Préface
D'un coup. Plus rien. Le noir. Une douleur aiguë. Du sang étalé sur le sol, mon sang répandu sur le sol, l'incapacité de bouger, ne serait- ce qu'un seul doigt…
Un son strident. Ce tic-tac dans ma tête. Ce coucou qui résonne en moi. Cette chanson touche à sa fin, ma fin. Un dernier soupir. Mes derniers instants. Et pour finir, un léger courant d'air sur ma nuque.
Tic-tac tic-tac…
Bonjour ou bien bonsoir, joyeux anniversaire pour certains ou encore joyeux non anniversaire pour d'autres. Je m'appelle Olivier Bérant, 26 ans et passionné de mode depuis tout petit. J'ai toujours rêvé de travailler dans ce domaine et depuis quelques années, il y a cette boutique à Paris qui retient mon attention. Elle appartient à une femme qui se nomme Alice, ce qui est assez ironique, car son entreprise est entièrement dévoué à l’univers du pays des merveilles et s'appelle « Alice et la boutique des merveilles ». Je sais que c’est le métier qui est fait pour moi depuis le jour où, enfant, je prenais des vêtements usés pour faire des tenues miniatures aux poupées de ma petite sœur. Elle et moi étions si proches. Mais les temps changent, nous avons grandi et fini par avoir des centres d'intérêts différents. Emy est restée à la maison pour poursuivre ses études. Et elle a bien fait, elle a toujours été très intelligente, surtout en ce qui concerne les sciences. Et moi, eh bah… je suis tout simplement parti de chez moi. Pour m’installer en ville, loin, très loin de la campagne. J’ai donc réalisé l’un de mes rêves, Paris! La capitale de la mode! Mon ancienne vie ne me satisfaisait plus. C'était mort. Ennuyeux. Monotone… Il n'y avait rien qui pouvait me tirer vers le haut pour enfin devenir un artiste. C'est seulement à partir du moment où je suis rentré à l'école de mode que j'ai compris ce que vivre voulait dire. Je vivais comme je l’entendais, à ma manière. Je me nourrissais de ma passion, de spectacles tous plus inspirants et émouvants les uns que les autres et de musiques. Je voulais être quelqu'un à travers mes œuvres, montrer qui je suis réellement. Mais par-dessus tout, je voulais apprendre à me découvrir à travers l'art. J'avais ce besoin de montrer que moi aussi, j'étais doué dans ce que je fais, que je pouvais réussir. Et c'est ce qu'il s'est passé. Même après avoir été harcelé durant de nombreuses années à l'école, car j’étais un garçon qui, je cite “aime des trucs de filles”. Je n'ai jamais arrêté d'y croire. Et j'espère qu'après tout ce travail acharné, je vais enfin pouvoir aller au bout de mon rêve.
À la fin de mes études, j'ai pu travailler pour plusieurs marques, de plus en plus prestigieuses. Je réussis particulièrement tout ce qui est couvre-chef, et c'est la raison pour laquelle j'ai enfin osé postuler à Alice et la boutique des merveilles. Elle me fascine, que ce soit par son univers inspiré du livre de Lewis Carroll, ou bien encore par ces pièces uniques connues dans le monde entier. La robe créée par Alice sur le personnage du Chapelier Toqué en 2018 reste l'une de mes œuvres favorites, et elle le restera toujours. C'était un projet audacieux, une véritable réinvention du personnage emblématique, et le résultat était tout simplement époustouflant. Quand j'y repense, j'en ai des étoiles plein les yeux. Les finitions étaient parfaites, elle était allée jusqu’au plus petit détail, aux bijoux fait mains jusqu’au maquillage et à la coiffure réalisé par ses soins. C’est pour toutes ces raisons que je ressens le besoin de faire partie des créateurs de cette marque. J'ai cette sensation que je pourrais enfin être compris et de ne plus être seul. Et j’aurais l’honneur de voir un de leurs défilés qui se font si rares ces derniers temps. Il y en avait deux par an, voire trois. Mais depuis quelques années, il y a un défilé maximum par an. C’est pour cela que je dois tenter ma chance.
De plus, ils sont à la recherche d'un nouveau chapelier, je serai cette personne. Je me retrouvais avec le sourire aux lèvres au moment où je m’étais dit cette phrase. Je croyais tellement en moi. Je me sentais enfin capable de quelque chose. Pour une fois, j’étais bien, heureux. Car j'avais obtenu un entretien avec Alice grâce à mon parcours et à mon expérience professionnelle! Mais est-ce que cela serait suffisant ? Lorsque ces quelques pensées me traversaient l’esprit, j’avais perdu toute confiance en moi. Bien sûr que cela ne sera pas suffisant, je devrais montrer le meilleur de moi-même. Je sentais la joie, ma motivation et mon enthousiasme quitter mon corps petit à petit. J’étais en train de faire ce que je faisais de mieux, ruminer.
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