessures liées à une éventuelle tentative de défense. Par contre, tous ont des traces de terre argileuse, sur les chaussures et les vêtements. Et c'est là que c'est intéressant ! Il attrape les documents qui sortent de l'imprimante.
_ Je peux t'affirmer qu'ils ont été tués tous les trois , au même endroit ! Un endroit assez calcaire, comme une mine ou une carrière .
J'ai du boulot sur la planche
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