106 - l'oracle Aurélie
Quelqu’une nous regarde faire. En fait, Maëlle avait de la visite pendant mon absence. Énola. Elle a pas l’air d’être en forme. Affalée, en sueur, le regard flou. Ou alors j’ai interrompu quelque chose. Je lui fais signe de venir. Ça ne peut que lui faire du bien, un peu de gelée royale. En effet, ça a l’air de la requinquer. Maëlle s’évanouit, Énola en profite pour se confesser, sans fessée :
- Regarde-moi, Jenna. Notre ère stagne mais moi j’évolue, je décline. Je ne suis plus qu’une blondasse aux gros seins. Marielle déteint sur moi.
- Dans les couples, on finit toujours par déteindre l’une sur l’autre. Mais tu restes toi-même, tu es toujours Énola. En mieux.
- Je suis grosse et déprimée.
Des larmes coulent sur ses joues. Je lui fais un gros câlin. Elle a juste besoin d’une amie. Je veux bien être son amie. Elle me plaît à moi, Énola, même comme ça, surtout comme ça, belle, faible, vulnérable.
- Tu es juste plus humaine et plus sensible. Bienvenue dans ma dimension de Paix et d’Amour. Accroche-toi, je vais te faire jouir.
Je lui enfonce deux minibris connectés aux miens et on plonge dans une centrifugeuse de plaisir où je lui fais faire la toupie dans des galipettes incontrôlées histoire de lui remettre les idées en place et ses sentiments en ordre, sans même une goutte de lait, à en réveiller Maëlle qui vient en renfort. Les guerres ont lieu parce que les mâles ont des versions différentes de la même histoire. La Paix a lieu parce que nous avons des mamelles avec du lait à boire et à donner dans les amours communes de nos orgasmes corporels et spirituels dans la communion de nos âmes, humaines. Amen. Rassasiée et soulagée, Énola rentre vite exposer sa régulière à nos fluides encore chauds pour propager notre bonne parole me laissant seule avec la mienne, ma « elle » qui recommence à m’entreprendre, à me faire vibrer, à me faire chauffer, à m’essouffler à m’en faire vaciller comme la flamme d’une bougie qui ne veut pas s’éteindre, juste se liquéfier sur ses courbes pour en faire un moule de la sculpture de notre… Je me réveille à l’odeur sucrée du gâteau qu’elle fait cuire. C’est l’heure du goûter. La faim justifie les moyens. L’envie nourrit nos corps qui donnent envie d’avoir envie de provoquer l’envie, autant d’envies à assouvir qu’on ne peut pas, qu’on ne peut plus le faire seules, il faut s’y mettre à deux, en couple, à trois en trouple, à quatre entre couples. Nous sommes ce que l’on mange. On se boit entre nous. On a toutes la même source d’alimentation, c’est de là que vient notre amour pour la Paix, organisée par une seule personne, l’oracle Aurélie.
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