-A droite Yuki ! A droite ! hurle Adam.

 Le gros chien blanc aboya et courru derrière les moutons, les rassemblants et les faisant bêler davantage. Les cloches tintèrent bruyamment.

-Voilà ! C'est bien ça !

 L'homme d'une cinquantaine d'année avisa le troupeau. Une cinquantaine d'animaux. Le printemps était là et une dizaine d'agneaux étaient nés durant les trois dernières semaines. Cette vulnérabilité risquait d'attirer les prédateur. On avait rapporté la présence d'un lynx dans la région, non loin d'ici.

-Papa ! Papa !

 Un jeune homme accourut, grimpant la pente habilement. Il avait une courte chevelure brune presque noire et des yeux bleus.

-Je t'apporte ton déjeuner.

-Merci William.

 Adam attrapa le pain et le fromage dans la besace de son fils.

-A l'arrière Yuki !

 Le Patou alla rassembler les quelques retardataires.

-Les naissances de cette année ont été prématurées, lança William, ça va poser problème, tu crois ?

- Pour la transhumance ? Les agneaux sont en bonne santé, alors ça ira.

-On part quand ?

-Dans trois jours. On monte au Lac Blanc, cette année.

 William acquiesça. Cet endroit était connu pour ses magnifiques paysages. Le jeune homme soupira et tourna la tête.

- Papa, c'est ta dernière transhumance, pas vrai ?

- Oui. Je n'ai plus la force pour un tel voyage. L'année prochaine, tu sera seul.

 Son fils regarda les moutons et les brebis paisant paisiblement. Non loin, Yuki s'octroyait un repos sous l'ombre d'un bosquet. Il se sentait nerveux à l'idée d'entreprendre un tel travail seul. Un cri perçant retenti dans le ciel, faisant lever la tête au père comme au fils.

-Une jeune buse en chasse, déclar le plus jeune.

 Adam hocha la tête. William lui donna la bouteille d'eau et il but a grandes gorgées. Il resta un moment avant de redescendre jusqu'au domaine familiale. Il parti aider sa mère, Madeline.

-William ? demanda la femme depuis le potager, peux-tu descendre au village ? Il nous faut des pommes de terre.

- Très bien. Je prépare Napoléon et j'y vais.

 Le jeune homme marcha quelques dizaines de mètres jusqu'à une pâture où broutait un âne. Celui-ci fut sorti et équipé. Puis il parti, guidé par son maitre. Il fallut une bonne heure pour que William atteigne le petit village. Il se rendit a l'épicerie et attacha Napoléon à l'un des anneaux au mur. Il prit un des deux sacs et entra.

-Bonjour mon petit Will', comment vas-tu ?

- Bien, merci Claudine. Je viens t'acheter des patates.

- Ah, tu as de la chance, on m'en a livré pas plus tard qu'hier !

 La femme lui sorti un cageôt plein. Tandis que la transaction se faisait, la femme dit :

-Vous devriez éviter la transhumance, cette année, apparemment, une bête rôde.

- Sûrement un ours, lança le jeune homme avec un sourire, il ne fera pas long feu face à mon père !

- Oh non, c'est plus gros.

- Plus gros qu'un ours ? ricanna William, alors c'est quoi ? il n'y a pas de grizzely ici.

- Soit prudent, Will', des rumeurs circulent à ce sujet. Il s'agirait du Roi des Montagnes.

- J'y crois pas, c'est un compte de p'tits enfants pour les dissuader de partir à l'aventure. Bon, merci Claudine.

- Parles-en quand même à ton père, gamin. A la prochaine !

 Le jeune homme sorti et chargea les pommes de terre sur le dos de Napoléon, répartissant le poids de chaque côté.

- Le Roi des Montagnes, et puis quoi encore ? T'entends ça mon vieux ?

 Il reparti en direction du domaine familial.