"AZU Jenna M. Jenkins H, Cdte-M/E, ambassadrice zéro universelle ; AUPI Ariana, GC31, ambassadrice universelle par interim ; VAPE Pauline Leclère, Contre Amirale, vice ambassadrice en charge du port de l’est ; VACA Maëlle Leclère, vice ambassadrice en charge des cavalières de l’apocalypse."

Etc. La liste est longue au journal officiel. Pauline a prise du galon à l’Est, et le nom de sa mère aussi. Me voilà passée de la grand-mère Pauline à la petite fille Maëlle, de sauveteuse en mer à ambassadrice honorifique, d’une annexe encore écrite à l’autre, invisible. Mais à nous quatre dans la liste, on gère les âmes perdues. Greta n’apparaît plus nulle part. Elle a fini par réussir à redevenir anonyme. J’y arriverai aussi un jour, j’en suis sûre. En plus, je peux reprendre mon ancien nom pour m’aider à faire disparaître la Jenna Jenkins qui est en moi. Mais je m’y suis faite, je l’aime bien, plus que ça même. J’ai un peu de temps à moi seule pour me célébrer avec quelques bulles, un peu de fumée et deux minibris bien placés que je lance en mode turbo, je m’accroche à mes seins pour m’aimer avant de sombrer. Quand je reprends connaissance je rampe jusqu’à la douche pour réveiller mon corps recroquevillé qui se déplie et s’accroche où il peut pour se lever et se remettre en position debout. Maëlle arrive au bon moment pour m’aider à m’habiller et à me coiffer, inquiète de me voir dans cet état, son Monolithe A à la main pour prévenir Estelle, ma médecine personnelle.

• Non Maëlle, c’est pas la peine, ne la dérange pas pour ça.
• C’est Ariana qui t’a mise dans cet état ?
• Non, c’est moi. Je suis juste un peu fragile et mon état primaire me le rappelle de temps en temps. Si je ne prends pas soin de moi, je peux tomber malade, c’est tout. Je suis plus faible, plus sensible, à tout, c’est tout.
• Je peux être dangereuse pour toi alors.
• Ah bon ? Je n’ai décelée aucune trace occulte en toi, même dans les moments les plus tendus de notre intimité. Tu es sûr que tu as des pouvoirs, à part celui de m’aimer ? Tu maîtrises, Maëlle. Tu n’es que toi. Je ne suis que moi. On s’aime, c’est tout, c’est rien, c’est l’essentiel.

Elle pleure, de joie, de bonheur, d’inquiétude, de peur de me perdre et de ne plus vivre ce genre d’instant présent ensemble, ces moments qui donnent sens à notre existence, à notre civilisation, à notre ère, à notre Humanité, tout simplement, elle et moi, unies dans la même vie, commune, comme Une, comme la première étape après le Zéro.