102 - s'endormir en nous
Monsieur Dimitri est toujours là. Comme quoi, l’éternité existe vraiment. Peut-être que moi aussi je suis arrivée à destination avec Maëlle. L’apparence étrange de notre couple reste invisible car peu m’ont connue avant avec le corps de Megan. Pour l’occasion, Paulette est là aussi, avec Misha. Maëlle se sent à l’aise en tant qu’elle même finalement, loin de notre jeu de duplicité. Dans les couples, on déteint toujours un peu l’une sur l’autre à force de se mélanger les corps, les esprits et les âmes. Dans les conversation, il n’y a aucune allusion à l’activité de la civilisation qui se déroule sans nous. Elle est ici hors sujet. Les dimensions de chacune sont celles de leur petite vie et pas la grande existence à travers la fin interminable de l’ère 4. C’est à chacune de trouver son infini. Dimitri, lui, n’a rien à dire. J’en attends pas moins. On rentre à Sylvania parce qu’on à rien à fuir non plus là-bas. Tout est clair en nous. On peut cohabiter avec l’histoire qui se fait sans nous, les marginales existentielles centrées sur elles-même. Si on doit intervenir, c’est mauvais signe. Apparemment, on risque d’être tranquilles pour longtemps, les Hautes Fonctionnaires maîtrisent l’éternité en Paix. On retrouve donc l’amour de notre cocon sauvage et notre routine affective. Un jour, on doit de vêtir décemment pour recevoir Énola et Marielle. Cette dernière, comme son prénom, est physiquement un mélange étrange de Marie et Maëlle. Énola en m’admirant avec ma compagne me félicite :
- J’aurais pas fait mieux. Vous êtes si belles, ensemble. Maëlle ?
- J’adore mon nouveau rôle. Et je me redécouvre moi aussi, dans le visible de pleine conscience loin des forces qui ont obscurcies ma vie.
Marielle nous explique quelques principes sur nos projets de vies dont le but est de ne rien faire du tout, du moins le moins possible afin de préserver ce que nous sommes. Ce genre de discours me paraît aujourd’hui difficile à suivre. Mes facultés intellectuelles sont à présent limitées et adaptées à nos petites existences vivantes d’animales primaires qui se boivent et se mélangent. Justement, à l’aide de quelques Philtres homéopathiques, on finit toutes ensembles sous la couette sous une pluie de mamelles et de leurs laits qui nous aspergent et pénètrent tous nos plis et replis. Je n’ai jamais vue Maëlle aussi heureuse de partager, de se donner, de profiter et de jouir de toutes nos caresses mutuelles. Avec Énola on finit par rester spectatrice de la passion qui traverse nos compagnes l’une dans l’autre. Leurs corps paraissent s’aimer plus encore que leurs âmes avant de revenir s’endormir en nous.
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