Trime

3 minutes de lecture

Loïc leva les yeux vers la tête de Trime, qui lui semblait se trouver bien plus haut, limite dans les nuages, et déglutit.

"Il paraît que tu as mon fric ? demanda Trime.

-Information erronée, répondit Loïc.

-J'm'en fous que tu prétendes que c'est l'tien, je sais que c'est l'mien.

-Calcul en cours des probabilités d'appartenance à Trime de l'argent que je possède." fut la réponse de Loïc.

Il n'était pas un sportif. Il n'était pas non plus sûr de lui. Tout ce qu'il avait trouvé comme astuce jusqu'ici pour échapper aux caïds, c'était de les faire rire. Mais quand plus de dix mille euros étaient en jeu, il y avait peu de chance que Trime éclate de rire et lui donne une bonne tape sur l'épaule avant de le raccompagner à l'arrêt de bus.

Oui, plus de dix mille euros. Les intermédiaires se trompaient souvent de Loïc, les débiteurs pariaient et perdaient gros, et cela faisait deux ans que Loïc espérait que Trime ne se rendrait jamais compte de la supercherie.

Effectivement, celui-ci envoya son poing dans la figure de Loïc, l'envoyant à terre, et dit :

"Tu vas me rendre mes dix mille balles, oui ?"

Calcul d'un itinéraire de fuite en cours, songea Loïc en glissant un regard vers la rue.

"J'ai beaucoup de talents, ce serait un gâchis terrible de se cantonner à dix mille euros ! s'exclama-t-il subitement, pris d'un éclair de génie (enfin, de ce qui lui semblait être du génie). Pour l'instant, tu me tiens à ta merci, je te dois trois mille balles."

Il baissait le chiffre afin de faire croire à Trime qu'il s'était trompé dans ses calculs. Avec un peu de chance à la fin de l'opération ils seraient quittes et il aurait toujours sept mille euros en poche.

"Je sais que tu n'aimes pas la bibliothécaire, ajouta Loïc. Pour ma part j'ai un cousin pyrotechnicien. Tu veux que je déclenche un feu d'artifice dans la bibliothèque en pleine heure de pointe ?"

Trime se figea, les yeux dans le vague. Loïc savait que c'était à cela qu'il ressemblait quand il commençait à réfléchir. Il savait également que ça ne voulait pas dire que Trime ne le verrait pas s'enfuir s'il essayait. Comme les T-Rex, sa vision était basée sur le mouvement.

"Tu proposes de me payer en nature ? répondit Trime au bout de quelques secondes.

-Oui, répondit Loïc. Je sais également crocheter des serrures, au cas où tu voudrais piquer les anti-dépresseurs du prof de maths pour les revendre au marché noir."

Il lançait tout ça au hasard, car le prof de maths n'était pas sous anti-dépresseurs et que s'il savait comment crocheter une serrure en théorie, ce n'était pas le cas en pratique, et que par ailleurs il n'avait pas de cousin pyrotechnicien. Mais il espérait gagner un peu de temps.

"Ça me va, répondit Trime. Mais attention : il ne s'agit pas d'un petit travail comme foutre le feu à la bibliothèque ou voler des médocs."

Houlà. Loïc sentait venir le moment où Trime dirait ''j'ai besoin d'aide pour un truc illégal''.

"J'ai besoin de toi pour un truc illégal." dit Trime.

Tellement proche.

"Quel genre de truc illégal ? demanda Loïc.

-Kidnapper quelqu'un."

Oh punaise. Dans quoi venait-il de se mettre ?

"Pas de problème, répondit Loïc. Qui exactement ?

-Maria, la plus belle fille du campus."

Oh, ça allait très mal se finir. Loïc hocha cependant la tête et dit :

"Pas de problème, je suis quasiment son beau-frère. Elle me suivra. Où veux-tu que je l'amène ?

-Oh, bah là où j'organise les combats de chiens. Ça l'impressionnera."

Mais bien sûr. Essayer d'impressionner une végan qui manifestait contre les expérimentations sur les animaux et la chasse en lui montrant des combats de chiens. Wow. Trime avait atteint un niveau supérieur de stupidité.

*Niveau 233 de stupidité atteint ! TONG ! Vous pouvez désormais regarder dans le vide et vous curer le nez en même temps*

C'est du moins la pensée qui traversa l'esprit de Loïc.

"Je te l'amène ce soir, promit-il.

-Gare à toi si tu le fais pas, répondit Trime en le laissant rejoindre l'arrêt de bus. Je sais où t'habites."

Loïc lui sourit d'un air crispé, puis monta dans le bus, soulagé de voir que Trime restait sur le trottoir. Il sortit discrètement son téléphone et envoya le SMS suivant :

Besoin de te voir. Immédiatement.

Annotations

Vous aimez lire Arsène le Conteur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0