Chapitre 34

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— Ouvrez ! dit Dusan en plissant les yeux.

Le geôlier attrapa ses clefs et déverrouilla une large porte en fer.

Dans une prison impériale, à l’abri des attentions, une cellule était gardée par plusieurs soldats.

Le Troisième prince entra dans la grande pièce, haute de plafond et couverte de tapis.

Dans un angle, sur un lit en baldaquin, un détenu était assis et le regardait avec surprise.

— Vous êtes bien installé, je vois que le Juge s’est montré généreux. Savez-vous qui je suis ? demanda Dusan en s’appuyant nonchalamment contre le mur.

— Non, un grand fonctionnaire ou un truc du genre ? fit le bagnard en se redressant.

Le geôlier s’interposa et le força à rester assis :

— Voici Son Altesse Dusan Tritis, marmonna-t-il.

Le prisonnier se gratta la barbe et observa Dusan un moment, avant de dire :

— J’ai dit tout ce que je savais sur le rouleau écarlate.

— Ce n’est pas pour ça que je suis ici… Nous finirons par le retrouver, ce n’est qu’une question de jours. Depuis combien de temps travaillez-vous pour l’Héritier ?

Le prisonnier garda le silence :

— Je vous ai déjà tout dit… Je suis serrurier et j’ai travaillé plusieurs semaines au Palais en tant que domestique avant de recevoir l’ordre de voler le rouleau.

— Certes… Mais il manque certains éléments dans le rapport qui m’a été donné. Je sais que vous avez signé un accord avec le Juge, qui ne souhaitait pas que les noms s’ébruitent… Je comprends que certains fonctionnaires ne veulent pas déstabiliser la famille impériale… Mais c’est à nous de décider de ce qui va se dérouler, c’est notre responsabilité, après tout… qui au Palais vous a embauché ? Que savez-vous sur l’Héritier ?

— Je ne suis pas proche de lui, dit le prisonnier d’un ton morne.

— Je sais, vous n’êtes qu’un pion… Mais répondez à ma question. Vous cachez quelque chose.

— Je… Et bien…

Face à son hésitation, Dusan se tourna vers le geôlier. Le gardien hocha la tête et fit entrer le Capitaine Ottmen dans la cellule.

— Voyez-vous, l’Héritier sera bientôt condamné pour trahison et tous ses collaborateurs avec lui. Il doit y avoir beaucoup de nobles rattachés à sa cause, j’ai besoin de leurs noms.

Le chevalier saisit le prisonnier par le col, puis le jeta au travers de la pièce.

— Vous, vous n’avez pas le droit de me frapper ! s’écria l’homme qui tenta de se relever

— Vous faites erreur, je connais justement les règles… Je ne suis pas député ou un soldat. Je suis au-dessus de tout cela. Et je ne pense pas que vous allez facilement…

Ottmen cogna encore l’individu et lui fit sauter quelques dents.

— Cracher le morceau, conclut Dusan dans un sourire.

Le prisonnier tomba au sol, sonné.

— Si vous ne répondez pas à mes questions, vous n’aurez jamais l’argent qu’on vous a promis en sortant d’ici. Je me moque des directives du juge. Je vous transfère dans une des cellules du sous-sol, avec les autres bagnards du pays. J’exilerai votre famille et chaque année, je demanderai à ce qu’on découpe un petit morceau de votre corps et qu’on leur envoie pour les fêtes de fin d’année. Le geôlier va vous apporter un papier et un crayon, je veux la liste de tous les alliés de l’héritier dans trois jours, ainsi que la localisation de sa base.

— Je… Je ne sais rien…, commença l’homme dont le visage était contracté par la douleur. Vraiment, je ne sais rien, je le jure sur la Mère !

Dusan soupira, le poing du soldat s’abattit encore sur le corps du malheureux.

— Je ne connais pas tous les nobles de l’Empire ! Sa base est dans un fort, une ancienne prison, près de la côte d’une ile perdue !

— Qui vous a recruté ? demanda Dusan en frémissant.

— Je… Je…

Le captif roula des yeux, regarda autour de lui.

Ce n’est pas du tout ce qu’on m’avait promis ! pensa-t-il en se sentant abandonné.

— Ah, Dusan, tu es là ? fit une voix derrière la porte.

Le prince se retourna, surpris. La tête de Damjan apparut dans l’embrasure de la cellule.

— Oh, tu as déjà commencé ! J’ai bien fait de venir plus tôt.

— Tu n’as pas encore la cérémonie à organiser ?

Damjan secoua la main comme pour chasser cette idée :

— Tout est en ordre. Tu peux partir, je vais m’occuper de lui.

— Tu en es certain ? Je ne veux pas que tu sois ralenti, il y a également cette entrevue avec Hildegarde.

Les doigts couverts de bijoux de Damjan se posèrent sur l’épaule du jeune frère :

— J’ai plus d’expérience que toi en ce qui concerne les coups de cravache. Si tu désires me rendre service, vas rencontrer Oriana et Garance à la chapelle, signe les derniers papiers pour moi. Je vais m’occuper de lui, j’ai envie de me défouler. Je te donnerai la liste des traîtres aujourd’hui.

Le prisonnier déglutit.

Dusan hocha la tête, soulagé de savoir que son frère comptait sur lui, il lança un regard au soldat et quitta la cellule en se baissant dans l’embrasure.

— Et bien, cher monsieur, cela tombe à pic, j’ai besoin de m’exercer le poignet.

— Attendez, je… Ce n’est pas ce que j’avais conclu, ce n’est pas ce que j’ai signé ! Je veux parler à…

Un claquement suivi d’un cri résonna dans le couloir humide de la prison, Dusan ricana.

— C’est à moi que vous vous adressez, écrivez tout ce que vous savez sur les personnes qui vous ont recrutées.

Le troisième Prince sortit à l’air libre et remplit ses poumons d’air frais. Pressé et satisfait de travailler avec son frère, il partit en direction du Palais.

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