Chapitre 3

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J’avais enfin tout pour être heureux, mais quelque chose clochait, c’était surréaliste et cela m’empêchait l’accès au bonheur dans son entièreté.

Ma première journée dans mon nouveau travail est enfin arrivée. Je ressentais tellement de choses à la fois, de l'excitation, de la peur, du bonheur, je faisais tout le tour du cercle des émotions en boucle et ce depuis que j’avais appris que j’étais pris. L’attente m’en devenait insupportable, chaque seconde semblant une éternité. Il fallait absolument que je sois présentable, ce qui n'était pas tous les jours le cas, pensais-je en m'observant dans la glace de ma salle de bain, j’étais en jogging et tee-shirt, rien de très glamour... Ainsi qu’à l’heure. J'étais conscient qu'Alice ne ferait aucune exception. L’aura qu’elle avait dégagé l’autre jour m’avait marqué, cette femme savait ce qu’elle voulait et le faisait ressentir. Sa présence est électrisante, un mélange enivrant de confiance et de charisme qui laissait une empreinte indélébile. Le fait que j’allais me retrouver tous les jours en présence d’une telle énergie m'effrayait, en effet son dynamisme puissant semblait éclipser tout le reste, me laissant le sentiment de m'effacer, me retrouvant donc seul avec ma peur du rejet.

Cette première journée était parfaite, j'ai dû faire quelques croquis, chapeaux, robes, chaussures. Même si je préférais les couvre-chefs, cela ne me dérange pas de montrer ce que je savais faire dans les autres domaines. On m'a fait visiter la boutique ainsi que les bureaux et les plans de travail. La décoration était juste fabuleuse, les détails enchanteurs des horloges extravagantes aux chaises excentriques, créaient une atmosphère féerique où la réalité et l’imagination se mêlaient harmonieusement. Je pensais que seule la boutique et le bureau de la patronne était sur le thème d'Alice au pays des merveilles, mais pas du tout. Que ce soient les bureaux ou même encore les différents plans de travail, tout était sur cet univers.

J'étais en train de continuer les croquis qu'on m'avait demandés, jusqu'au moment où j'entendis un bruit. Je regardai tout autour de moi, et d'un coup, je sentis quelqu'un dans mon dos. Je ne bougeais plus d'un millimètre, les battements de mon cœur s'accélèraient et soudain…

-Salut le nouveau !

Fausse alerte… Je me retournais et vis une splendide rouquine aux lunettes turquoise. C'était une jeune femme qui devait avoir approximativement 24ans, elle avait un chignon et semblait rayonner dans la pièce. Elle était vraiment magnifique et pleine de vie. Sa présence me mit du baume au cœur et illumina ma journée.

-Salut, je suis Olivier, pas besoin de m'appeler « le nouveau », dis-je, en laissant échapper un léger rire. Et toi, comment t'appelles-tu ?

-Tu peux m'appeler Rouquine.

Pourquoi ne disait-elle pas son prénom, essayait-elle d'être mystérieuse ? Mais Rouquine lui allait à merveille, c'était mignon, tout comme elle d'ailleurs.

-Plus sérieusement, je m'appelle Julia.

-Enchanté, Julia.

-Enchantée, le nouveau, dit-elle avec un sourire provocateur.

-Et sinon, je peux te demander ce que tu fais ici ?

-Ça serait plutôt à moi de te demander ça, car ici, c'est mon atelier.

- Personne ne m'avait prévenu que…

- Non, ne t'inquiète pas, c'est normal. J'ai failli être en retard et Mme. Alice ne tolère pas les retards, même de quelques secondes. Elle a déjà envoyé plusieurs employés pour ce motif. J'y ai échappé de justesse... J'ai tout de même dû passer dans son bureau. Je ne sais pas comment elle fait, pour tout savoir, on doit surement être observé. Dit-elle en ricanant, puis repris. Enfin bref, maintenant on peut réellement commencer, t'es prêt ?

-Prêt à quoi ?

-Personne ne t'as dit ?! Après tout, tu es nouveau, mais ça n'excuse rien, on a un défilé à préparer. Je peux te dire qu'on n'a pas beaucoup de temps et beaucoup de choses à faire.

Je n'en croyais pas mes oreilles, à peine arrivé dans cette entreprise et j'allais participer aux créations qui seraient portées lors du grand défilé annuel, dont toutes les hautes écoles de couture parlent depuis des années et mon établissement n'a pas fait exception.

-J'y crois pas, on parle bien du grand défilé annuel, n'est-ce pas ?

-Oui c'est ça. C'est pour ça que l'on t'a demandé de réaliser des croquis, pour savoir de quoi tu étais capable et dans quel domaine tu étais le plus créatif. Mais ne t'inquiète pas pour l'instant, vu que tu es nouveau. Dit-elle en ricanant.

Son rire était vraiment le plus beau que je n'avais jamais entendu. Il était doux, pas trop bruyant, et surtout adorable. Il accompagnait à merveille son sourire, ce duo résonnait telle une mélodie enchanteresse, capturant l’essence même du bonheur et répandant une contagion de gaieté dans l’air. Soudain, je ressentis une sorte de boule dans mon estomac. Ce n'était pas désagréable, mais ça ne l'était pas assez pour l’être. Je n'avais jamais eu cette sensation auparavant . Quelques secondes après avoir croisé le regard de Julia, je sentis mes joues passer au rouge. J'espérais qu'elle ne se rendrait compte de rien…

-Bon, mettons-nous au travail, dit-elle avec une voix plus rauque qu'au début de notre conversation, ce qui cassa tout ce que je pensais de son adorable rire.

Les heures passaient, Julia avait presque fini l'une des robes qui serait portée par Camille D, une des mannequins les plus célèbres que je connaisse. La pièce que Julia avait confectionnée me rappelait le dodo dans Alice au pays des merveilles. Elle avait fait un excellent travail, jusqu'au plus minuscule des détails, ancrant alors toute la magie du personnage, des plumes délicates aux couleurs subtiles, faisant de cette robe une œuvre d’art vivant. La traîne partant du haut des épaules, s’étirait comme un rêve éveillé, un ruban de tissu orné de motifs féeriques évoquant les ailes d’oiseaux exotiques. Chaque pli semblait narrer une histoire, ajoutant une dimension enchanteresse à cette création remarquable. Cette femme avait un dont!

-Le nouveau ? J'ai presque fini ma création, maintenant prend les croquis que tu as dû faire avant mon arrivée, s'il te plait.

Je les ai pris sans poser de question, en attendant un nouvel ordre.

-Maintenant, prends seulement ceux avec des chapeaux et regarde lequel pourrait aller le mieux avec cette robe. Fais des modifications si nécessaire, bien sûr. Ah, et aussi le nouveau ?

-Oui ?

-Merci pour ton aide précieuse, sans toi, je n'aurais pas réussi à avancer aussi vite aujourd'hui.

Quand elle eut fini sa phrase, elle me lança un magnifique sourire, ce qui me valut quelques frissons non désagréables. Ainsi que les deux joues aussi rouges que les pétales d'un coquelicot fraîchement cueilli un beau matin.

Je commençais à faire quelques modifications sur l'un de mes croquis qui correspondait le mieux à ce qu’elle m’avait demandé, puis lui montra.

-C'est génial, mais que penserais-tu si on ajoutait une chaîne ici ou même une pendule ?

-Ça pourrait être incroyable, tu as vraiment un grand talent, Julia.

Julia rougissait avant de dire :

-Bien sûr, sinon je ne travaillerais pas ici, et puis tu n'es pas mal non plus, tu sais ?

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