7 mai 2021 . 22h20.
J'ai tout rapporté. Les dossiers d'expertise, les photos, les documents officiels, les conclusions des enquêteurs, même celles des légistes. Tout est là. Tout est posé sur la table basse du salon. Comme si j'allais encore découvrir des choses que j'ignorais, je reste immobile, figée, mon verre de chambre d'amour à la main. Et je savoure chaque gorgée de ce vin frais , acidulé, qui me procure une sensation de tranquillité, en fixant l'écriture impeccable de l'officier : AFFAIRE PLOUMANACH – 25/02/2001.
Mes souvenirs me submergent à nouveau. Je me rappelle, quelques jours après le drame, avoir fouillé ma garde robe pour trouver la tenue qui conviendrait le mieux afin de dire adieu à papa. Je n'étais plus vraiment moi même, mais maman avait insisté. Sois forte, il sera fière de toi, répétait-elle sans cesse. J'avais choisi une petite robe noire et mauve, je savais qu'il m’adorait la voir porter. Comme pour m'armer d'une force spirituelle, ou pour me donner du courage dans le pire moment de ma vie, j'avais glissé dans la poche de mon manteau, la photo de nos vacances dans le jura, ou nous avions passé un été extraordinaire tous les quatre.
Mon cœur s'emballe un peu, mes mains tremblent en attrapant les précieux dossiers. Je m’assois à même le sol, sur le tapis bleu canard du salon. Mon verre à quelques centimètres de moi, pour me réconforter. La lecture commence, dans un calme tumultueux qui m'habite intérieurement, et dans la tristesse la plus profonde, qui fait d'un orage tous les jours de ma vie.
Mais ce soir, plus que tout, j'irais au bout de mes recherches. Je veux connaître la vérité. Ma vérité. Quelle qu'elle soit.
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